Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Morue

Poisson Téléostéen marin des mers froides de l’hémisphère Nord, qu’on peut prendre pour type de l’ordre des Gadiformes ; il effectue des migrations océaniques importantes, des lieux de ponte vers les lieux de reproduction.



La Morue ou Cabillaud

Cette espèce (Gadus callarias) montre, comme les autres Poissons de la famille des Gadidés et comme la plupart des représentants des autres familles des Gadiformes, à côté de caractères primitifs (écailles cycloïdes, absence de rayons épineux, nombre relativement élevé de rayons pelviens), des caractères évolués (pelviennes en position jugulaire, vessie natatoire close). C’est pourquoi les uns considèrent ces Poissons comme relativement primitifs (stade préacanthoptérygien) tandis que d’autres, invoquant des arguments d’ordre ostéologique ou sérologique, y voient des Poissons voisins des Perciformes, mais chez lesquels certains caractères auraient régressé.

Comme de nombreux Gadidés, la Morue possède trois dorsales et deux anales distinctes, ainsi qu’un barbillon mentonnier. La coloration de fond varie du brun rougeâtre au gris verdâtre. La Morue peut atteindre 1,50 m et une quarantaine de kilogrammes, mais sa taille habituelle, atteinte à l’âge de 20 ans, est de l’ordre du mètre pour un poids de 15 kg environ. C’est un animal qu’on qualifie de benthique, car il ne quitte guère le voisinage des fonds océaniques, depuis le plateau continental jusqu’à une profondeur de 600 m environ, sauf quand il se lance à la poursuite des bancs de Poissons — des Harengs notamment — dont il se nourrit à l’état adulte.

Il existe des races locales de Morues, qui diffèrent en particulier par leurs lieux de reproduction. Les populations se rencontrent en mer de Barents, ainsi qu’aux alentours du Groenland, de l’Islande ou de Terre-Neuve. La ponte a lieu au printemps, de janvier à mars, au voisinage immédiat des côtes. Les œufs sont pondus en très grand nombre, et les géniteurs se désintéressent de leur sort. Ces œufs, pélagiques, donnent naissance, en deux semaines environ, à une larve minuscule, que les courants entraînent au large où elle se nourrit de plancton. Quand elle a atteint une taille de 3 cm, la larve se rapproche du fond, acquiert une livrée sombre et s’attaque désormais aux Crustacés benthiques. L’espèce reste sédentaire jusqu’à la taille de 30 cm environ. Elle entreprend alors une vie errante, qui l’entraîne loin vers le nord à la poursuite des bancs de Harengs (Clupea harengus) et de Capelans (Trisopterus minutus). La Morue est sexuellement mûre à l’âge de 6 à 12 ans. Elle revient alors activement, dès la fin de l’hiver, vers les eaux méridionales plus chaudes et plus salées pour s’y reproduire, puis repart à la poursuite de ses proies. Outre les races océaniques qui effectuent ces migrations de grande amplitude, il existe également des races côtières sédentaires dont les individus deviennent adultes dès l’âge de 2 ans.


Espèces voisines

Les Gadidés fournissent un grand nombre d’espèces comestibles, activement pêchées au chalut, à la senne, au filet dérivant ou à la ligne. Parmi les plus connues, citons, outre la Morue, l’Eglefin ou Haddock (Melanogrammus eglefinus), le Tacaud (Trisopterus luscus), le Merlan (Odontogadus merlangus), le Lieu (Pollachius pollachius), le Colin (P. virens) et la Lingue (Molva molva). Ces Gadidés ont une répartition géographique surtout limitée aux eaux froides des océans Atlantique et Arctique. Il existe deux espèces voisines dans l’océan Pacifique.

À côté de ces espèces d’eau froide, qui dépassent rarement le golfe de Gascogne, quelques-unes supportent des eaux plus chaudes, comme le Merlu (Merluccius merluccius), vendu à tort sous le nom de « colin » sur les marchés, ou le Capelan (Trisoptems capelanus), qu’on rencontre en Méditerranée et sur les côtes marocaines. La Lote (Lota lota) est le seul représentant de cette famille des Gadidés à s’être adaptée aux eaux douces. Ses œufs sont démersaux, mais ils sont pondus en grand nombre. Enfin, quelques espèces de petite taille et sans importance économique, comme les Motelles, vivent dans la région littorale, dans la zone de balancement des marées.

En 1969, les Gadidés ont fourni aux pêches commerciales environ 10 Mt de Poissons, ce qui les place en seconde position, derrière les Anchois (Engraulidés) et juste devant Harengs et Sardines (Clupéidés). La facilité de conservation de ces Poissons en salaison ou sous forme séchée fait que leur pêche a été pratiquée depuis des temps très anciens. On peut estimer qu’actuellement il y a surexploitation des stocks de ces Poissons.

On range au voisinage immédiat des Gadidés les Muraenolépidés, ou Morues de l’Antarctique, les Moridés, Poissons abyssaux dont il existe une espèce méditerranéenne, et surtout les Macrouridés, ou « Queues de Rat », ainsi appelés à cause de leur queue effilée et dépourvue de caudale. Les Macroures sont des Poissons bathybenthiques à gros yeux ; certains d’entre eux possèdent des organes lumineux ventraux, renfermant des Bactéries luminescentes.

R. B.

 P.-P. Grassé (sous la dir. de), Traité de Zoologie, t. XIII, fasc. 3 (Maison, 1958). / F. R. H. Jones, Fish Migration (Londres, 1968). / J. Malaurie (sous la dir. de), Géoéconomie de la morue (Mouton, 1970).

mosaïque

Assemblage de pièces prismatiques, dites en latin tesserae, en marbre, pierre, pâte de verre, terre cuite et autres matériaux, juxtaposées de façon à composer un décor et retenues par un ciment.


Au cours de sa très longue histoire, la mosaïque, qui n’a rien d’un art « mineur », a connu des heures de gloire, grâce surtout aux liens étroits qu’elle sut établir avec l’architecture.

À l’origine, cependant, il ne s’agissait que d’orner les sols, et l’idée en revient probablement aux Grecs. À Pella, dans la vieille capitale de la monarchie macédonienne, on utilisa au début du iiie s. av. J.-C., de minuscules galets usés par l’eau et procurant trois ou quatre couleurs de base, le noir servant généralement de fond. Avec ces moyens simples, on obtint une grande variété de compositions : les unes géométriques, les autres figuratives. La richesse du décor n’était pas moindre dans une ville de Chalcidique, Olynthe, qui fut détruite par Philippe II de Macédoine en 348 av. J.-C. Les spécimens de mosaïque ici retrouvés révèlent une contamination par des motifs venus des tapis, mais l’imitation de scènes peintes sur les vases n’est pas non plus à exclure.