Montréal (suite)
Au Canada, le port est encore le premier pour la valeur des marchandises manipulées, mais, en tonnage, Vancouver (25 Mt) et parfois Sept-Îles (20 Mt de minerai de fer) le dépassent (de 20 à 23 Mt). Malgré l’accroissement global du trafic, la fonction de transbordement est en déclin depuis l’achèvement de la voie maritime (1959). Les produits agricoles (blé, maïs, soja) sont le plus souvent soit expédiés directement de Duluth, de Toledo, de Buffalo, de Chicago, soit transbordés à Sorel, à Trois-Rivières et surtout à Baie-Comeau. Une partie seulement du blé canadien passe encore par les silos de Montréal.
Le trafic fluvial de et vers l’amont (environ 10 Mt) utilise la voie maritime du Saint-Laurent. Outre du blé des Prairies, Montréal reçoit des marchandises américaines (charbon, matières premières, machines, outillage, véhicules). Le trafic est faible à la remontée, papier, lingots et concentrés métalliques étant acheminés aux États-Unis par d’autres voies. En aval, le trafic proprement maritime, de l’ordre de 10 Mt, comprend la redistribution par cabotage de produits pétroliers (raffinés ou importés par Montréal), l’importation du pétrole (Venezuela) et de matières premières (sud des États-Unis, Amérique latine) [70 p. 100 des importations venant du continent américain] ainsi que l’exportation des produits de l’industrie montréalaise et canadienne et des denrées alimentaires transbordées.
La fonction tertiaire supérieure et la fonction culturelle tiennent une place croissante à Montréal. Laboratoires de toutes sortes, bureaux d’étude et de conseil, institutions financières, Bourse représentent les services rares offerts par les capitales. Montréal est un centre universitaire (université de Montréal, université du Québec), artistique, littéraire et religieux (oratoire Saint-Joseph) pour les Franco-Canadiens. Pour la communauté anglophone, c’est aussi un bastion de la culture britannique dans une province où domine le « fait français » (universités McGill et Sir George Williams).
Malgré le partage de diverses fonctions industrielles, commerciales, culturelles avec d’autres villes, notamment avec Québec, qui demeure la capitale politique, malgré la concurrence de nouveaux ports de transbordement, Montréal, par son poids démographique, économique, financier et intellectuel, est sans conteste l’unique métropole provinciale.
Il n’en va pas de même sur le plan national, où Toronto se pose avec succès en rivale de Montréal. Depuis longtemps en tête pour la construction mécanique et électrique, la métallurgie, l’industrie chimique, la direction de l’industrie minière et l’édition, Toronto a enlevé à Montréal, au cours de ces dernières années, son rôle de première place financière, de premier centre de raffinage du pétrole, de premier aéroport national et international de passagers (Dorval l’emporte pour le fret et la poste). La population de Montréal s’accroît maintenant moins vite (8 p. 100 de 1966 à 1971) que celle de Toronto (16,3 p. 100 durant ces cinq années), qui deviendra la plus grande agglomération du Canada avant 1975.
P. B.
➙ Canada / Québec (province de) / Saint-Laurent / Toronto.
G. Lanctot, Montréal ou temps de la Nouvelle-France, 1642-1760 (Montréal, 1942). / L. Marchal, les Origines de Montréal Ville-Marie, 1642-1665 (Montréal, 1942). / Montréal économique (Montréal, 1943). / R. Blanchard, l’Ouest du Canada français, t. I : Montréal et sa région (Montréal, 1953). / L. R. Choquette et L. Roberts, Montréal (Montréal, 1967). / H. Van der Aa, Montréal (Montréal, 1967). / R. Rumilly, Histoire de Montréal (Montréal, 1970-1972 ; 3 vol.).