Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mexique (suite)

Si les activités de service ont eu à l’origine comme principal débouché le tourisme et les grandes firmes multinationales, elles ont assuré une modernisation très rapide et un haut niveau technique pour les transports routiers (autocars de lignes) ou aériens, une implantation précoce du commerce de grandes surfaces, un développement massif de la publicité, un dynamisme des activités de bureau ; cette croissance du secteur tertiaire absorbe la main-d’œuvre plus rapidement que l’industrie, assurant la multiplication d’une classe moyenne urbaine elle-même cliente des services et du commerce, tout comme elle absorbe la production industrielle de biens de consommation et une part de la production agricole moderne.

Ainsi, la croissance économique se caractérise par un dynamisme vigoureux, par l’intervention de l’État à des niveaux divers, mais cela face à l’action puissante des États-Unis, client et fournisseur privilégié, maître du capital et de la technologie, modèle sans cesse envié, mais devant lequel le groupe politique au pouvoir cherche à maintenir des moyens de contrôle.

Cette économie, qui assure des taux de profit et des intérêts élevés, et qui exporte des produits agricoles bon marché, mais aussi les produits industriels des maquiladoras frontalières, repose sur des niveaux de salaires bas, principalement à la campagne, où le sous-emploi laisse toujours une masse de manœuvre disponible qui assure les récoltes (sucre, coton, etc.). Mais ce bas niveau des salaires ruraux pèse indirectement sur les rémunérations urbaines, moins dans les secteurs à forte syndicalisation des industries modernes et des services publics que dans les activités marginales du petit commerce, de l’artisanat et des services non qualifiés. Entretenus par l’arrivée de nouveaux contingents de main-d’œuvre fournie par la croissance de la population, ces bas niveaux de vie limitent le marché intérieur réel à une portion minoritaire de la masse mexicaine.

Les groupes sociaux marginaux

Marginalité d’une partie de sa population, importance du nombre des analphabètes, survivance de groupes indigènes sont des caractéristiques du panorama social mexicain.

La population marginale, celle qui ne participe pas au marché national, est évaluée à plus du tiers de la population totale (la moitié de la population rurale et le tiers de la population urbaine). Son bas niveau de vie, dû au manque de terres, à la rareté des emplois, au faible niveau des salaires, ne lui permet pas d’autres dépenses que le strict minimum alimentaire. Cette population ne consomme absolument pas un certain nombre de produits tels que la viande, le lait, les œufs.

Le quart des personnes âgées de plus de dix ans est analphabète. Malgré un grand effort de scolarisation, près de 25 p. 100 des enfants ne reçoivent aucune éducation scolaire. Parmi ceux qui fréquentent l’école, beaucoup n’achèvent pas les études primaires. Si la population marginale et analphabète diminue relativement depuis une trentaine d’années, elle ne cesse d’augmenter en valeur absolue. Le rythme accéléré de la croissance démographique réduit considérablement les chances d’intégration.

Marginaux sur le plan économique, les groupes indigènes le sont aussi sur le plan culturel. Bien que le peuple mexicain soit le résultat d’un vaste métissage entre Indiens et Espagnols, des communautés indigènes ont survécu dans les régions d’accès difficile ou dans les régions où elles formaient d’importants noyaux de peuplement. Un million de Mexicains ne parlent pas l’espagnol. S’y ajoutent 2 millions de personnes qui, connaissant l’espagnol, utilisent surtout une langue indigène. Les parlers locaux sont aujourd’hui menacés par l’effort systématique entrepris pour apprendre l’espagnol aux enfants afin de les scolariser. La part de la population indienne par rapport à la population totale a fortement diminué : représentant 15 p. 100 de la population en 1940, elle n’en représentait plus que 8 p. 100 en 1970.

Le principal groupe indigène est celui des Nahuas. Descendants des Aztèques (ou Mexicas), ces derniers vivent principalement dans le centre du pays (États de Mexico, de Puebla, etc.), mais ils se sont largement répandus sur une grande partie du territoire, comme peuvent en témoigner les toponymes. Les communautés nahuas se sont en général bien intégrées à la vie nationale ; toutefois, le nahuatl est encore la langue indigène parlée par le plus grand nombre de personnes. C’est dans l’État d’Oaxaca, isolé par la faiblesse des communications, que se trouve la plus forte concentration de groupes autochtones. Les plus nombreux sont les Mixtèques.

Les Zapotèques, anciens maîtres de Monte Albán avant leur défaite devant les Mixtèques, occupent le centre de l’État et la région de l’isthme de Tehuantepec.

Dans les hautes terres des Chiapas vivent, très isolées, les communautés mayas, tzeltale et tzotzile. Cette dernière représente l’une des plus importantes communautés autochtones du pays et est la seule qui connaisse une expansion démographique.

Le Yucatán est le domaine de communautés mayas. Si elles participent à l’économie régionale, ces communautés conservent encore aujourd’hui leur tradition linguistique.

Face à ce problème des communautés indigènes, l’État a créé en 1949 l’Institut national indigéniste (I. N. I.) dans le dessein d’améliorer leurs conditions de vie et surtout de les intégrer à la vie nationale. L’I. N. I. a certes réussi à scolariser un nombre non négligeable d’enfants indigènes, mais, dans l’ensemble, ses réalisations restent modestes.


L’agriculture


Les cultures vivrières

L’économie agricole traditionnelle a peu varié depuis des siècles : maïs, auquel s’ajoutent le haricot, la courge et un certain nombre de fruits tropicaux (chayote, avocat). Le maïs, aliment de base, est la céréale cultivée par le plus grand nombre d’agriculteurs, principalement par les petits exploitants, avec des rendements faibles ; la production d’un petit agriculteur suffit rarement à couvrir ses besoins. Le maïs hybride, qui permet de doubler les rendements, n’est cultivé que dans les moyennes et les grandes exploitations.