Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Meuse. 55 (suite)

Si l’industrie donne des inquiétudes, le tourisme rural semble assez prometteur. L’aménagement du parc régional de Lorraine, entre les Côtes de Moselle et les Côtes de Meuse, améliore l’image de marque de la région. La Meuse passe de plus en plus pour le poumon de la Lorraine. L’édification du plan d’eau de Nonsard-Pannes (lac de la Madine), en vue du ravitaillement en eau de Metz, permettra d’avoir une surface de 1 100 ha susceptible de développer les sports nautiques. Verdun reste un haut lieu du souvenir. Mais ni Verdun (26 927 hab.) ni Bar-le-Duc (20 516 hab.) ne suffisent à réanimer l’économie de la Meuse.

F. R.

➙ Lorraine / Verdun.

Mexico

Capit. du Mexique*.


Par 19° 30′ de lat. N., la ville se situe au cœur du plateau central mexicain (Anáhuac), à 2 250 m d’altitude. Elle hérite d’une position précoloniale exceptionnelle dans le plus vaste secteur de peuplement dense d’Amérique, dans un milieu naturel montagneux caractérisé par ses hivers frais (120 nuits de gelée par an en moyenne), par ses pluies (à peine 600 mm en moyenne) réparties sur cinq mois de saison chaude (juin-oct.). Si les montagnes rendent coûteux l’établissement des réseaux de transport, Mexico est cependant bien reliée à l’ensemble du pays, tant par rail que par routes, et la variété des milieux naturels voisins a toujours permis d’assurer son ravitaillement.


L’expansion spatiale

La ville s’étend dans un bassin à fond plat, entouré de tous côtés (sauf au nord) par des massifs volcaniques qui culminent entre 4 000 et 5 500 m (Popocatépetl, 5 450 m). Ce bassin est endoréique ; les eaux s’y déversent dans une série de lacs et de marécages, drainés vers la lagune salée de Texcoco. Cette lagune a permis aux Aztèques*, peuple guerrier, de trouver refuge dans une île. Ils y fondèrent en 1325 leur ville, Tenochtitlán (appelée aussi Mexico), et aménagèrent certains marécages en hortillonnages, ou « jardins flottants », les chinampas de Xochimilco au sud de l’agglomération. Détruite lors du siège de 1521 mené par Cortés*, Mexico fut reconstruite au même endroit sur un plan en damier autour de la place centrale (appelée Zócalo à partir du xixe s.). Après la période d’instabilité politique qui suivit l’indépendance (1821), l’urbanisation reprit vigueur : le Paseo de la Reforma fut tracé à l’époque de l’empereur Maximilien, marquant l’expansion des quartiers riches vers le sud-ouest. Puis, à l’époque de Porfirio Díaz, les tramways permirent de réunir des bourgades proches de l’agglomération, tandis que les travaux de drainage furent améliorés par le nouveau canal de Tequixquiac.

C’est au début du xxe s. qu’apparaissent progressivement les marques d’une grande capitale moderne : spécialisation de régions agricoles voisines pour l’alimentation (lait, sucre, bétail), transports urbains et logements populaires, multiplication des emplois industriels. Après avoir bénéficié du régime centralisateur de Porfirio Díaz, la capitale stagne quelque peu pendant la période révolutionnaire, puis connaît une croissance rapide dès les années 1920.

L’expansion spatiale s’est réalisée sur des terrains très variés, qui ont posé des problèmes différents d’urbanisme. Les terrains lacustres prédominent au centre et à l’est, progressivement desséchés grâce au drainage et aux pompages d’eau : leur volume diminue et le niveau du sol s’abaisse dans les vieux quartiers centraux, dont les monuments s’affaissent parfois de plusieurs mètres ; jusque vers 1920, la ville s’est accrue de façon concentrique, mais plus vite vers l’ouest. Des bourgades de banlieue comme Tacuba s’urbanisent alors et sont réunies au noyau principal. De cette date jusque vers 1950, l’agglomération prend une forme ovoïde en s’accroissant le long du grand axe nord-sud de l’Avenida de los Insurgentes, avec un développement plus rapide en direction du sud ; d’autres bourgades de banlieue sont annexées au tissu urbain (Tacubaya, Coyoacán, San Angel). Déjà la ville quitte les terrains lacustres pour s’étendre vers l’ouest, plateaux de laves découpés par des ravins profonds. À partir des années 1950, l’expansion de la ville consomme de très vastes espaces : croissance assez modérée sur les collines occidentales, plus marquée vers le sud, mais surtout importante le long des deux axes de transport, du nord-est (vers Pachuca) et du nord-ouest (vers Querétaro), vastes banlieues industrielles auxquelles s’adjoignent des quartiers aisés ou populaires ; plus encore (après 1960) se marque la croissance vers l’est le long de la route de Puebla, où dans des terrains lacustres se construisent les immenses quartiers pauvres mal équipés en bordure du lac de Texcoco (colonias proletárias).

Les besoins menacent en partie le cadre naturel : le lac de Texcoco, maîtrisé, n’est plus qu’un marécage bordé de quartiers pauvres ; les chinampas de Xochimilco périclitent, mais un canal pour les sports nautiques y a été aménagé à l’occasion des jeux Olympiques de 1968 ; les terrains médiocres des coulées de laves au sud de la ville (Pedregal de San Angel) sont la proie des villas de luxe ou des bidonvilles, selon les secteurs. Les forêts des montagnes, après avoir reculé devant les défrichements agricoles, sont parfois mal préservées des lotissements à l’ouest, mais restent cependant des secteurs récréatifs de première importance ; enfin, en terre plus basse dans l’État de Morelos, au sud de la ville, les piscines se multiplient auprès des sources, et les lotissements d’habitations de fin de semaine s’y associent, jusqu’à plus de 200 km de la capitale.

Les dimensions prises par Mexico, encaissée dans son site montagneux, l’exposent particulièrement à la pollution atmosphérique : en saison sèche, les poussières de cendre volcanique du sol se mélangent aux fumées industrielles et aux gaz d’échappement des véhicules automobiles (plus de 600 000 véhicules en 1970, soit 1 pour 14 hab.) ; en cette saison, la stabilité de l’air favorise l’établissement d’une nappe de fumée qui stagne en altitude.