Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Mexico (suite)

L’organisation administrative

Le District Fédéral, dont les limites ont été fixées au xixe s., est actuellement divisé en douze quartiers (regroupés en quatre délégations urbaines) et douze délégations suburbaines, toutes, en 1970, partie intégrante de l’agglomération (sauf, au sud, Milpa Alta). L’administration fédérale est assurée par des fonctionnaires nommés, sans magistrats ou assemblée élue. Le régent, nommé par le président de la République, a un rôle comparable à celui d’un ministre. Mais la croissance urbaine n’a pas été contenue dans les limites administratives, et, dès 1950, elle débordait dans l’État de Mexico limitrophe, dont la capitale est Toluca. En 1970, dix municipes de cet État appartiennent à l’agglomération tant au nord qu’à l’est de celle-ci : si une certaine concertation est prévue depuis 1970 entre l’administration du District Fédéral et celle de l’État de Mexico, les règlements d’urbanisme, les budgets, les autorités responsables ont été jusqu’alors radicalement séparés, si bien que l’urbanisation a été plus désordonnée encore hors du District que dans celui-ci.


L’évolution démographique

C’est une croissance démographique très rapide qui explique l’expansion spatiale. Jusqu’aux années 1930, la ville ne possède qu’une partie de la population du District Fédéral, alors qu’en 1960 l’agglomération compte 300 000 personnes hors de celui-ci et, en 1970, plus d’un million et demi : à cette date, les plus gros municipes de banlieue sont Netzahualcóyotl à l’est de la ville (plus d’un demi-million d’habitants) et, au nord de celle-ci, Naucalpan (373 000 hab.), Tlalnepantla (373 000 hab.) et Ecatepec (220 000 hab.). Le centre, où l’on détruit des taudis, se dépeuple légèrement si bien que la ville sans ses banlieues stagne vers 3 millions d’habitants en 1970. Mais le rythme de croissance de l’agglomération est exceptionnellement élevé : il a dépassé 5,75 p. 100 par an entre 1930 et 1950, puis il s’est très légèrement abaissé (5,5 p. 100) par an jusqu’en 1970).

Cette croissance rapide s’explique d’abord par un excédent naturel exceptionnellement fort. La mortalité s’abaisse peu maintenant, après avoir atteint un niveau très bas (8,2 p. 1 000), tandis que la natalité commence à peine à amorcer une décroissance (38 p. 1 000 au lieu de 41 p. 1 000) après être restée longtemps presque au niveau de celle des campagnes. Le comportement très peu malthusien de cette population s’explique par des niveaux de vie et d’éducation encore modestes, par le maintien des traditions du milieu provincial chez des citadins de fraîche date et par un niveau d’emploi généralement soutenu qui permet, avec une relative promotion sociale, une vision assez optimiste de l’avenir. L’immigration a cependant joué un rôle important dans la croissance démographique : les habitants du District Fédéral nés en province étaient plus de 40 p. 100 en 1960.

La destruction de taudis et la construction d’immeubles de bureaux ont fait partir du vieux centre urbain (ville de Mexico stricto sensu) plus de 700 000 personnes entre 1960 et 1970, tandis que les constructions nouvelles de la proche banlieue (dans le District Fédéral) ont accueilli 1,2 million de personnes, et les municipes de banlieue plus lointaine (dans l’État de Mexico) 1,3 million. Ces mouvements d’accueil concernent certes les relogements et l’absorption du croît naturel du centre, mais aussi l’arrivée de 1,8 million de provinciaux s’installant dans l’agglomération.


Activités et emplois

Si Mexico dispose d’une population active proportionnellement nombreuse, c’est grâce au travail féminin plus développé qu’en province, tant dans les services domestiques que dans les emplois de bureau. Pour la population masculine en âge de travailler, le taux d’activité est de 70 p. 100, mais le chômage déclaré est très bas, grâce à une très forte protection légale et syndicale des travailleurs permanents, tandis que l’emploi marginal joue un rôle important, même s’il diminue. Il concerne le personnel domestique féminin peu rémunéré, de nombreux travailleurs indépendants à faible productivité dans des métiers mal définis (petit commerce fixe ou surtout ambulant, artisanat de réparation) et enfin, surtout dans le bâtiment, des salariés temporaires dont une forte minorité retourne vivre, selon les saisons, dans les régions rurales jusqu’à plus de 100 km de Mexico.

L’activité scolaire se situe à un niveau plus élevé qu’en province, facteur important d’attraction des immigrants. La diversification de l’enseignement technique et supérieur est marquée : Institut polytechnique national, situé au nord de la ville ; Université nationale autonome du Mexique, dont le campus comporte à l’extrême sud une architecture originale.

Capitale nationale, Mexico est le centre des services publics fédéraux et fournit plus de 40 p. 100 des emplois de l’État. Elle groupe les administrations des ministères et de la présidence de la République, les grands services publics autonomes : Nationale Financière (banque publique d’investissements), Banque du Mexique (institut d’émission), Sécurité sociale, Compagnie d’électricité et pétroles mexicains, ces deux dernières nationalisées. Les bureaux du parti révolutionnaire institutionnel (P. R. I.) et ceux des syndicats sont proches des rouages administratifs proprement dits. Dans le domaine des services privés, la concentration est la même pour les grandes banques de dépôt (deux réseaux principaux : Banque de commerce et Banque nationale du Mexique) et pour les banques d’affaires, comme pour les compagnies d’assurance, les agences de voyage ou les sociétés de transports aériens. Enfin, on trouve à Mexico la quasi-totalité de l’édition, des agences de publicité, de la fabrication de films ou d’émissions de radio et télévision de diffusion nationale : l’ensemble de ces activités dépend étroitement de firmes, d’investissements, de brevets ou de modèles culturels en provenance des États-Unis, même si la langue espagnole fait de la capitale mexicaine un foyer qui rayonne vers le reste de l’Amérique latine.

Comme capitale commerciale, Mexico impose son monopole national pour tous les produits d’un haut niveau technique, dont elle est soit seule productrice du pays, soit seule importatrice. Pour les biens de consommation plus courants, ses maisons de gros sont concurrencées par celles d’autres grandes villes (v. Guadalajara et Monterrey).