Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Macédoine (campagnes de) [1915-1918] (suite)

(Carcassonne 1856 - Paris 1929). Fantassin, officier d’ordonnance du général André au moment de l’affaire des Fiches, puis directeur de l’infanterie de 1907 à 1911, il fut en 1914 un très remarquable commandant de la IIIe armée (celle de Verdun) pendant la bataille de la Marne. D’un caractère entier et souvent difficile, il eut beaucoup d’adversaires durant ses deux années de commandement à Salonique. En 1924, il succéda à Weygand comme haut-commissaire en Syrie.

Parmi les chefs qui marquèrent de leur empreinte les « poilus d’Orient », on citera aussi les généraux Emilien Cordonnier (1856-1936), Paul Grossetti (1861-1918) et Paul Henrys (1862-1943), commandant l’armée française d’Orient en 1917-18, François Jouinot-Gambetta (1870-1923), commandant la brigade de cavalerie d’Afrique, célèbre par son raid de 700 km en direction du Danube, Ernest Pruneau (1873-1936) et Marie-Paul Topart (1864-1942), commandant les divisions (122e D. I. et 17e D. I. C.) qui réalisèrent la rupture du front bulgare sur le Dobro Polje.

➙ Franchet d’Esperey / Guerre mondiale (Première).

 M. Sarrail, Mon Commandement en Orient (Flammarion, 1920). / F. J. Deygas, l’Armée d’Orient dans la guerre mondiale, 1915-1919 (Payot, 1932). / A. Ducasse, Balkans 14-18 ou le Chaudron du diable (Laffont, 1964). / J. Carcopino, Souvenirs de la guerre en Orient, 1915-1916 (Hachette, 1970).

macédonienne (dynastie)

Dynastie d’empereurs de Constantinople (867-1056), originaires de Macédoine, mais d’ascendance arménienne.



Basile Ier (de 867 à 886)

Le fondateur de la dynastie était un fils de paysan devenu le favori du fantasque Michel III ; il exécuta, avec la complicité de son maître, le Premier ministre Bardas (21 avr. 865), fut nommé coempereur et récompensa son bienfaiteur en l’assassinant (23 sept. 867) au sortir d’un banquet.

Ce parvenu sans scrupule se révéla un grand homme d’État. Il poursuivit avec énergie la politique offensive de son prédécesseur en Occident et en Orient. Une puissante escadre chassa les Arabes qui assiégeaient Raguse, et l’Empire profita de cette intervention pour imposer son autorité sur le littoral oriental de l’Adriatique et propager le christianisme chez les Serbes et les peuples slaves de la région côtière méridionale (867-874). Toutefois, Byzance ne parvint pas à enrayer la progression des Arabes en Sicile.

Le plus beau titre de gloire de Basile Ier demeure son œuvre de législateur. Si le temps lui manqua pour achever la vaste entreprise qu’il projetait, il put publier deux codes importants : le Prikheiron, ou manuel pratique pour l’usage courant des juges, qui demeura en vigueur jusqu’à la fin de l’Empire, et l’Epanagôgê, conçue comme une introduction au grand recueil de lois en préparation.


Léon VI le Sage (de 886 à 912)

Fils cadet de Basile Ier, il lui succéda, assisté de son frère Alexandre, qui ne se soucia guère des affaires de l’État.

Empereur très érudit, Léon acheva l’œuvre de son père en promulguant les Basiliques, ou Lois impériales, énorme collection de soixante livres, recueil législatif le plus complet, le plus systématique de l’Empire byzantin médiéval. Les Basiliques évincèrent l’œuvre juridique de Justinien Ier et servirent désormais de base à la science du droit. Léon leur ajouta une collection de cent treize édits, ou novelles, qui légalisèrent le pouvoir absolu de l’empereur : le basileus, l’élu de Dieu, est chef suprême de l’État au pouvoir presque illimité, commandant en chef de l’armée, juge souverain et unique législateur, défenseur de l’Église et gardien de la foi orthodoxe.

L’administration régionale fut simplifiée par la réduction des vastes provinces d’autrefois et la réforme de leur exécutif : l’Empire fut réparti en trente-deux provinces, ou « thèmes », qui avaient à leur tête un « stratège » pour le pouvoir militaire et un fonctionnaire civil, appelé protonotaire. Léon VI réorganisa encore la hiérarchie nobiliaire en échelonnant la titulature sur dix-huit degrés de préséance et en y réservant une place particulière aux eunuques ; il précisa les charges des fonctionnaires de l’administration centrale et les responsabilités des chefs de l’armée et de la marine tant à Constantinople que dans les provinces ; il renforça le contrôle économique et fiscal en réglementant sévèrement les statuts des innombrables corporations professionnelles. Mais certaines dispositions aggravèrent le déséquilibre social et favorisèrent les convoitises de la noblesse dans le domaine économique, notamment l’abolition de la loi qui empêchait l’accaparement des biens de paysans par les grands propriétaires.

En politique étrangère, Léon VI essuya une série de revers, parce que la situation internationale s’était modifiée. La Bulgarie était passée aux mains d’un souverain énergique et ambitieux, Siméon Ier (893-927), qui, fort de ses succès militaires, imposa à son puissant voisin une réduction de frontières en Macédoine et le versement d’un tribut annuel. En Orient, les Arabes progressaient en Cilicie et, contrôlant la mer Égée, inquiétaient les régions côtières, allant jusqu’à piller Thessalonique (904) ; en Occident, avec la prise de Taormina (902), ils terminèrent la conquête de la Sicile. Cette perte de prestige ne fut que médiocrement compensée par l’établissement de relations commerciales régulières avec le jeune État russe à la suite du traité de septembre 911.


Constantin VII Porphyrogénète (de 913 à 959)

Il n’avait que six ans à la mort de son père (12 mai 912), et le pouvoir échut à son oncle, le frivole Alexandre, qui s’empressa de liquider l’héritage de son frère défunt. À la mort d’Alexandre (6 juin 913), un conseil de régence assuma la direction des affaires, mais dans un climat tendu.

Les concessions exorbitantes que le conseil de régence dut octroyer aux Bulgares entraînèrent sa chute, le retour de Zoé (la mère du futur Constantin VII) et, du même coup, la reprise des hostilités entre Bulgares et Byzantins, qui subirent de graves revers. La situation fut redressée par l’amiral Romain Ier Lécapène, un fils de paysan arménien, qui maria sa fille Hélène au jeune Constantin VII (919) et s’empara du pouvoir en 920. À la mort de Siméon (927), la situation changea d’un coup : son fils Pierre Ier (927-969), prince faible et pacifique, fit aussitôt la paix avec Byzance et s’occupa de combattre le bogomilisme, qui menaçait la paix civile de son royaume épuisé.