Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

létal (gène) (suite)

D’autres gènes létaux sont connus chez la Souris, le Bœuf, le Canari, la Poule, la Drosophile, etc. Chez les végétaux, la mutation « absence de chlorophylle » est létale ; les plantes Aurea aux feuilles jaune verdâtre sont toujours hétérozygotes ; les homozygotes pour ce gène sont incapables de se nourrir et meurent ; mais, greffées sur un pied normal, elles se développent. L’albinisme chez le Maïs est un caractère létal, et la plante meurt rapidement. Mais, nourrie artificiellement avec une solution de sucre, la plante survivra et produira des inflorescences comme une plante normale.

La nature du milieu intervient dans l’action du gène létal. Par exemple, le Champignon Neurospora possède un gène qui inhibe la synthèse de l’adénine ; il est létal lorsque le Champignon est cultivé sur un milieu privé d’adénine ; lorsque le milieu de culture renferme de l’adénine, l’action du gène ne se traduit pas et le Champignon croît normalement.

Lorsqu’un gène létal récessif se trouve sur un chromosome X, son action modifiera dès la première génération la proportion des sexes, lors du croisement d’une femelle porteuse du gène létal avec un mâle normal ; ce croisement produira deux femelles pour un mâle, alors que normalement il y a sensiblement égalité des sexes ; en effet, le mâle qui aura reçu l’X porteur du gène létal mourra, puisque l’action létale ne sera pas balancée par celle de l’allèle normal.

Dans l’espèce humaine, il existe aussi des gènes létaux incompatibles avec la survie de l’embryon ou du nourrisson, et des gènes sublétaux ou semi-létaux qui provoquent la mort, souvent avant l’âge de la reproduction. Les déficiences et monstruosités des fœtus et des nouveau-nés, imputées autrefois à des causes variées, relèvent probablement de gènes létaux.

Certaines affections sont létales à l’état homozygote : brachydactylie, télangiectasie héréditaire, ichtyose congénitale, amyotonie congénitale, fragilité congénitale des os, paralysie infantile ou maladie de Werding-Hoffman, forme infantile de l’idiotie amaurotique.

Le gène récessif du xeroderma pigmentosum semble sublétal ; à l’état homozygote, il conditionne une éruption de taches pigmentaires surtout à la face ; le soleil entraîne la formation d’ulcérations cutanées qui deviennent des tumeurs malignes suivies de mort.

La sclérose tubéreuse de Bourneville, ou epiloia, est un syndrome sublétal dominant ; nettement plus grave dans certaines familles, il détermine la mort des jeunes individus, alors que, dans d’autres familles, des formes atténuées assurent une longévité suffisante pour permettre la procréation.

A. T.

 R. R. Gates, Human Genetics (New York, 1946 ; 2 vol.). / F. Vogel, Lehrbuch der allgemeinen Humangenetik (Berlin, 1961). / J. Rostand et A. Tétry, la Vie (Larousse, 1962). / A. Tétry, « l’Hérédité », dans Biologie, sous la dir. de J. Rostand et A. Tétry (Gallimard, « Encycl. de la Pléiade », 1968). / M. Lamy, Génétique médicale (Masson, 1971).

Lettonie

En russe Latviskaïa S. S. R., en letton Latvija, république fédérée de l’U. R. S. S. ; 63 700 km2 ; 2 365 000 hab. (Lettons). Capit. Riga*.



La géographie

La Lettonie est un des trois États baltes occupés, puis annexés par l’U. R. S. S. au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle est l’une des régions les plus développées de l’Union. La population croît moins vite que celle de la plupart des autres républiques, puisqu’elle était déjà de 1 900 000 hab. en 1940, de 2 093 000 en 1959. L’augmentation résulte essentiellement de l’immigration. L’excédent naturel n’atteignait déjà que 3,6 p. 1 000 en 1940 (pour une natalité de 19,3 p. 1 000) et s’est abaissé à 3,2 en 1968 (natalité de 14,1 p. 1 000) ; l’évolution est de type occidental. Les pertes relatives de la population lettone sont en effet compensées par les gains de la population immigrée d’origine slave, comme le montre le tableau comparatif du pourcentage des nationalités aux deux recensements de 1959 et 1970. La « colonisation » des ressortissants des autres républiques peut s’expliquer par le développement des activités maritimes et l’accroissement de l’importance de Riga, dont la population passe, entre ces deux dates, de 580 000 à 733 000 habitants. D’autre part, Russes, Biélorusses et Ukrainiens ont une vitalité démographique plus grande. La Lettonie est ainsi l’une des républiques qui enregistre l’une des plus fortes proportions de population allochtone.

Le développement économique est marqué par un rythme satisfaisant de la croissance de la production industrielle, dont l’indice, sur la base 100 en 1960, s’élève à 212 en 1968 (contre 195 pour l’ensemble de l’U. R. S. S.). Cette production bénéficie d’un apport notable d’électricité, près de 3 TWh (deux centrales thermiques ravitaillées par le port de Riga et centrale hydraulique d’Ogre). Elle ne fait presque aucune place à l’industrie lourde (un demi-million de tonnes d’acier et 800 000 t de ciment), mais se répartit entre les branches de large consommation produisant une gamme très variée de denrées, d’articles de qualité en majeure partie exportés, soit vers l’intérieur de l’U. R. S. S., soit vers l’étranger. On peut citer les filatures et tissages de lin dans la région de Daougavpils et de la vallée de la Dvina occidentale (ou Daougava), la cellulose et le papier (qui représentent le tiers de l’activité de la ville de Riga, la moitié de celle d’Ogre, les trois quarts de celle de Iourmala), l’appareillage électrique et électroménager, les industries agricoles et alimentaires. Une nouvelle génération industrielle est en voie de développement. La pétrochimie est née (le port de Ventspils est atteint par une branche de l’oléoduc Droujba [oléoduc de l’Amitié] venant de Polotsk, et un gazoduc doit l’atteindre prochainement). Le port de Liepaïa, jusqu’ici orienté vers l’exportation des céréales du sud de la Russie et d’Ukraine, doit devenir, au cours du Plan 1971-1975, l’un des centres de sidérurgie sur l’eau de l’U. R. S. S.