Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

laine (suite)

La laine est constituée par de la kératine qui est organisée en longues chaînes polypeptidiques engendrées par la condensation d’aminoacides, lesquels sont au nombre de dix-sept dans la laine. On peut répartir ces acides aminés en six classes : ceux à chaîne hydrocarburée tels que la glycine ; ceux qui contiennent un groupe hydroxyle (tyrosine) ; ceux à fonction basique (lysine) ; ceux à fonction acide (acide aspartique) ; ceux à noyau hétérocycle (tryptophane) ; ceux qui contiennent du soufre, dont le principal est la cystine. Cette dernière classe joue un rôle prépondérant dans la constitution chimique de la laine. Étant constituée par un diaminodiacide, elle forme des ponts entre les chaînes polypeptidiques principales. Ce sont les ponts cystiniques qui, maintenant entre elles ces chaînes, confèrent à la laine son élasticité.

Petit lexique lainier

laine à dos, laine nettoyée superficiellement par lavage à l’eau douce sur le dos de l’animal vivant.

laine d’échauffe, laine obtenue par le procédé biologique d’échauffé de peaux lainées, c’est-à-dire par fermentation dans des installations spéciales.

laine écrue, laine qui n’est point apprêtée.

laine lavée à chaud, laine qui est lavée à l’eau tiède sur place, après la tonte.

laine lavée à fond, laine dégraissée entièrement à l’eau chaude, puis au savon.

laine de mégisserie, laine obtenue après immersion des peaux lainées dans une solution d’agent épilatoire telle que la chaux additionnée de sulfure de sodium.

laine mère, laine coupée directement sur le dos du mouton vivant.

laine de peau, laine obtenue sur la dépouille de l’animal abattu.

laine renaissance, laine provenant d’articles ayant déjà été portés et qui sont déchiquetés et remis en fabrication.

laine en suint ou laine grasse, laine tondue sur l’animal et encore chargée de matières étrangères (graisse, suint, poussières).

laine de tonte, laine obtenue par tonte de l’animal vivant.


Caractéristiques

• La caractéristique principale de la laine qui conditionne la qualité et le prix est sa finesse. Elle se mesure par la détermination du diamètre et s’exprime en microns. L’échelle des diamètres s’étend de 16 microns pour les numéros fins à 50 microns pour les croisés grossiers. Dans la toison d’un mouton, on trouve différentes finesses de laine.

• Les deux autres caractéristiques qui interviennent également sur la qualité et le prix sont la longueur et le rendement. La longueur moyenne de la laine est très variable suivant la race du mouton, les fibres fines étant en général les plus courtes. Les longueurs s’échelonnent entre 35 et 350 mm. Le rendement s’exprime par la proportion de laine propre exempte de matières grasses et végétales, poussières, etc., que l’on peut obtenir à partir d’une laine en suint. Bien que très variable suivant les qualités et les provenances, il est en moyenne de l’ordre de 50 p. 100.

• La frisure de la laine de même que sa structure chimique expliquent ses propriétés mécaniques. La laine présente, en effet, une très forte élasticité pour une charge de rupture de 11 à 12 g par tex et un allongement à la rupture de l’ordre de 50 p. 100. Ces propriétés mécaniques sont affectées par l’eau, la fibre de laine étant plus hygroscopique que toutes les autres fibres textiles, chimiques ou naturelles. Dans les conditions normalisées d’humidité et de température de l’air (65 p. 100 d’humidité relative et 20 °C de température), la laine absorbe de 16 à 17 p. 100 d’eau. Son taux de reprise commercial est fixé à 18,25 p. 100.

• L’aptitude au feutrage est l’une des propriétés majeures de la laine. Elle est utilisée pour la confection des feutres et des articles foulés. En revanche, elle peut provoquer des feutrages nuisibles lors du lavage d’entretien des textiles tricotés ou tissés. Pour rendre la laine irrétrécissable, on la traite par des composés chimiques tels que certains produits chlorés. Plus récemment sont apparus les traitements aux résines synthétiques, qui enrobent les fibres et empêchent leur feutrage.


La laine dans le monde

La laine est l’un des textiles les plus anciennement connus en Europe. Au Moyen Âge, l’Espagne était le principal fournisseur. En France, Louis XVI créa la bergerie nationale de Rambouillet pour acclimater les mérinos espagnols.

Actuellement, le cheptel mondial de moutons à laine est de l’ordre du milliard de têtes, réparties entre un certain nombre de pays producteurs, dont l’Australie, qui représente 20 p. 100 de la production mondiale et qui fournit des laines très fines, de même que la Nouvelle-Zélande. L’U. R. S. S. se place au deuxième rang de la production mondiale (14,5 p. 100). L’Argentine et l’Uruguay sont spécialistes des laines croisées. La République d’Afrique du Sud, avec 3,8 p. 100 de la production mondiale, grâce à des laines plus raides, approvisionne le marché du tapis.

La production française, qui ne représente que 1 p. 100 de la production mondiale, est loin de satisfaire le marché intérieur. Les plus gros fournisseurs de laine en Europe occidentale sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande. La part de la production de la laine dans le marché mondial des textiles est relativement faible (16 p. 100), alors que celle des fibres chimiques est de 45 p. 100 et celle du coton de 39 p. 100. L’avènement des fibres chimiques a provoqué une diminution relative de la consommation de la laine. À l’intérieur même de l’industrie lainière, les fibres chimiques ont été travaillées en filature sur le matériel qui, jusqu’ici, filait la pure laine. Il a suffi de couper les fibres chimiques en tronçons correspondant aux longueurs moyennes des fibres de laine pour qu’il soit possible de les travailler en pur ou en mélange avec la laine sur le même matériel, appelé maintenant « matériel pour fibres longues » par opposition au matériel filant le coton, qui est une fibre beaucoup plus courte. En France, les lainiers utilisent un tiers de fibres chimiques pour deux tiers de laine mère. Les grands centres européens de redistribution de la laine sont Roubaix, Tourcoing, Londres, Bradford, Anvers. Mazamet est un centre mondial de traitement des laines de délainage.

G. M.

➙ Fil / Filature / Ovins / Tapis / Teinture / Textiles / Tissage.

 R. W. Moncrieff, Wool Shrinkage and its Prevention (Londres, 1953). / W. von Bergen, Wool Handbook (New York, 1969 ; 2 vol.). / J. E. Burlet, la Laine et l’industrie lainière (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).