La Hire ou La Hyre (Laurent de) (suite)
On devine toutefois dans ces ouvrages les tendances personnelles qui éloigneront finalement La Hire du courant baroque et lui feront adopter à partir de 1640 un style délicat, mesuré, d’inspiration chaste et de ton élégiaque. Le dessin pur et précis donne une grâce mélodieuse aux contours, cisèle les drapés avec finesse. La pâte est lisse, d’aspect précieux comme les couleurs, dont la gamme claire, aux effets subtils, semble imprégnée d’une lumière cristalline. La production de cette période compte encore de grandes toiles peintes pour les établissements religieux : l’Apparition du Christ ressuscité aux trois Maries (Louvre) ; l’Entrée du Christ à Jérusalem, que garde Saint-Germain-des-Prés ; une Descente de croix (musée de Rouen) ; une Apparition du Christ à la Madeleine et le Christ et les pèlerins d’Emmaüs (musée de Grenoble). On peut y ajouter dix-huit dessins (Louvre) pour la suite des tapisseries de l’Histoire de saint Étienne, tissée à Paris pour Saint-Étienne-du-Mont. On relève aussi des morceaux de décoration profane : une Allégorie de la paix de Westphalie (Louvre), une exquise Allégorie de la Musique (Metropolitan Museum of Art, New York).
La seconde manière du peintre est peut-être encore mieux représentée par des tableaux de petit format, faits pour des cabinets d’amateurs. La facture en est particulièrement soignée et s’accorde à une sensibilité très fine. La composition laisse une place importante au paysage idéalisé, qui mêle à une nature sereine des architectures ou des ruines et où l’on peut reconnaître l’influence de Poussin*. Tels sont Laban cherchant ses idoles (Louvre), Mercure et Hersê (musée d’Épinal), les Mères des enfants de Béthel (musée d’Arras). Cet atticisme distingué fait de La Hire un représentant du courant classique, au même titre que ses contemporains Eustache Le Sueur* et Jacques Stella (1596-1657). En 1648, La Hire fut l’un des douze membres fondateurs de l’Académie* royale de peinture.
B. de M.