Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

La Hire ou La Hyre (Laurent de) (suite)

On devine toutefois dans ces ouvrages les tendances personnelles qui éloigneront finalement La Hire du courant baroque et lui feront adopter à partir de 1640 un style délicat, mesuré, d’inspiration chaste et de ton élégiaque. Le dessin pur et précis donne une grâce mélodieuse aux contours, cisèle les drapés avec finesse. La pâte est lisse, d’aspect précieux comme les couleurs, dont la gamme claire, aux effets subtils, semble imprégnée d’une lumière cristalline. La production de cette période compte encore de grandes toiles peintes pour les établissements religieux : l’Apparition du Christ ressuscité aux trois Maries (Louvre) ; l’Entrée du Christ à Jérusalem, que garde Saint-Germain-des-Prés ; une Descente de croix (musée de Rouen) ; une Apparition du Christ à la Madeleine et le Christ et les pèlerins d’Emmaüs (musée de Grenoble). On peut y ajouter dix-huit dessins (Louvre) pour la suite des tapisseries de l’Histoire de saint Étienne, tissée à Paris pour Saint-Étienne-du-Mont. On relève aussi des morceaux de décoration profane : une Allégorie de la paix de Westphalie (Louvre), une exquise Allégorie de la Musique (Metropolitan Museum of Art, New York).

La seconde manière du peintre est peut-être encore mieux représentée par des tableaux de petit format, faits pour des cabinets d’amateurs. La facture en est particulièrement soignée et s’accorde à une sensibilité très fine. La composition laisse une place importante au paysage idéalisé, qui mêle à une nature sereine des architectures ou des ruines et où l’on peut reconnaître l’influence de Poussin*. Tels sont Laban cherchant ses idoles (Louvre), Mercure et Hersê (musée d’Épinal), les Mères des enfants de Béthel (musée d’Arras). Cet atticisme distingué fait de La Hire un représentant du courant classique, au même titre que ses contemporains Eustache Le Sueur* et Jacques Stella (1596-1657). En 1648, La Hire fut l’un des douze membres fondateurs de l’Académie* royale de peinture.

B. de M.

Lahore

V. du Pākistān.


Lahore, la seconde ville du Pākistān après Karāchi, est située dans la province du Pendjab. Par son histoire, sa richesse architecturale, ses problèmes actuels, elle présente des contrastes très nets avec Karāchi.

Lahore est d’abord une ville du Pendjab, province remarquable par sa situation de carrefour entre plaines du Gange et plaines de l’Indus, entre l’Himālaya et les régions sèches du Thar. Le Pendjab a dû à sa situation d’être ardemment disputé entre les groupes qui ont cherché à dominer le nord de l’Inde. C’est donc un pays de vieilles capitales, et Lahore est l’une d’entre elles. Enfin, le Pendjab a été aménagé systématiquement au xixe s. par de grands travaux d’irrigation qui en ont fait une région peuplée et riche (du moins aux conditions du monde indien), favorisant l’essor urbain.

La ville est née dans un site assez médiocre sur la rive gauche de la Rāvī, l’une des « cinq rivières » du Pendjab.

Sa fortune a commencé avec la conquête musulmane. La dynastie des Rhaznévides, puis celle des Rhūrides firent de Lahore leur capitale. Pendant la période des Mongols, Lahore connut un rôle dépassant le cadre régional, étant, avec Delhi* et Āgrā*, l’une des capitales de l’Empire. Les sikhs* s’en emparèrent ensuite, pour en faire aussi leur capitale. Enfin, c’est de Lahore que les Britanniques administrèrent un Pendjab en plein développement économique.

Mais en 1947 Lahore fut disputée entre hindous et musulmans, et la frontière entre Inde et Pākistān fut fixée à quelques dizaines de kilomètres à l’est de la ville. Aussi, pour des raisons stratégiques, Lahore se vit-elle préférer comme capitale du Pākistān d’abord Karāchi, puis Rawalpindi-Islāmābād. Cette circonstance explique que la ville ait connu récemment un déclin relatif.

Elle demeure cependant, avec plus de 1,5 million d’habitants, la deuxième ville du Pākistān, la deuxième aussi pour l’emploi industriel. Mais elle n’est qu’au douzième rang pour la croissance démographique et au vingt-quatrième pour le développement de l’emploi. C’est d’abord un énorme marché pour le Pendjab, en même temps qu’un grand centre de culture islamique. Les industries sont variées, en raison de l’ampleur du marché commandé. Les fabrications modernes concernent le matériel ferroviaire, les produits métallurgiques de base, les cotonnades et les chaussures (usines modernes Bata, notamment). Il subsiste un très large secteur artisanal.

La ville est bâtie un peu à l’écart de la Rāvī. Au nord, un fort de grès rouge très célèbre domine la vieille ville, avec ses habitations tassées, ses activités commerciales et artisanales. Au-delà du rempart, maintenant remplacé par des jardins, un centre commercial et administratif moderne borde au sud la vieille ville. Puis les anciens civils lines britanniques s’étendent vers l’est, avec des fonctions essentiellement résidentielles. Le quartier industriel moderne est bâti au nord-ouest, le long de la vieille route impériale et de la voie ferrée, en direction de Rawalpindi.

F. D.-D.

laine

Fibre constituant la toison du mouton ainsi que celle d’autres ruminants et que l’on utilise comme matière textile.



Constitution

La laine est produite par la sécrétion des bulbes pileux situés sous la peau de l’animal. Elle est enduite du suint, composé d’un ensemble de produits sécrétés par des glandes sébacées et sudoripares du mouton. La proportion du suint varie de 15 à 75 p. 100 du poids de la laine selon les qualités et les provenances de celle-ci.

La fibre de laine est recouverte d’écaillés disposées comme les tuiles d’un toit qui sont toutes dirigées dans le sens racine-pointe de la fibre. À l’échelle submicroscopique, on peut distinguer deux constituants principaux dans la fibre : la cuticule et le cortex. La cuticule, ou couche extérieure, forme les écailles. Elle ne constitue qu’une faible partie de la fibre dans le cas de la laine ; elle peut être plus importante pour d’autres fibres kératiniques. Le cortex est le constituant principal ; il est formé de cellules composées de fibrilles, elles-mêmes rassemblées en couches et implantées dans une matière plus amorphe. En fait, le cortex des fibres fines et frisées est constitué de deux fractions qui se différencient par leur affinité à l’égard des colorants et par leur solubilité dans divers réactifs. Il s’agit de l’orthocortex et du paracortex. La teneur en soufre de la partie paracorticale est plus élevée que celle de la fraction orthocorticale. Cette asymétrie corticale de la laine explique son aptitude à la frisure. En effet, placée dans l’eau, la fibre présente une asymétrie de gonflement, et il se produit une courbure de la fibre, une ondulation qui est d’ailleurs pour une part à l’origine des phénomènes de feutrage. Une autre cause de l’aptitude au feutrage de la laine est due à l’orientation préférentielle des écailles dans le sens racine-pointe de la fibre. Le coefficient de friction étant plus faible dans ce sens, toutes les fibres ont tendance à se mouvoir dans cette direction lors des manipulations de lavage, d’où enchevêtrement et feutrage.