Kikuyus ou Kikouyous (suite)
Les Kikuyus croyaient en un Dieu unique et suprême, omniprésent et anthropomorphe, appelé Ngai Murungu ou Mwene Nyaga. Seule la famille pouvait s’adresser à Ngai, dont la résidence préférée était le mont Kenya. Certains vieux étaient considérés comme les plus aptes à le servir. Par ailleurs, il existait aussi des prophètes. L’autre forme de croyance était la communion avec les esprits des ancêtres, qui résidaient dans la terre familiale. Enfin, dans certaines circonstances, il pouvait se produire une souillure rituelle (thahu).
La situation géographique particulière des Kikuyus explique l’importance de l’impact colonial sur leurs structures sociales et foncières. En effet, l’installation d’un colonat blanc tout autour des terres kikuyus a empêché une expansion territoriale nécessaire à leur équilibre démographique. L’éviction des Kikuyus des hauts plateaux a contribué également au développement d’une véritable crise, qui a culminé en 1952 avec la révolte mau-mau. Celle-ci est la suite partielle des mouvements politiques et du phénomène des écoles et des Églises indépendantes qui se sont développés de façon considérable dans l’entre-deux-guerres. On a pu définir le mouvement mau-mau, limité dans les faits à l’ethnie kikuyu, comme un mouvement de renouveau culturel, une révolte anticoloniale et même une guerre civile. Un grand nombre d’éléments de la culture traditionnelle kikuyu se mêlaient de façon originale à des préoccupations plus modernes. Le personnage de Jomo Kenyatta* a symbolisé pendant longtemps cette lutte politique et militaire, même si son rôle réel fut effacé. Sa présidence à la tête d’un Kenya indépendant confirme la prééminence de l’ethnie kikuyu.
J. C.
➙ Kenya / Kenyatta (Jomo).
J. Kenyatta, Facing Mount Kenya (Londres, 1937 ; trad. fr. Au pied du mont Kenya, Maspero, 1960 ; nouv. éd., 1967). / J. Middleton, Kikuyu and Kamba of Kenya (Londres, 1953 ; trad. fr. les Kikouyou et les Kamba du Kenia, Payot, 1954). / R. Buijtenhuijs, le Mouvement mau-mau. Une révolte paysanne en Afrique noire (Mouton, 1971).