Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

• Avec Saint-Marin, l’Italie compte en 1814 douze États, au lieu de cinq en 1813. En fait, trois seulement (Piémont, Naples, États pontificaux) conservent une indépendance nominale, le reste étant directement ou indirectement sous l’influence autrichienne. Partout — sauf à Naples —, les gouvernements s’efforcent d’effacer les traces des régimes révolutionnaire et napoléonien.

• Le retour de l’Empereur de l’île d’Elbe redonne espoir aux libéraux et patriotes italiens, qui poussent Murat à essayer de réaliser l’unité italienne. Le roi de Naples prend l’offensive dès le 17 mars 1815, annexe les Marches le 26 et, le 30, publie la Proclamation de Rimini, par laquelle il appelle les Italiens à l’indépendance et à l’unité.

Mais Murat est vaincu ; après Waterloo, il débarque de Corse en Calabre : il est fusillé aussitôt (13 oct. 1815).

• Le second traité de Paris donne la Savoie au Piémont-Sardaigne et replace les Bourbons sur le trône de Naples.

• Désormais, l’Autriche, qui dispose d’une armée puissante et d’une police efficace, va se charger d’étouffer toutes les tentatives nées dans les sociétés secrètes pour obtenir des régimes plus libéraux et l’indépendance nationale.

• La première manifestation, soutenue par le puissant carbonarisme, éclate en 1820 à Naples, où le roi (qui a pris en 1816 le titre de Ferdinand Ier « des Deux-Siciles ») a supprimé la Constitution libérale qu’il avait dû accorder à la Sicile en 1812. Ferdinand Ier doit s’incliner (6 juill. 1820), rétablir la Constitution, tandis que la Sicile est ensanglantée par une révolte des pauvres. Metternich réunit à Troppau (auj. Opava, oct. 1820) puis à Laibach (auj. Ljubljana, janv. 1821) un congrès où les alliés et la France décident d’intervenir militairement : le 21 mars, une armée autrichienne entre à Naples, bientôt réduite.

• À ce moment, l’insurrection a éclaté au Piémont, établissant une junte à Alexandrie et rétablissant le drapeau tricolore. Victor-Emmanuel Ier abdique en faveur de son frère Charles-Félix et confie la régence à Charles-Albert*. Les deux princes font appel aux Autrichiens, qui écrasent les insurgés le 8 avril 1821. Le Piémont reste cependant — de par sa situation indépendante au nord de la péninsule — le principal foyer du Risorgimento*.


La réaction (1821-1831)

• Durant dix ans, la réaction se déchaîne sur l’Italie. Des milliers de libéraux se réfugient à l’étranger.

• 1830 : les révolutions européennes, et notamment la révolution de Juillet en France, provoquent en Italie un renforcement de la répression antilibérale. À Gênes, les principaux chefs de la charbonnerie sont arrêtés : Mazzini*, le plus célèbre, échappe à l’exécution, mais doit s’exiler en France.


Les insurrections des années 30 et la Jeune-Italie

• 1831 : une insurrection nationale, dirigée par un jeune carbonaro, Enrico Misley, est éventée à Modène (5 févr.), mais déjà la révolte s’est étendue du duché à Bologne et à Parme — que doit quitter la duchesse Marie-Louise —, à Ancône, Spolète, la Romagne. Une armée révolutionnaire marche sur Rome. Parallèlement sont proclamées les Provinces-Unies italiennes (26 févr.), constituées par Parme, Modène, l’Émilie et la Romagne.

• Mais, abandonnés par Louis-Philippe, attaqués par l’armée autrichienne, les révolutionnaires sont vaincus, puis écrasés par la répression.

• Désormais, les Italiens patriotes vont donner la priorité, dans leurs revendications, au mouvement national, l’émancipation politique de la péninsule étant la condition indispensable à la disparition de l’absolutisme restauré en 1814.

• Mazzini le comprend le premier, en créant la Giovine Italia (la Jeune-Italie) au moment où, au Piémont, Charles-Albert succède à Charles-Félix (1831). Mazzini compte sur Charles-Albert — personnage énigmatique — pour faire triompher son triple idéal d’indépendance, de liberté et d’unité. Sa doctrine est romantique, mais la clarté avec laquelle elle montre que l’Italie doit être un État unitaire, et non fédératif, provoque l’enthousiasme.

• À Paris, Mazzini, Filippo Buonarroti, Costantino Mantovani et Giovanni La Cecilia forment un Comité directeur de la Révolution italienne, qui escompte une insurrection générale des Italiens et s’appuie sur les mouvements libéraux français.

• Mais l’insurrection de 1833 fait long feu ; prévenu, Charles-Albert se montre très rigoureux à l’égard des libéraux.


La révolution de 1848 et la guerre « de libération nationale »

• 1846 : au très conservateur Grégoire XVI — un zelante — succède Pie IX, qui se taille tout de suite dans ses États une immense popularité en prenant des mesures libérales. En fait, le jeune pape n’est pas disposé à aller plus loin, pas plus que les autres souverains. Seul Charles-Albert, au Piémont, évolue curieusement de la contre-révolution au libéralisme.

• Les échecs des carbonari en 1831 et de la « Jeune-Italie » en 1833-34 permettent à une nouvelle idéologie de se faire jour. Il s’agit du mouvement néo-guelfe et catholique du prêtre Vincenzo Gioberti, du comte Balbo et de Massimo d’Orzeglio ; pour eux aussi, le Risorgimento passe par la liberté et l’indépendance, mais l’unité italienne devra se faire sous la forme confédérale, la papauté constituant le lien normal entre les États italiens, le Piémont étant le défenseur des intérêts politiques du pays, et Charles-Albert le moteur de l’unité.

• L’agitation, l’espoir consécutif à l’avènement de Pie IX et la crise économique de 1846-47 sont à l’origine de la révolution de 1848, dont les deux points chauds sont le Royaume lombard-vénitien et les Deux-Siciles.

• À Milan et Venise, en mars 1848, c’est l’explosion, consécutive à la chute de Metternich et à la révolution de Vienne. Les Autrichiens doivent rapidement se retirer dans les places fortes du « quadrilatère » (22 mars). À Venise, Daniele Manin propose le rétablissement de la république.

• Dès le 9 janvier, la Sicile est en feu ; le 28, les insurgés sont maîtres de Palerme. Le continent est gagné : le roi Ferdinand II doit octroyer, le 10 février, une Constitution inspirée de la Charte française. Mais la Sicile fera sécession.