Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

• En 1799, toute l’Italie est républicaine, mais si les territoires sont divisés à la mode française (départements), les mesures fiscales et religieuses sont appliquées avec prudence. La vente des biens nationaux profite presque uniquement aux bourgeois, tandis que les petites gens souffrent des contributions de guerre, des réquisitions et des exactions commises par les troupes françaises. Car, profitant de la campagne d’Égypte, qui paralyse Bonaparte (1799), le Directoire mène en Italie une politique désastreuse, dont le pillage est la forme la plus habituelle.

• Et voici que l’invasion austro-russe consécutive aux désastres français de la deuxième coalition (avr. 1799) remet tout en question. La réaction contre-révolutionnaire s’étend, pour treize mois, à toute l’Italie.

L’Italie napoléonienne.

• Bonaparte, revenu d’Égypte et proclamé Premier consul, se lance immédiatement dans une campagne de reconquête de la péninsule. Si la bataille de Marengo (14 juin 1800) n’est pas décisive, Bonaparte profite de sa supériorité morale pour imposer aux Autrichiens un armistice qui les oblige à évacuer le Piémont, la Ligurie, la Lombardie et l’Émilie. Bientôt, le traité de Lunéville (9 févr. 1801) replace l’Italie dans l’orbite de la France.

• Dans le Nord, la république Cisalpine est rétablie ; la Constitution de 1801 prévoit : un président de la République ; un gouvernement exercé par deux assemblées : la Consulte d’État (8 membres) et un Conseil législatif (10 membres) ; un Corps législatif (75 députés) élu au suffrage restreint. Mais Bonaparte et Francesco Melzi d’Eril — qui veulent éviter la pression des Jacobins italiens — rassemblent à Lyon (déc. 1801 - janv. 1802) une consulte extraordinaire (491 députés) qui approuve la Constitution, nomme aux fonctions publiques, proclame « la République italienne » et élit comme président Bonaparte et comme vice-président Melzi d’Eril.

• Bonaparte incorpore officiellement le Piémont à la France (11 sept. 1802). La Toscane est donnée à Louis de Bourbon-Parme, qui prend le titre de roi d’Étrurie. Parme devient un territoire autonome gouverné par un Français. Une éphémère république Ligurienne est reconstituée à Gênes.

• Le nouveau pape Pie VII peut se réinstaller à Rome au lendemain de Marengo. Le 16 septembre 1803, un concordat entérine la pacification religieuse dans la péninsule.

• Devenu empereur (mai 1804), Napoléon agit en Italie au profit de ses intérêts personnels et familiaux. À la place de la République italienne est créé le royaume d’Italie (17 mars 1805) : couronné roi à Milan le 26 mai, Napoléon nomme vice-roi son beau-fils, le prince Eugène de Beauharnais. Le royaume s’agrandira par l’annexion de la Vénétie — après Austerlitz (1805) —, tandis que les Provinces Illyriennes deviennent « gouvernement militaire » relevant directement de l’empereur-roi. Viendront ensuite l’annexion des Marches, enlevées au pape (1808-1813), et celle du Trentin (1809).

• En 1805, Napoléon nomme son beau-frère Félix Baciocchi et la femme de celui-ci, Élisa Bonaparte, prince et princesse de Lucques ; la même année, Gênes et son territoire sont annexés à la France.

• Le royaume de Naples, qui a participé à la troisième coalition, est occupé facilement et attribué à Joseph Bonaparte* (30 mars 1806) en attendant que, nommé roi d’Espagne, il soit remplacé (1808) par Murat*. Mais la Sicile — comme la Sardaigne — échappe aux Français.

• L’application du Blocus* continental conduit Napoléon à agir plus brutalement. En 1809, l’Étrurie est attribuée à Élisa Bonaparte et redevient le grand-duché de Toscane. L’annexion de Rome et des restes de l’État pontifical, à la suite de la séquestration de Pie VII*, met l’Italie tout entière sous le contrôle de Napoléon.

• Le royaume d’Italie est le modèle des États vassaux de la France. Le Code civil et la vente des biens d’Église y remodèlent la société au détriment de l’aristocratie et du clergé et au profit d’une bourgeoisie devenue la véritable classe politique.

• L’Italie du Centre et du Sud, plus arriérée, est surtout marquée par l’abolition du régime féodal et du servage, abolition qui ne trouvera pas tout de suite son application.

• La mise en valeur économique de la péninsule est entreprise sous l’égide de la France ; des routes sont tracées à travers les Alpes, l’industrie et l’agriculture (riz) reçoivent de forts encouragements, mais la grande propriété (latifundia) reste dominante. De plus, le Blocus continental porte un coup très rude à l’Italie, dont, avant 1796, l’Angleterre était le principal fournisseur et le principal client. Gênes, Trieste, Venise connaissent la décadence ; le traité de commerce franco-italien de 1808 pèse à la péninsule.

• Les Italiens participent largement aux campagnes de Russie (1812) et d’Allemagne (1813). Les pertes énormes en hommes (65 000 morts) s’ajoutant au mécontentement né du despotisme napoléonien, de la domination des notables bourgeois, du blocus et du manque d’unité du pays, les événements jouent en faveur de l’Autriche, qui, dès 1813, noue des négociations avec le vice-roi Eugène et avec Murat. Les Anglais, de leur côté, intriguent à partir de la Sicile, où ils assurent depuis 1806 la protection des souverains légitimes de Naples.

• Cependant qu’Eugène refuse de rompre avec Napoléon et doit évacuer l’Illyrie et le Tyrol insurgé (oct. 1813), Murat passe ouvertement à la coalition et occupe Rome, Florence, Ancône... Napoléon doit bientôt renvoyer Pie VII à Rome.

• Au début de 1814, les Anglais entrent à Livourne et Gênes ; Eugène doit se replier sur Mantoue, tandis que les Autrichiens redeviennent maîtres de la Lombardie.


Le retour à l’Ancien Régime et le mouvement national (1815-1821)

• Napoléon déchu (avr. 1814), les anciens souverains rentrent dans leur capitale. Cependant, Murat est maintenu à Naples, les Bourbons gardant la Sicile. De plus, le congrès de Vienne ne restaure ni la république de Gênes — annexée avec Nice au royaume de Piémont-Sardaigne — ni la république de Venise, qui, avec la Lombardie, forme le Royaume lombard-vénitien, créé au profit des Habsbourg. Quant au Trentin, à l’Istrie, à Trieste et à la Vénétie Julienne, ils sont annexés directement à l’Autriche.