Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

L’Italie au xviiie s.

• 1713-14 : par le jeu des traités d’Utrecht et de Rastatt, qui mettent fin à la guerre de la Succession d’Espagne, les possessions italiennes de l’Espagne changent de maîtres ; le Milanais, la Sardaigne et Naples passent aux Habsbourg, la Sicile à la Savoie.

• 1718 : nouvelle redistribution, due aux ambitions de l’empereur Charles VI*, qui oblige le Piémont à lui céder la Sicile contre la médiocre Sardaigne.

• Puis, après le mariage de Philippe V* d’Espagne avec l’ambitieuse Parmesane Élisabeth Farnèse (1714), l’Italie redevient un champ où s’affrontent les impérialismes autrichien et espagnol, celui-ci étant exaspéré par la politique du Premier ministre d’Espagne, l’Italien Alberoni. Mais c’est en vain que Philippe V attaque la Sardaigne et Naples.

• 1731 : le traité de Vienne, confirmant le traité de Séville (1729), vaut à Carlos (le futur Charles III d’Espagne), l’aîné d’Élisabeth Farnèse, l’expectative de Parme, de Plaisance et de la Toscane. Mais si Parme, Plaisance et Guastalla reviennent finalement aux Bourbons-Parme après le court règne de Carlos (Charles Ier, 1731-1735), la Toscane est finalement attribuée à l’époux de Marie-Thérèse, François de Lorraine (1738), qui la fait passer dans la zone d’influence autrichienne.

• L’intervention espagnole contre Charles VI dans la guerre de la Succession de Pologne (1734-1736) permet à Carlos — qui a abandonné les duchés du Nord — de devenir roi de Naples et de Sicile en 1734. Devenu Charles VII, le Bourbon amorce la rénovation du pays ; le ministre Bernardo Tanucci y continue son œuvre sous Ferdinand IV (1759-1825), qui régnera à partir de 1816 en Sicile insulaire et en Sicile péninsulaire (Naples) sous le nom de Ferdinand Ier des Deux-Siciles, mais le despotisme éclairé y prend surtout la forme de la lutte contre le clergé.

• En Italie du Nord, le Piémont-Sardaigne (plus la Savoie), devenu un « État caserne », fortifie ses positions ; le Milanais autrichien, bien administré, devient la région la plus riche de l’Italie. Et devant la décadence de Venise, qui ne vit plus que des dépenses de ses visiteurs, Vienne songe à une annexion qui compléterait la Lombardie. Si Florence n’est plus qu’une ville de musées, la Toscane bénéficie de l’activité du port de Livourne, qui tend à supplanter Gênes, dont la décadence s’accentue : en 1768, la république de Gênes vend la Corse* à la France.


Le risorgimento. Vers l’unité (1789-1870)


L’Italie française

Le triennio (1796-1799) révolutionnaire.

• Les débuts de la Révolution française suscitent un grand intérêt en Italie. Mais cette sympathie amène les gouvernements à réagir d’une manière contre-révolutionnaire. Les mesures policières s’accentuent quand le roi de Piémont-Sardaigne (23 juill. 1792) et le roi de Naples (12 juill. 1793) déclarent la guerre à la France, suivis bientôt par tous les États italiens, sauf Gênes et Venise.

• Les violences n’arrêtent d’ailleurs pas l’ardeur des patriotes italiens, qui se rencontrent dans les loges maçonniques et ouvrent des clubs. Leur but est l’unité républicaine de l’Italie avec l’aide de la France. Parmi les patriotes les plus visés : Giovanni Ranza et Filippo Buonarroti, qui deviendra l’ami de Babeuf*.

• Le gouvernement français n’a pas l’intention de faire de l’Italie le théâtre principal de la guerre : son but essentiel est de forcer le roi de Piémont (réfugié en Sardaigne) à reconnaître l’annexion à la France de la Savoie et du comté de Nice, d’ailleurs occupés par les Français dès 1792. Au plus veut-il créer en Italie une diversion sur les forces autrichiennes : c’est pour cela qu’en 1794 une partie de la république de Gênes est occupée par les Français.

• Le Corse Bonaparte estime au contraire que l’Italie — sa seconde patrie — doit jouer le principal rôle dans la guerre contre l’Autriche. Nommé, grâce à Saliceti, commandant en chef de l’armée d’Italie (mars 1796), il mène une série de campagnes foudroyantes qui aboutissent, dès avril 1796, au retrait du roi de Sardaigne de la coalition et à l’occupation française de la Lombardie, bientôt suivis de l’armistice signé par les ducs de Parme et de Modène et le roi de Naples, la Toscane ayant déjà signé la paix en 1795. Maître de Rome et de Livourne en juin, le général français peut parachever son œuvre en acculant l’empereur à l’armistice (Leoben, avr. 1797).

• Le Directoire* veut restituer la Lombardie à l’Autriche ; mais Bonaparte tient à sa conquête, organisée par lui, dès le 29 juin, en république Cisalpine ; à celle-ci, le 9 juillet, il annexe la république Cispadane, formée précédemment en Émilie avec Modène, Reggio, Ferrare, Bologne, la Romagne.

• En compensation, l’Autriche, au traité de Campoformio (18 oct. 1797), reçoit les terres de la république de Venise — moins les îles Ioniennes (annexées à la France) — et les provinces de Brescia et Bergame, annexées à la république Cisalpine. Celle-ci apparaît de plus en plus, aux « unitaires » italiens, comme le noyau de la future République italienne unifiée.

• Gênes allait probablement être annexée par la France, quand ses patriotes y installent la République ligurienne (juin 1797), qu’ils dotent d’une constitution sur le modèle français (2 déc. 1797).

• Une république sœur s’installe également à Rome (République romaine, févr. 1798), d’où le pape Pie VI s’est retiré ; il passe à Sienne, puis à Florence, avant d’être emprisonné en France (Valence, où il mourra en août 1799). À Naples, les patriotes installent la république Parthénopéenne (23 janv. 1799), forçant le roi à se réfugier en Sicile.

• La Toscane est, elle aussi, républicanisée, tandis que la républicanisation du Piémont prélude à l’annexion du pays par la France (référendum de févr. 1799) ; le roi se réfugie en Sardaigne.