Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

• La révolution est aussi au Piémont, où Charles-Albert doit promulguer le Statuto fondamentale (4 mars), de style libéral ; le drapeau tricolore vert, blanc et rouge (symbole depuis 1815 de l’unité italienne) y est adopté. En Toscane, le grand-duc Léopold II doit signer une Constitution semblable (17 févr.). À Rome, Pie IX introduit des laïques dans son ministère ; mieux, il parle de « confédération italienne » et bénit l’« Italie ».

• Sollicité d’urgence par les Milanais, excité par Cavour dans son journal Il Risorgimento, Charles-Albert, avec la petite armée renforcée de contingents d’autres États (sauf des États pontificaux) franchit le Tessin. Mais, vite réduit à ses propres forces, il est écrasé par J. Radetzky à Curtatone et Montanara (29 mai), puis à Custoza (25 juill.).

• Bientôt, c’est la chute de Milan (5 août). L’armistice signé par le général Salasco (9 août) marque « la fin du printemps des peuples » et enlève à Charles-Albert tout prestige. Le roi doit subir un ministère Gioberti, dont il se débarrasse le 21 février 1849 pour reprendre la guerre contre l’Autriche : dès le 23 mars, c’est le désastre de Novare. Charles-Albert abdique en faveur de son fils Victor-Emmanuel.

• Le grand-duc de Toscane (juill. 1849) et les ducs de Parme et de Modène (août) sont restaurés à l’abri des baïonnettes autrichiennes. La situation antérieure est rétablie dans les Deux-Siciles. De Venise, Manin — chef du triumvirat républicain — doit s’enfuir.

• À Rome, la popularité de Pie IX — qui s’est refusé à considérer les Autrichiens comme des ennemis — s’est effondrée. Après l’assassinat de son ministre Pellegrino (15 nov. 1848) et devant les exigences des démocrates, le pape se réfugie à Gaète, en territoire napolitain. Réunie le 9 février 1849, une nouvelle assemblée proclame la République romaine et déchoit Pie IX, qui, après Novare, appelle à l’aide les puissances catholiques. Une armée française commandée par Oudinot entre le 3 juillet dans Rome, qu’elle occupera — au détriment de la paix internationale — durant 21 ans. Le 4 juillet, Pie IX est redevenu maître de la situation ; désormais, il se montrera l’adversaire du libéralisme.


Le Piémont, Cavour et l’unité italienne

• La réaction triomphe partout, sauf dans le royaume de Piémont-Sardaigne, où Victor-Emmanuel II* prend comme Premier ministre le giobertiste d’Azeglio, qui s’engage dans la voie des réformes, et, par la proclamation de Moncalieri, manifeste la volonté de rester fidèle aux principes de la monarchie constitutionnelle et du libéralisme.

• Les révolutions romantiques — Italia fara da se — ayant échoué, la bourgeoisie d’affaires italienne se rallie à la solution piémontaise incarnée par Cavour*, qui, déjà plusieurs fois ministre, arrive à la présidence du Conseil en 1852.

• Afin de faire admettre l’Italie dans le concert européen et d’obtenir l’aide militaire française indispensable pour éliminer l’Autriche, Cavour fait participer un corps sarde (La Marmora) à la guerre de Crimée (1854-1856), et par conséquent à la victoire des Franco-Anglais et au congrès de Paris. En 1857, la prépondérance du royaume de Sardaigne dans les affaires d’Italie est admise par tous. Mais l’Autriche reste l’obstacle essentiel à l’unité : pour la battre, Cavour a besoin d’une aide étrangère.

• Ancien carbonaro, Napoléon III offre son appui. En 1858, à Plombières, il reçoit Cavour, qui, en échange d’une intervention en Italie en vue de la rendre libre jusqu’à l’Adriatique, cédera à la France la Savoie et Nice.

• La campagne d’Italie (1859), menée par les Franco-Sardes contre l’Autriche (v. art. spécial), tourne court après Solférino (24 juin) par la volonté de Napoléon III, qui craint une guerre longue et qui, le 12 juillet, à l’insu de Cavour, signe avec François-Joseph les préliminaires de Villafranca : la Lombardie est cédée à la France (qui la rétrocède à la Sardaigne) ; les souverains d’Italie centrale seront restaurés. Les États italiens formeront une confédération présidée par le pape ; l’empereur d’Autriche en fera partie comme souverain de la Vénétie.

• Fureur des Italiens, fureur de Cavour, qui démissionne. Cependant que la Société nationale italienne fomente dans les Romagnes, Bologne et les duchés de l’Italie centrale des mouvements révolutionnaires et la formation de gouvernements provisoires qui font voter l’union au Piémont.

• Janvier 1860 : Cavour revient au pouvoir et obtient de la France qu’elle acquiesce à l’annexion de ces territoires au Piémont. La France reçoit la Savoie et Nice (traité de Turin, 24 mars 1860).


L’achèvement de l’unité (1861-1870)

• Un mazzinien aventureux, Garibaldi*, entreprend avec ses « Mille » une expédition libératrice dans les Deux-Siciles. Il occupe la Sicile (mai-juill. 1860), passe sur le continent, entre à Naples, d’où le roi Bourbon s’est enfui (7 sept.), et rencontre Victor-Emmanuel à Teano (26 oct.). Partout, des plébiscites entérinent l’union des Italiens autour de celui qu’on appelle déjà « roi d’Italie ». Restent Venise et la question romaine. En ce qui concerne Rome, Cavour a brusqué les choses ; les troupes sardes, bousculant à Castelfidardo les troupes pontificales de Lamoricière, ont pris Ancône et Pérouse dès septembre ; mais le pape, protégé par les troupes françaises, reste maître de Rome.

• 1861 : un Parlement national réuni à Turin proclame le royaume d’Italie (17 avr.), le premier titulaire étant Victor-Emmanuel, souverain constitutionnel ; mais Cavour meurt, épuisé, le 6 juin, tandis que Garibaldi, à qui le Piémont a refusé la lieutenance de l’Italie méridionale, se retire.

• Après Cavour, l’unification politique, administrative et économique du jeune royaume se fait dans le sens de la centralisation piémontaise. Ce qui provoque des heurts, notamment dans le Midi, le Mezzogiorno sous-développé, qui regimbe déjà contre l’administration des « gens du Nord ».