Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

Les conséquences du climat sur la végétation et l’hydrographie

Les traits du manteau végétal et de l’écoulement des eaux sont étroitement liés aux données climatiques. La nature des terrains et le relief ont aussi leur rôle sans l’emporter sur celui du climat.


Une végétation sur la défensive

Dans toute l’Italie péninsulaire, la vie des plantes est délicate en hiver (car les froids sont malgré tout sensibles) et difficile en été (à cause de la sécheresse). Là où la végétation naturelle existe encore, ce qui est rare, le paysage végétal apparaît comme une étendue clairsemée de petits arbres et arbustes à feuilles toujours vertes, petites, avec des troncs noueux, de longues racines. L’espèce la plus caractéristique est l’olivier. Dans les parties les plus chaudes, le palmier nain a sa place, et la culture des agrumes est possible. Dans tout le Sud, on trouve, outre l’olivier, le chêne vert et le chêne-liège. Dans le reste de la péninsule, la saison sèche n’étant pas trop longue, c’est la forêt mixte méditerranéenne qui étend son domaine. Elle se compose d’un mélange d’arbres et de buissons à feuilles caduques de la zone tempérée (chênes pubescents) et d’espèces à feuilles persistantes et xérophiles (chêne vert) ; on y trouve aussi l’olivier, le pin maritime, le pin parasol, le pin d’Alep, passant en altitude à des châtaigniers, puis à des hêtres et à des sapins. Les formations dégradées, avec des arbousiers, des bruyères et des cistes, sont du reste plus fréquentes que les forêts. En Italie du Nord, la végétation naturelle ne se trouve qu’en montagne. Dans la plaine du Pô, la végétation méditerranéenne disparaît, mais les forêts naturelles ont fait place à des cultures. Dans les Alpes se succèdent des étages de végétation (chêne ou châtaignier, hêtre, sapin, mélèze, alpage).


Une hydrographie capricieuse

Les courtes rivières italiennes ont un régime calqué sur celui des pluies. Les crues ont lieu au printemps et en automne en Italie centrale, en hiver en Italie du Sud ; l’étiage se situe toujours à la fin de l’été. Nombre de cours d’eau sont de simples torrents, les « fiumare », au lit encombré de pierrailles. Un fleuve comme le Tibre (405 km) a un débit moyen bien modeste de 290 m3/s, oscillant entre un minimum de 61 m3/s et un maximum de 2 730 m3/s. Une fois encore, c’est le Nord qui a la chance de posséder des rivières au régime plus équilibré et le seul grand bassin hydrographique, celui du Pô. Les rivières alpines ont des minimums d’hiver, et les hautes eaux ont lieu au printemps avec la fonte des glaciers et les pluies. Leur régime reste soutenu en automne. Le Pô est le plus grand fleuve italien. Long de 652 km, il a un débit moyen, près de son embouchure, de 1 600 m3/s., cela malgré les ponctions faites tout au long de son cours pour les besoins de l’irrigation. Sa pente est faible ; né à 2 022 m, sur le flanc du mont Viso, il n’est plus qu’à 212 m d’altitude à Turin, alors qu’il a encore près de 600 km à parcourir ; aussi, sa vitesse est-elle très modérée. Son régime est très équilibré, car il reçoit des affluents venus des Alpes, aux hautes eaux d’été, parfois régularisés par les lacs (comme le Tessin ou l’Adda), et des affluents venus de l’Apennin, aux hautes eaux printanières et automnales ; son étiage d’hiver est à peine marqué. Abondance, lenteur, régularité, voilà des qualités bien rares pour un fleuve italien, qui a cependant aussi des crues redoutables (vers l’embouchure, on a noté jusqu’à 8 900 m3/s), pouvant alors rompre ses digues et inonder des milliers d’hectares. Les progrès de son aménagement donnent au pays sa seule voie navigable fluviale pénétrant vers le cœur de l’Italie industrielle.

Les conditions naturelles n’offrent pas aux hommes un bilan décourageant. L’Italie a plus d’atouts naturels que la Grèce ou l’Espagne ; c’est la plus favorisée des péninsules méditerranéennes, notamment grâce à l’existence de la plaine du Pô. Mais déduire des données physiques la réussite italienne ou les contrastes Nord-Sud serait une vue bien simpliste : d’autres facteurs ont joué, au premier plan desquels il faut placer l’action des hommes.

E. D.


L’histoire de l’Italie jusqu’en 1945


L’Italie ancienne


Les grandes civilisations primitives

• La civilisation paléolithique semble avoir peu pénétré l’Italie.

• Milieu du IIe millénaire : des Indo-Européens édifient dans la plaine du Pô une civilisation contemporaine de Mycènes dite « des terramares ».

• Fin du IIe millénaire : développement dans la péninsule d’une civilisation partie de l’Apennin, dite « des champs d’urnes ».

• Début du Ier millénaire (premier âge du fer) : expansion en Italie centrale de la civilisation des Villanoviens (de Villanova, près de Bologne), caractérisée par la pratique de l’incinération.

• Les peuples désignés sous le nom général d’Italiotes sont : dans les plaines du Centre et du Nord, les Latins, les Étrusques, les Ombriens ; dans l’Apennin, les Sabins, les Samnites, les Volsques, les Marses ; au sud, les Lucaniens et les Bruttiens ; en Sicile, les Sicanes et les Sicules ; sur la côte adriatique, des populations d’origine illyrienne (Vénètes au nord, Iabyges et Messapiens au sud).

• Dans la plaine du Pô sont installées des tribus celtiques (Gaule Cisalpine).


Des Étrusques aux Romains (viiie-ive s. av. J.-C.)

• À partir du viiie s. av. J.-C., les Grecs occupent progressivement les côtes sud-orientales de l’Italie péninsulaire — du golfe de Tarente à la Campanie — et les côtes méridionales de la Sicile. C’est la Grèce* d’Occident, ou Grande-Grèce, d’où l’hellénisme se répand en Italie.

• Le reste de la péninsule est dominé durant deux siècles (vie-ve s.) par les Étrusques*, dont l’origine est controversée. Cette domination se heurte, au sud, à celle des Grecs ; les Étrusques, alliés aux Carthaginois, livrent bataille à la flotte phocéenne à Alalia (v. 535 av. J.-C.). Dès lors, ils laissent les Puniques contrôler la Sicile et la Sardaigne, tandis qu’eux-mêmes s’installent en Corse.