Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (suite)

Une mer pauvre

La mer enserre de toutes parts l’Italie, avec une longueur de côtes proche de 7 500 km. Mais elle ne joue qu’un rôle effacé dans l’économie du pays.


Une mer fermée, chaude et colorée

La Méditerranée est une mer profonde. À part l’Adriatique, toutes les masses marines entourant l’Italie atteignent très vite de grandes profondeurs (– 3 731 m au sud des îles Ponziane). L’étroitesse des secteurs ayant des profondeurs inférieures à 200 m (la plate-forme continentale) est déjà un facteur de pauvreté biologique. De plus, la Méditerranée est une mer fermée, coupée en plusieurs bassins, ce qui lui donne les caractères d’une mer homotherme avec un taux de salinité plus élevé que dans l’Océan (sauf dans l’Adriatique). Cette absence de brassage des eaux avec les grandes masses océaniques explique la transparence des eaux, mais a pour corollaire la pauvreté planctonique et donc celle du poisson. Si l’absence de marées est un avantage, celui-ci est compensé partiellement par l’existence de courants littoraux quelquefois très forts.


Des côtes inhospitalières

Les côtes sont peu favorables à l’activité maritime. Elles sont de deux types. Il y a des côtes fermées, dominées par les abrupts montagneux avec des criques ne permettant que la construction de petits ports (les marine) ; Gênes doit forcer la nature, à grand prix, pour assurer son développement. Il y a ensuite des côtes basses, linéaires, construites par des apports alluviaux en bordure des plaines ; limitées par des cordons de dunes, isolant les lagunes, elles sont plus propices au tourisme balnéaire qu’au commerce maritime.


Un climat séduisant mais plein de contrastes

Le trait permanent du climat n’est pas la douceur, mais l’irrégularité. Il existe plusieurs régions climatiques en Italie.


Les facteurs principaux du climat

Ils sont au nombre de trois. L’étirement du pays de 47 à 36° de lat. N. (de Chalon-sur-Saône à Tunis) place l’Italie dans la zone d’influence des climats subtropicaux, qui, sur la façade occidentale des continents, prennent le nom de climat méditerranéen. Ce climat est caractérisé par un été chaud et sec et un hiver doux et pluvieux. L’été, des hautes pressions s’étendent sur l’Italie (« anticyclone des Açores ») ; l’air est calme, stable, et la nébulosité est très faible, ce qui permet un réchauffement maximal. Chaleur et aridité vont de pair. L’hiver, au contraire, les basses pressions dominent et la circulation cyclonique apporte la pluie. La mer est un autre facteur, car elle atténue les écarts saisonniers de température. Quant au relief, il joue le rôle d’écran et il modifie les conditions thermiques. D’autres facteurs secondaires interviennent (éloignement de la mer, courants marins, exposition par rapport au soleil et au trajet des vents dominants) pour expliquer des climats locaux.


Les éléments du climat : chaleur et sécheresse

Les éléments du climat se combinent en une succession continue de types de temps. Le régime des vents est étroitement lié aux conditions barométriques et à la disposition du relief, d’où une assez grande variété ; mais, ce qui frappe le plus, c’est le fort ensoleillement. La distribution des températures met en évidence un fait climatique majeur de l’Italie : la chaleur. La plus grande partie du pays a une température moyenne de 12 à 16 °C (températures réduites au niveau de la mer). La douceur est générale, sauf dans la plaine du Pô. L’hiver, les isothermes tendent à s’orienter selon la latitude, la mer n’intervenant que comme un faible correctif. En examinant la température moyenne du mois le plus froid, janvier, on constate que la ligne des 11 °C ourle l’extrémité méridionale de la péninsule ; celle des 2 °C, la partie nord. Les valeurs extrêmes peuvent être sévères. En dehors des montagnes, le minimum absolu se trouve dans la plaine padane, près d’Alexandrie (– 17,7 °C). Le nombre de jours de gel dépasse 50 dans toute la plaine du Pô, mais il est encore de 10 à Rome et de 1 à Naples ou en Sicile. La situation estivale est différente. Par suite du vif échauffement des masses continentales, le plus ou moins grand éloignement de la mer devient essentiel, et les isothermes se disposent parallèlement aux côtes. La température moyenne oscille de 22 °C au nord à 30 °C au centre de la Sicile en juillet. Les maximums absolus montrent le caractère torride de l’été italien ; on a noté 49,6 °C en Sicile en 1885 et, à Milan, le thermomètre s’est élevé à 38 °C. La répartition des précipitations a des conséquences plus essentielles pour la vie économique. Celles-ci sont presque partout en quantités honorables, sauf dans le Sud, où elles peuvent être inférieures à 500 mm (478 mm à Foggia, 452 mm à Agrigente). Les règles générales de cette répartition sont claires : les précipitations diminuent du nord au sud ; elles sont en étroite relation avec le relief, dont elles soulignent les lignes directrices ; elles varient avec l’exposition. Mais, ce qui est beaucoup plus important, c’est l’irrégularité de ces précipitations dans le temps et dans l’espace. Palerme reçoit 962 mm de pluies, mais Agrigente, à 100 km de là, n’en reçoit pas la moitié. D’une année à l’autre, les quantités de précipitations changent considérablement. À Cagliari, il est tombé 664 mm de pluies en 1965 et 352 mm en 1966 ; cette même station a connu des écarts encore plus considérables, avec 934 mm en 1898 et 133 mm en 1913. Les pluies tombent en un nombre de jours restreint, de 80 à 120 jours en moyenne, avec des secteurs, comme la Riviera ligure ou la Calabre, où il y a à peine de 40 à 60 jours de pluie. Il s’ensuit des averses violentes, quelquefois dommageables pour les cultures.


Les domaines climatiques

Les traits du climat rassemblés comme un puzzle présentent deux grands domaines. Il y a une Italie du Nord avec un climat de type continental dans la plaine (devenant montagnard sur les hauteurs), rude et brumeux l’hiver, chaud et humide l’été. Le problème de l’eau ne s’y pose pas, et de grandes cultures sont possibles comme le riz ou le maïs. S’y oppose une Italie centrale et méridionale définitivement méditerranéenne, aux températures douces, avec des coups de froid et des pluies l’hiver, un été torride et sec, des saisons intermédiaires marquées par de fortes pluies et des orages, une luminosité très grande toute l’année. Les conditions agricoles y sont plus difficiles. À l’intérieur de chacun de ces domaines, des nuances existent, quand ce ne sont pas de véritables anomalies climatiques, comme pour la côte ligure, où l’on retrouve une situation proche de celle de la Côte d’Azur française.