Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

investissement (suite)

D’une année à l’autre, la valeur des investissements directs à l’étranger s’accroît de plus en plus. En 1969, elle s’est accrue de 5,8 milliards de dollars (plus 8,9 p. 100), alors que la moyenne des accroissements des quatre années précédentes (1965 à 1968) s’était établie à 5,1 milliards de dollars. La moitié de ces investissements sont financés par des bénéfices réinvestis sur place. Ils se dirigent essentiellement vers les pays industrialisés (Canada, Europe occidentale, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Japon) et vers les industries de transformation à technologie très avancée. Ce mouvement de capitaux a pour résultat d’entraîner la constitution de grandes firmes au rayonnement international et dont l’activité s’étend sur de très nombreux pays.

G. R.

➙ Autofinancement / Coopération / Croissance économique / Développement économique / Entreprise.

 P. Dieterlen, l’Investissement (Rivière, 1957). / P. Massé, le Choix des investissements (Dunod, 1964 ; nouv. éd., 1968). / C. Charmeil, Investissement et croissance économique (Dunod, 1969). / C. Goux et J. F. Landeau, le Péril américain (Calmann-Lévy, 1971). / P. Fontaneau, Fiscalité et investissement (P. U. F., 1972).

Investitures (querelle des)

Conflit entre la papauté et le Saint Empire au sujet des nominations d’évêques et d’abbés.



Origine

Étendant leur tutelle sur les biens d’Église, les princes laïques s’emparent de ces derniers au cours des xe et xie s., et prétendent n’en accorder la jouissance que contre argent, ce qui les incite à pourvoir eux-mêmes les dignités ecclésiastiques au plus offrant. Cette pratique est adoptée par les quatre premiers Capétiens, pour des raisons financières, puis par Guillaume Ier* le Conquérant, qui peut ainsi bien tenir en main un clergé très richement possessionné ; elle prend une importance encore plus considérable dans le Saint Empire, en raison des fonctions politiques attachées dès le ixe s. à la dignité épiscopale. Les souverains investissent par l’anneau et par la crosse les nouveaux élus et favorisent ainsi au sein d’un clergé décadent la diffusion de la simonie (trafic des fonctions ecclésiastiques et des sacrements), et par contrecoup celle du nicolaïsme (mariage ou concubinage des prêtres), qui se généralise en Allemagne, en France et même en Italie, selon le concile de Pavie de 1022, sous Benoît VIII.


Premières réformes et émancipation de la papauté (1046-1073)

Paradoxalement, le remède vient de l’excès du mal. La papauté, qui est tombée sous le contrôle de la pression impériale au temps des Ottons (936/962-1002), puis sous celle de la noblesse romaine (1003-1046), doit à l’empereur Henri III de pouvoir prendre la direction de la réforme de l’Église. Bien choisis par ce souverain au sein de l’épiscopat allemand, les papes Clément II (1046-1047), Damase II (1048), Léon IX (1049-1054) et Victor II (1055-1057) entreprennent d’extirper de l’Église la simonie et le nicolaïsme sous l’influence de leurs conseillers lorrains acquis aux idées réformatrices — les cardinaux Humbert de Moyenmoutier († 1061), Hugues le Blanc († apr. 1098) et Frédéric de Lorraine, le futur Étienne IX (1057-1058) —, auxquels se joignent deux moines italiens : Pierre Damien (1007-1072) et Hildebrand, le futur Grégoire VII*. Le mouvement réformateur reçoit une impulsion décisive de Léon IX ; il triomphe lors du concile du Latran d’avril 1059, au cours duquel Nicolas II (1059-1061) fait adopter les décrets dont l’un soustrait à l’empereur l’élection du pape, désormais réservée aux seuls cardinaux, et dont les autres interdisent l’investiture laïque des Eglises, l’assistance des fidèles à la messe des clercs mariés et concubinaires, etc.


L’apogée de la querelle : le pontificat de Grégoire VII (1073-1085)

Avec l’élection au souverain pontificat du conseiller d’Alexandre II (1061-1073), l’énergique et brutal archidiacre de l’Église romaine, Hildebrand, qui prend le nom de Grégoire VII, la politique de réforme de l’Église met directement en conflit la papauté et l’Empire. Dans l’impossibilité de faire appliquer en France et en Allemagne les décrets du concile romain de 1074 qui prononcent la déchéance des clercs simoniaques et nicolaïtes, Grégoire VII condamne, en février 1075, l’investiture laïque. Il peut alors publier les Dictatus papae (1076), recueil de 27 propositions par lesquelles il proclame son autorité absolue sur tous les membres de l’Église et, par contrecoup, son droit de déposer un mauvais prince, y compris l’empereur, et de délier ses sujets à son égard.

Appliquée sans difficulté en Espagne, en Angleterre et même en France, où elle lèse seulement les intérêts financiers des Capétiens, cette interdiction absolue de l’investiture laïque dresse l’empereur Henri IV (1056-1106), l’épiscopat et les princes allemands contre Grégoire VII, qui est déposé en janvier 1076 par la diète de Worms à l’initiative de ce souverain qui est à son tour excommunié et déposé en février par une décision sans précédent du pape. Contraint pour sauver son trône de s’humilier devant le souverain pontife lors de l’entrevue de Canossa (25-28 janv. 1077), l’empereur reprend aussitôt la lutte contre Grégoire VII, qui l’excommunie et le dépose une seconde fois en mars 1080 et confirme à ses dépens l’élection de Rodolphe de Souabe par les princes en 1077. Le 25 juin 1080, Grégoire VII est déposé à son tour par l’assemblée de Bressanone, au cours de laquelle Henri IV fait élire un antipape, Clément III ; il est chassé de Rome en mai 1084, et meurt à Salerne le 25 mai 1085.


L’apaisement (1085-1123)

Privé de l’appui du clergé allemand par l’habile politique d’Urbain II (1088-1099), devant combattre par ailleurs son fils Henri V (1106-1125), que soutient Pascal II (1099-1118), Henri IV meurt à son tour, isolé et vaincu, à Liège, en 1106.