Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anatomie (suite)

La typologie et l’anthropologie

Elles ont toujours l’Homme pour sujet d’étude, font une large part à la variation individuelle et recherchent des corrélations entre diverses structures anatomiques et des éléments raciaux. (V. anthropologie physique.)

R. B.


L’anatomie humaine

Elle décrit le corps humain normal du point de vue morphologique et macroscopique.

L’étude systématique sur le cadavre d’un organe, d’une région, portant sur un nombre statistiquement valable de sujets, permet de décrire l’aspect le plus fréquent, les différentes variétés et leur pourcentage : ces notions sont particulièrement importantes pour le chirurgien. Par exemple, l’anatomie classique ne décrivait qu’une artère hépatique. Cette disposition ne correspond qu’à 55 p. 100 des sujets, et, en réalité, l’artère hépatique peut être unique, double ou triple (artères hépatiques gauche, moyenne et droite), chaque branche ayant une origine et un trajet différents.

Pour mieux connaître la forme et la constitution d’un organe, on utilise aussi sur le cadavre des techniques d’injection de produits plastiques colorés dans la cavité, des vaisseaux ou des conduits excréteurs. On obtient ainsi un « moule » ou un « squelette » de l’organe à étudier. Ces méthodes ont ainsi permis de donner une description plus précise des poumons et du foie (étude de la « segmentation » du foie*, capitale pour la chirurgie de cet organe).

À côté de ces recherches sur le cadavre, dont l’intérêt pratique est indéniable, il existe aujourd’hui une anatomie radiologique. Les progrès de la technique radiologique, l’existence de produits opaques inoffensifs à ingérer ou à injecter permettent maintenant des investigations très précises sur le vivant.

Outre les classiques opacifications du tube digestif (transit œso-gastro-duodénal, lavement baryté), les opacifications des voies biliaires (cholécystographie, cholangiographie intraveineuse), du canal rachidien (saccoradiculographie au méthiodal), il faut insister sur les progrès immenses et récents de la radiographie vasculaire. On met en évidence les gros troncs artériels (aortographie, artériographie carotidienne), le cœur (angiocardiographie), les branches de l’aorte abdominale (artériographie « sélective » du tronc cœliaque, de l’artère mésentérique supérieure, des artères rénales) ; il est également possible d’opacifier les veines (phlébographie, spléno-portographie, cavographie) et les lymphatiques (lymphographie).

On peut ajouter à ces examens les techniques d’opacification peropératoires (cholangiographie, iléoportographie) et en rapprocher l’étude des organes par injection dans l’organisme d’une substance radio-active, éliminée sélectivement par cet organe ; c’est ainsi qu’on obtient une cartographie du corps thyroïde par l’iode 131, un scintillogramme rénal au bichlorure de mercure marqué, un scintillogramme hépatique à l’or colloïdal (v. isotope). On comprend ainsi les immenses possibilités que l’anatomie radiologique offre au médecin et au chirurgien pour affirmer le diagnostic précis, découvrir une lésion débutante et appliquer une thérapeutique adéquate. Ces progrès sont d’ailleurs une des raisons du « coût » élevé de la médecine moderne.

Ph. de L.


L’anatomie pathologique

Elle prit son essor avec Giambattista Morgagni (1682-1771) ; elle étudie les altérations des organes ou des tissus par suite de maladies, de traumatismes ou de malformations congénitales. Elle a longtemps été confinée à l’autopsie, qui est une recherche, après la mort (naturelle ou pathologique), des corrélations liant les signes cliniques observés sur le vivant aux altérations anatomiques ou histologiques constatables à la dissection. C’est la méthode anatomo-clinique, qui s’est surtout développée au xixe s. et a rendu célèbres des médecins comme Xavier Bichat (1771-1802) ou Guillaume Dupuytren (1777-1835). Au niveau du cerveau, cette méthode a conduit aux localisations corticales. La correspondance d’une maladie comme l’aphasie et de lésions de l’aire corticale dite « de Broca » est le témoignage d’une corrélation fonctionnelle entre le signe clinique (l’aphasie*) et le signe anatomique (la lésion, d’origine souvent vasculaire).

On peut subdiviser cette anatomie pathologique en anatomie pathologique générale, quand elle recherche les caractères, les causes et les conséquences de processus comme les tumeurs, les inflammations, les malformations, et en anatomie pathologique spéciale, quand elle situe cette même étude au niveau particulier d’un organe. Enfin, l’anatomie pathologique est capable, depuis quelques décennies, d’ajouter aux résultats des autopsies ceux des biopsies, c’est-à-dire des observations sur le vivant.

Les progrès de l’anesthésie générale ou locale, l’observation stricte de l’asepsie permettent aujourd’hui la chirurgie exploratrice, le prélèvement d’une portion d’organe pour des recherches histologiques ou biochimiques, les examens endoscopiques (empruntant les orifices naturels).

Les diverses branches de l’anatomie que nous avons passées en revue jusqu’ici appartiennent à la médecine et à la chirurgie, et ont l’Homme pour objet. Mais l’Homme fut longtemps un sujet d’étude difficile. Dans l’Europe occidentale et le monde méditerranéen, où naquit l’anatomie, la dissection humaine fut longtemps sacrilège et interdite, et les anatomistes se tournèrent tout naturellement vers les animaux pour se livrer à leurs études. C’est donc à l’origine dans un but utilitaire que les savants cherchèrent à élucider l’organisation d’autres espèces animales, mais c’est là, sans doute, qu’il faut voir les premières ébauches de ce que sera plus tard l’anatomie comparée.


L’anatomie comparée

Elle ne consiste pas à comparer l’anatomie de deux espèces, comme on compare deux objets, mais elle cherche ce qui rassemble et ce qui différencie, ce qui est fondamental et ce qui est secondaire dans l’organisation des espèces. On ne peut la dissocier des idées de classification, d’une part, impossible sans elle, et d’évolution, de l’autre. Née des travaux de Georges Cuvier* (1769-1832), de Lamarck* (1744-1829), de Richard Owen (1804-1892), d’Ernst Haeckel (1834-1919), l’anatomie comparée recherche l’unité du monde vivant dans sa diversité.