Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

anatomie (suite)

Un autre progrès fort important dans l’étude des êtres vivants a été celui de la physiologie, ou étude des fonctions. Après avoir cherché comment étaient construits les êtres organisés, les savants ont cherché à savoir comment ils fonctionnaient. On a longtemps opposé à l’aspect dynamique de la physiologie, qui exige des études « sur le vivant », l’aspect statique de l’anatomie, qui peut très bien s’étudier sur des animaux morts ou qui exige même souvent, pour l’anatomie microscopique, l’histologie et la cytologie, des « fixations ». Cette antithèse est aujourd’hui dépassée, et l’introduction récente de la notion d’anatomie fonctionnelle montre assez l’imbrication étroite qui lie désormais la forme et la fonction.

Nomenclature

Le latin a toujours été la langue de la science médicale, et l’anatomie n’échappe pas à cette règle.

Au xvie s., Harvey, Willis écrivaient en latin. Mais, en 1770, Hunter publie un atlas en latin et en anglais. Au cours des siècles suivants, les travaux anatomiques devinrent de plus en plus nombreux, et les découvertes et les synonymes se multiplièrent.

À la fin du xixe s., la confusion était très grande tant les mêmes faits étaient décrits sous des noms différents, rendant toute compilation, toute comparaison impossibles.

En 1887, la Deutsche Anatomische Gesellschaft entreprit un effort de standardisation et publia en 1895 la Basle Nomina Anatomica (B. N. A.), réduisant les 50 000 termes utilisés au chiffre plus raisonnable de 5 528. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, plusieurs congrès ou sociétés savantes apporteront quelques modifications.

En 1950, au cinquième Congrès international d’anatomie, tenu à Oxford, sept règles furent adoptées comme base d’une nomenclature internationale de l’anatomie : parmi celles-ci l’utilisation du latin — chaque pays conservant la liberté de traduire dans sa propre langue — et le rejet des éponymes.

En 1955, le sixième Congrès international d’anatomie, tenu à Paris, confirme ces principes de base et révise la nomenclature B. N. A., maintenant officiellement appelée N. A. P. (Nomina Anatomica Parisiensa).

À l’évidence, si l’utilisation des termes nouveaux et du latin est souhaitable, elle doit être mesurée.

L’utilisation exclusive de la nomenclature N. A. P. rendrait impossible toute lecture des livres médicaux antérieurs employant les mots classiques. C’est pourquoi, si l’on doit s’efforcer d’utiliser les mots nouveaux et la nomenclature latine, il faut encore rappeler l’ancienne nomenclature consacrée par l’usage, sous peine d’être illisible.


Les diverses branches de l’anatomie


L’anatomie descriptive

Dite encore générale ou analytique, elle cherche à isoler les divers systèmes et appareils : os, muscles, vaisseaux, nerfs, viscères. L’étude de chacun de ces systèmes ou de ces appareils s’est érigée en une science autonome, qu’on appelle ostéologie (squelette), arthrologie (articulations), myologie (musculature), angiologie (vaisseaux), névrologie (nerfs), splanchnologie (viscères), etc. L’anatomie descriptive est applicable telle quelle à l’étude des animaux. Les éléments qu’elle fournit constituent le fondement des études de l’anatomie comparée, sur laquelle nous reviendrons. Sur les animaux domestiques, elle entre dans le cadre de l’anatomie vétérinaire, qui a longtemps été centrée sur le Cheval, avec des considérations plus accessoires sur la Vache, le Mouton, la Chèvre ou le Porc.


L’anatomie topographique

Alfred Velpeau (1795-1867) fut l’initiateur de cette discipline, qui étudie les divers systèmes et appareils d’une région donnée de l’organisme. Ce sont surtout les exigences chirurgicales qui sont à l’origine de cette branche de l’anatomie. Il existe par exemple une anatomie topographique très précise de la tête, du cou ou des régions abdominale et périnéale. Des études analogues existent en médecine vétérinaire, et, plus récemment, certains des animaux qui servent habituellement de « cobayes » aux physiologistes (Singe, Chien, Chat, Rat) ont été l’objet d’études topographiques approfondies.

Au niveau du cerveau, les interventions par électrodes sans trépanation préalable ont rendu nécessaire l’étude de l’anatomie topographique de cet organe, et la nécessité de pouvoir repérer de l’extérieur les structures internes est à l’origine des études stéréotaxiques. La tête de l’individu étudié — homme ou animal d’expérience — est placée dans un appareil de contention qui détermine les trois plans de repère d’un trièdre trirectangle. Le plan horizontal passe par les conduits auditifs et la mâchoire supérieure ; les plans latéraux sont définis par rapport au plan de symétrie du crâne, et les plans antéropostérieurs par rapport au niveau auriculaire. L’étude d’un grand nombre d’encéphales et des variations individuelles qui les caractérisent permet ainsi de repérer par trois coordonnées bien définies toute structure interne sur laquelle on veut intervenir (pour pratiquer, par exemple, une électrocoagulation). Ces coordonnées permettent ensuite de réaliser la descente de l’électrode avec exactitude, en ne pratiquant à cet effet, dans la calotte crânienne, que le petit orifice nécessaire à son passage.

La nécessité, pour les anciens anatomistes, de figurer par le dessin, aussi précisément que possible, les résultats de leurs dissections les a souvent fait recourir à de grands artistes. Citons simplement Léonard de Vinci, qui, d’ailleurs, se livra lui-même à des dissections sur l’Homme (jusqu’à l’interdiction que le pape Léon X lui en fit). De là est née l’anatomie artistique, qui substitua rapidement aux représentations des dissections celles du corps de l’Homme vivant et lui fit rechercher, en même temps que les canons de la beauté, la disposition des organes internes, la musculature notamment — en diverses positions et au cours des mouvements.