Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

impressionnisme (suite)

(Paris 1810 - Honfleur 1880). Graveur et peintre, il appartient à la génération réaliste et fait partie du groupe de la ferme Saint-Siméon, où l’attire son amitié pour Jongkind. Ses recherches sont proches de celles de Daubigny et de Pissarro. Soutenant les efforts de ses jeunes confrères, exposant avec eux dès 1874, il vient de mourir lorsque, en 1881, a lieu la sixième exposition impressionniste, où sont accrochées plusieurs de ses œuvres.


Mary Cassatt

(Pittsburgh 1845 - Le Mesnil-Théribus 1926). Fille d’un banquier, elle étudie les maîtres classiques en voyageant en Europe à partir de 1868, puis se fixe à Paris et s’inscrit dans l’atelier de Charles-Josuah Chaplin (1825-1891). Degas avait remarqué son envoi au Salon de 1874, mais c’est seulement en 1877 que les deux artistes entrent en relation par l’intermédiaire du graveur Joseph Gabriel Tourny (1817-1880). Les sujets que Mary Cassatt affectionne, femmes et enfants, ont une mise en page décalée, des coloris acides, un dessin précis, où l’influence de Degas se mêle à celle des estampes japonaises. Invitée à participer à partir de 1877 aux expositions des impressionnistes, elle fera connaître et acheter en Amérique (en particulier par son amie Mme Havemeyer) les chefs-d’œuvre de ses camarades français.


Giuseppe De Nittis

(Barletta 1846 - Saint-Germain-en-Laye 1884). Ce peintre italien, élève de Léon Gérome, ami de Degas, de Manet et d’Edmond de Concourt, connut dès 1869 un grand succès au Salon et dans les salons. Il participa à la première exposition impressionniste et fonda en 1882, avec Georges Petit, l’Exposition internationale.


Jean-Louis Forain

(Reims 1852 - Paris 1931). Dessinateur, graveur et peintre, ce chroniqueur de la vie parisienne, qui participa de 1879 à 1886 aux expositions impressionnistes, a subi l’influence de Daumier et de Carpeaux, mais aussi celle de Manet et de Degas. Le premier numéro de son journal le Fifre, presque entièrement rédigé de sa main, portait cette profession de foi : « Chercheur fantaisiste, j’irai partout, m’efforçant de rendre d’un trait net et immédiat, aussi sincèrement que possible, les impressions et les émotions ressenties. »


Armand Guillaumin

(Paris 1841 - id. 1927). Cet artiste, originaire de Moulins, se lie d’amitié à l’académie Suisse avec Cézanne et Pissarro, et sera présent aux expositions du groupe en 1874, 1877, 1880, 1881, 1882 et 1886. Employé à la Compagnie d’Orléans, puis aux Ponts et Chaussées, il peint pendant ses heures de loisir, prenant souvent pour sujet les banlieues où le conduisent ses occupations. À partir de 1891, le gain de 100 000 francs au tirage d’une obligation à lots lui permet de quitter son emploi pour se consacrer à la peinture. Il travaille sur la côte atlantique (Saint-Palais), la côte méditerranéenne (Agay), en Hollande, mais surtout dans la Creuse, à Crozant, où il se rend régulièrement. Son style diffère de celui des autres impressionnistes par une violence colorée (rouges, mauves, violets), qui, dès 1885, annonce le fauvisme*, dont Guillaumin a sans doute favorisé l’apparition par ses conseils au jeune Othon Friesz.


Albert Lebourg

(Montfort-sur-Risle 1849 - Rouen 1928). Après des études de dessin auprès de Victor Delamarre à Rouen, Lebourg devient professeur de dessin à Alger de 1872 à 1876. Les séries qu’il exécute dès cette époque et l’emploi des tons clairs appliqués en touches concises l’apparentent aux impressionnistes, avec lesquels il exposera en 1879 et 1880.


Stanislas Lépine

(Caen 1836 - Paris 1892). Ce paysagiste discret, très influencé par son maître Corot et qui fut régulièrement admis aux Salons, a participé à l’exposition de 1874 chez Nadar, mais est toujours resté à l’écart des polémiques, se contentant d’évoquer, dans une veine intimiste, mais avec infiniment de subtilité, l’atmosphère de Caen, sa ville natale, et celle de Paris à la fin du xixe s.


Berthe Morisot

(Bourges 1841 - Paris 1895). Issue d’une famille de la haute bourgeoisie, Berthe Morisot était par sa mère une petite-nièce de Fragonard. Elle suivit avec sa sœur Edma les cours d’Eugène Benoît Guichard (1806-1880), ancien élève d’Ingres et de Delacroix, puis toutes deux recherchèrent les conseils de Corot, qui les incita à peindre en plein air et leur donna son ami Eugène Stanislas Oudinot (1827-1889) comme guide. L’influence de Corot est sensible chez Berthe Morisot non seulement dans certaines œuvres précises comme la Vue du petit port de Lorient (1869), mais dans les tons légers et clairs, les harmonies argentées qu’affectionnera toujours la jeune femme. Manet, épisodiquement rencontré au Louvre vers 1860, très lié à partir de 1867-68 avec la famille Morisot, a souvent représenté de 1868 à 1874, date du mariage de son frère Eugène Manet avec Berthe Morisot, le beau visage chargé de mystère de celle-ci : le Balcon (1868, Louvre), Berthe Morisot au manchon. Ils s’influencèrent mutuellement, Manet l’incitant à l’observation de la vie contemporaine, à l’emploi de longues touches rapides, tandis qu’elle l’entraînait à peindre en plein air et dans une gamme beaucoup plus claire.

Elle cessa ses envois au Salon, qui l’avait admise depuis 1864, pour participer à toutes les étapes de l’aventure impressionniste, dont les participants lui vouèrent une amitié admirative, amitié partagée aussi par tous ceux qui, comme Mallarmé, l’ont bien connue.

N’ayant jamais eu le besoin ni le désir de vendre ses œuvres, elle représenta avec une tendre exclusivité un monde familier : sa fille Julie, ses sœurs, ses nièces (l’une d’elles, Jeannie Gobillard, épouse Paul Valéry*). Cet intimisme est lié à une grande spontanéité de facture (longs coups de pinceau balayant la toile, très différents de la touche serrée de la plupart de ses camarades). De 1890 à sa mort, elle travailla souvent à Mézy, près de Renoir, modifiant sa manière à son contact (couleurs massées, formes arrondies, touche moins apparente), mais sans rien perdre de son originalité et de sa grâce.


Camille Pissarro