Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

immunité (suite)

Contre les Virus

La défense contre les Virus est d’abord d’ordre cellulaire et s’exerce par la production quasi immédiate d’une substance protéique, l’interféron, qui diffuse dans tous les tissus, même ceux qui ne sont pas infectés. La synthèse d’interféron induite par un premier Virus est mise en évidence en général par l’inhibition d’un second Virus placé après le premier sur les mêmes cellules ou dans le même organisme, et dont le développement se trouve entravé.


Immunité acquise

En plus de ces moyens de défense particuliers, l’organisme réagit à la pénétration d’une Bactérie, d’un Virus ou d’un parasite comme à celle de tout antigène : l’antigène est phagocyté, il suscite des modifications cellulaires et humorales avec production d’anticorps dirigés contre des constituants de la paroi du germe, des enzymes ou des toxines qu’ils sécrètent ; ce sont là les phénomènes de l’immunité acquise. L’immunité anti-infectieuse n’est donc qu’un aspect particulier de l’immunologie.


Immunité artificielle

Il s’agit de deux méthodes de lutte contre les affections microbiennes : la vaccination et la sérothérapie.

• Le vaccin est une préparation qui, injectée dans un organisme, y détermine la production d’un état d’immunité spécifique : le sujet n’est protégé que contre le microbe ou la toxine contenus dans le vaccin. On utilise chez l’Homme des vaccins antibactériens constitués par des Bactéries vivantes mais atténuées, tel le B. C. G. (v. tuberculose), ou par des Bactéries tuées, tels le vaccin antityphoparatyphoïdique (TAB), le vaccin anticoquelucheux ou anticholérique. D’autres vaccins antibactériens sont constitués par des anatoxines, c’est-à-dire des exotoxines (toxines sortant hors du corps microbien) rendues non pathogènes par un traitement au formol. Il en est ainsi de la vaccination antitétanique et antidiphtérique. Ces anatoxines suscitent la production par le sujet d’anticorps spécifiques ; les rappels successifs ont pour but de produire une réponse secondaire plus importante et pouvant persister plusieurs années.

Les vaccins antiviraux sont constitués de Virus « vivants » (Virus vaccinal de la vaccination antivariolique), atténués (poliomyélite, rougeole, fièvre jaune, rage), ou inactivés (grippe, rougeole, poliomyélite). Les vaccins n’agissent pas immédiatement, car il faut que les processus de l’immunité se mettent en marche. (V. vaccination.)

• La sérothérapie consiste à injecter un sérum provenant d’un sujet qui a eu la même maladie ou, plus fréquemment, d’un animal activement immunisé avec l’antigène. Les anticorps injectés agissent immédiatement, mais ils sont rapidement détruits dans l’organisme ; il s’agit donc d’une immunité passive de courte durée ; c’est une méthode de prévention immédiate (injection de sérum antitétanique après une plaie) ou une méthode thérapeutique (diphtérie). En thérapeutique, on utilise aussi, sous le nom de « gammaglobulines », des immunoglobulines provenant soit de sujets normaux (gammaglobulines normales), soit de sujets convalescents de la maladie que l’on veut traiter (gammaglobulines spécifiques). Ainsi, on injecte des gammaglobulines normales ou spécifiques aux femmes enceintes suspectes d’avoir été en contact avec un malade atteint de rubéole.

A. S.

immunologie

Étude des phénomènes d’immunité.



Historique

L’immunologie est née en tant que branche de la microbiologie. En effet, lorsqu’on a découvert l’existence des germes pathogènes au xixe s., on s’est immédiatement demandé comment l’organisme pouvait résister à cette invasion. L’immunologie envisageait dans ses débuts les moyens de lutte soit naturels, soit acquis contre les maladies infectieuses. Actuellement, son domaine est beaucoup plus vaste, puisqu’elle étudie toutes les réactions des organismes à des substances étrangères.

La première théorie cherchant à expliquer le rejet naturel du germe infectant par l’organisme est due en 1882 à Metchnikov : c’est la notion de phagocytose. Metchnikov affirme qu’il existe chez tous les êtres pluricellulaires des cellules capables d’appréhender, puis de détruire les corps étrangers et en particulier les Bactéries*. Quelques années plus tard, il identifie chez les Mammifères deux types de cellules douées de phagocytose : les microphages (essentiellement les globules blancs polynucléaires du sang) et les macrophages (cellules situées notamment dans le tissu conjonctif et les séreuses, ainsi que les mononucléaires du sang).

Des bactériologistes travaillant en Allemagne (E. Buchner [1860-1917], E. von Behring [1854-1917]) mettent en évidence des substances humorales douées d’un pouvoir bactéricide. Pendant plusieurs années vont s’opposer, d’un côté, les partisans de la théorie cellulaire, avec Metchnikov et ses élèves à l’Institut Pasteur de Paris, et, de l’autre, les savants allemands, plus partisans de la théorie humorale, avec notamment R. F. Pfeiffer (1858-1945?), et de la vibriolyse (la destruction) intrapéritonéale des vibrions cholériques.

Puis un élève de Metchnikov, Jules Bordet (1870-1961), montre qu’il existe deux types de substances bactéricides : l’une présente dans tous les sérums (et qui correspond au complément), l’autre seulement dans le sérum des animaux vaccinés (qui correspond à ce (lue l’on appelle aujourd’hui un anticorps).

Un lien entre les deux théories est établi par l’Anglais A. E. Wright (1861-1947) : les opsonines qu’il étudie sont des anticorps antibactériens qui, en se fixant sur les Bactéries, favorisent leur phagocytose par des cellules.

En 1900, on estime donc que la production d’anticorps est secondaire à la pénétration dans l’organisme d’une substance qui lui est étrangère, appelée antigène, et on pense d’autre part que cette production est toujours bénéfique. Mais la conception d’une production d’anticorps qui va détruire pour le bien de l’organisme un antigène qui y a pénétré va être modifiée en 1902 par deux découvertes. D’une part, K. Landsteiner (1868-1943) montre que le sérum de certains individus est capable d’agglutiner les globules rouges d’autres sujets par les agglutinines (anticorps naturels antihématies) qu’il contient : c’est le point de départ de l’étude des groupes sanguins (v. transfusion). D’autre part, Ch. Richet et P. Portier (v. allergie) découvrent l’anaphylaxie : la réinjection à doses infimes d’une substance peut, dans certaines conditions, entraîner la mort.

En 1906, C. von Pirquet (1874-1929), crée le mot allergie* pour désigner l’ensemble des modifications que peut déterminer l’introduction d’un antigène, c’est-à-dire à la fois les phénomènes de protection et de réactivité accrue (seule la deuxième signification persiste aujourd’hui).

Après 1918, les sujets d’étude se sont portés sur le complément et sur l’antigène, avec l’importante notion d’haptène (v. plus loin) découverte par Landsteiner vers 1935, puis sur l’anticorps.