Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Illyés (Gyula) (suite)

Illyés a publié une vingtaine de recueils de poèmes, des romans (Printemps précoce, 1941 ; Des Huns à Paris, 1946), plusieurs pièces de théâtre (le Favori, 1963), des notes de voyage (Russie, 1934, publié à son retour de Moscou, où il avait participé au Congrès international des écrivains) ainsi que des reportages et des écrits en prose de caractère autobiographique. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en français. Illyés est enfin un remarquable traducteur, notamment de la littérature française.

J.-L. M.

 L. Gara et A. Frénaud, Gyula Illyés (Seghers, 1966).

Illyrie

Région qui englobe à la fois les montagnes et le littoral qui bordent la côte nord-est de l’Adriatique.


L’Illyrie doit son nom aux populations indo-européennes qui contribuèrent au peuplement de l’Italie ancienne. Précocement colonisée par les Grecs, qui fondent de nombreux comptoirs côtiers, dont les plus célèbres sont ceux d’Epidamnos en 627 av. J.-C., d’Apollonio en 600 av. J.-C., de Corcyre la Noire, de Lissos et de Pharos, cette région devient vers 250 av. J.-C. l’un des principaux centres de la piraterie méditerranéenne. Après le massacre, en 230 av. J.-C., des marchands italiens à Phoinikê par la reine Teuta, veuve du roi Agron, Rome doit mener plusieurs guerres, dites « illyriennes », pour en venir à bout. Vaincue au terme de la première (229-228), Teuta reconnaît l’établissement du protectorat romain sur la Parthinie et l’Atintanie ainsi que sur les comptoirs d’Oricos, d’Epidamnos, d’Apollonia et de Corcyre. À l’issue de la seconde (220-219), menée pourtant victorieusement contre Démétrios de Pharos († v. 214 av. J.-C.). Rome ne garde, à la paix de Phoinikê, en 205, que les trois derniers de ces comptoirs. Alliée de Rome au cours de la deuxième guerre de Macédoine, mais la trahissant au profit de Persée au cours de la troisième, l’Illyrie est divisée en trois cantons indépendants par les vainqueurs, qui la placent à partir de 167 av. J.-C. sous le commandement militaire soit du gouverneur romain de Macédoine, soit de celui de Gaule cisalpine. Au terme de longues guerres menées contre les Dalmates et contre les Liburnes, les Romains, enfin maîtres, en 33 av. J.-C., de l’Illyrie, dilatée de l’Adriatique au Danube, l’érigent en province sénatoriale en 27 av. J.-C., puis en province impériale en 17 av. J.-C.

Auguste en fixe alors la capitale à Salone, où il établit son légat avant de confier à Tibère le soin de briser de nouvelles insurrections (6-9 apr. J.-C.). Aussi, pour prévenir le renouvellement de celles-ci, la Pannonie et la Dalmatie sont-elles constituées en deux provinces impériales séparées, tandis que le terme d’Illyricum s’applique désormais à l’ensemble territorial qu’elles forment avec la Mésie.

Fournissant à l’Empire dès le iiie s. non seulement de nombreux et rudes soldats, mais aussi des empereurs capables de contenir les Barbares sur les frontières, tels Claude II, Aurélien, Probus, Dioclétien et Maximien (sans compter Justinien Ier au vie s.), l’Illyricum est doté au ive s. d’un magister militum, commandant régional de l’armée. À peu près à la même époque, il est érigé en une préfecture du prétoire qui ne comprend que les diocèses de Dacie et de Macédoine, et dont la capitale est fixée à Thessalonique, tandis que la Dalmatie et la Pannonie sont rattachées à la préfecture du prétoire d’Italie. En fait, depuis le partage impérial de 379 entre Gratien et Théodose Ier, le diocèse de Pannonie est qualifié ordinairement d’Illyricum occidental, par opposition à un Illyricum oriental qui n’est autre que la préfecture du prétoire d’Illyrie, définitivement attribuée à l’empire d’Orient en 395.

Tandis que le premier est occupé par les Ostrogoths à la fin du ive s., le second, rattaché religieusement au ve s. par le pape Léon Ier au patriarcat de Constantinople, se slavise progressivement au vie s. Après la création des thèmes de Thrace en 687 et d’Hellade vers 695, il se réduit aux environs de Thessalonique. En fait, sa préfecture cesse alors d’exister, et le nom d’Illyrie disparaît jusqu’à ce que Napoléon Ier le tire de l’oubli en 1809.

Le royaume d’Illyrie

Constitué en 1815 par le congrès de Vienne au profit de l’empereur d’Autriche, le royaume d’Illyrie comprend les Provinces Illyriennes de langue Slovène, où se développe le mouvement national des Slaves du Sud (l’illyrisme), animé par Valentin Vodnik (1758-1819), puis par de nombreux poètes, philologues et publicistes. En 1849, ce royaume disparaît, et son territoire est alors divisé en quatre provinces : Carniole, Carinthie, Gorizia et Istrie.

Les Provinces Illyriennes

Constituées en 1809 par Napoléon Ier, désireux de prendre appui sur le slavisme, les Provinces Illyriennes comprennent l’ancien domaine vénitien (Dalmatie, une partie de l’Istrie et les Îles occupées dès 1806), Raguse (annexée en 1808), la Carniole, la Haute-Carinthie, l’Istrie autrichienne et Trieste ainsi qu’une partie de la Croatie (régions cédées par l’Autriche au traité de Vienne du 14 octobre 1809).

Au régime d’autonomie relative qui avait prévalu jusqu’alors en Dalmatie sous l’autorité militaire de Marmont et civile du provéditeur vénitien Vincenzo Dandolo (1758-1819), Napoléon institue un régime unificateur à partir de 1809 : organisation en dix intendances avec Laibach (Ljubljana) pour capitale le 25 décembre 1809 ; désignation d’un gouverneur militaire (Marmont, puis Bertrand jusqu’en 1813 ; Junot, puis Fouché) ; introduction sans restriction du Code civil français à partir du 1er janvier 1812 ; reconnaissance du Slovène et du croate comme langues officielles ; etc. Menacés par les Autrichiens, les Français évacuent les Provinces Illyriennes en 1813.

P. T.

 R. Ristelhueber, Histoire des peuples balkaniques (Fayard, 1949).

imagerie

Dans un sens restreint, art ancien de l’image imprimée, de l’estampe* populaire.