Hobbes (Thomas) (suite)
L’originalité de Hobbes est de rompre avec l’idée de l’origine divine de la souveraineté, telle que Bodin* l’a affirmée, et d’introduire une conception du contrat social, où Dieu n’intervient pas, et de l’État, où l’élimination de Dieu entraîne une « déification » du rapport de force. Ce qui le conduit à une conception absolutiste de l’État que Hobbes définit comme le pouvoir de créer ou de casser la loi, avec pour objectif unique de donner aux sujets la sécurité.
La forme de l’État est peu importante aux yeux de Hobbes. « Quand le représentant est un homme, alors l’État est une monarchie. Quand c’est une assemblée de tous ceux qui s’unissent, alors c’est une démocratie » : le contenu de la souveraineté n’est pas affecté par la forme qu’elle revêt. Dans tous les cas, le pouvoir ne se divise pas : l’exécution est liée au pouvoir législatif sous peine de disparaître.
La logique du raisonnement a entraîné Hobbes à rejeter le pouvoir matériel de l’autorité religieuse : mais il n’a pas rejeté la religion elle-même.
D. C.
R. Polin, Politique et philosophie chez Thomas Hobbes (P. U. F., 1952). / T. E. Jessop, Thomas Hobbes (Londres, 1960. / M. C. Goldsmith, Hobbe’s Science of Politics (New York, 1968). / F. S. MacNeilly, The Anatomy of Leviathan (Londres, 1968). / M. Cattaneo et coll., Hobbes Forschungen (Berlin, 1969).
Quelques repères biographiques
1588Naissance de Thomas, deuxième fils de Thomas, vicaire de Westport et Charlton.
1603Il entre à Oxford.
1608Il en sort pour devenir précepteur du jeune William Cavendish (futur deuxième comte de Devonshire).
1634-1636Au cours de ses voyages, il fait connaissance avec le P. Mersenne à Paris, avec Galilée à Florence.
1640Son manuscrit The Elements of Law, Natural and Politic circule ; les idées qu’il contient annoncent déjà le Leviathan. La condamnation (puis l’exécution) du comte de Strafford, et de l’archevêque Land font craindre à Hobbes le séjour en Angleterre. Il part alors pour Paris et rejoint le cercle de Mersenne.
1642Publication de De cive (traduction anglaise en 1651).
1651Publication de Leviathan, or the Matter, Form and Power of a Commonwealth, Ecclesiastical and Civil. Suspecté par les autorités françaises, Hobbes juge préférable de regagner l’Angleterre, bien que peu aimé de la cour de Charles Ier, car son livre passait pour favoriser le pouvoir absolu, mais aussi l’ascension de Cromwell.
1655Parution du De corpore.
1658Parution du De homine.
1666-67La méfiance de Charles II et un vote de défiance du Parlement contre le « hobbisme », assimilé à la libre pensée et l’athéisme, faisant frôler à Hobbes l’accusation d’hérésie passible des pires supplices, le rendent prudent. Il consacre le reste de ses jours à d’aimables versifications qu’il publie (The Travels of Ulysses, 1673), ou à des textes virulents, qu’il garde dans ses tiroirs, tel le Dialogue between a Philosopher and a Student of the Common Laws of England, publié en 1681.