Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hébreux (suite)

Cependant, en 445, Néhémie, haut fonctionnaire du roi Artaxerxès obtient les pleins pouvoirs pour restaurer les remparts. Malgré les tracasseries dont il est victime de la part des gouverneurs de provinces voisines, il ne met pas plus de cinquante-deux jours pour rebâtir les murs de la cité. Muni des pouvoirs de gouverneur de la Judée, il opère dans un second temps d’importantes réformes. C’est de cette époque que date la rupture avec les Samaritains, qui, amorçant un schisme religieux, font du mont Garizim leur montagne sainte : au temps d’Alexandre, ils y construiront un temple rival de celui de Jérusalem.

La réforme de Néhémie est continuée et menée à son terme par Esdras qui, en 428, arrive à Jérusalem avec un nouveau groupe important d’immigrants. Il est certain qu’Esdras a joué un rôle capital dans la fixation définitive de la loi mosaïque, telle que l’actuel livre du Pentateuque l’a recueillie. Néhémie et Esdras ont véritablement fondé le judaïsme.


Des conquêtes d’Alexandre à la domination romaine (333-63)

La Palestine se soumet paisiblement en 333 à l’autorité d’Alexandre* le Grand. Après la mort du conquérant, en 323, la Syrie et la Palestine sont disputées entre les Diadoques. Finalement, la Palestine échoit aux Ptolémées d’Égypte, qui la gouvernent avec modération jusqu’en 198. Tout continue comme au temps des Perses sous l’autorité du grand prêtre, chef de la communauté.

La victoire d’Antiochos III (223-187) à Panion (198), près des sources du Jourdain, marque l’éviction des Ptolémées au profit des Séleucides. Au dire de l’historien juif Flavius Josèphe, les Juifs accueillent avec faveur le nouveau maître. Antiochos III leur garantit le droit de vivre conformément à leurs lois.

La situation change brutalement avec Antiochos IV Epiphane (175-164). Son premier souci en arrivant au pouvoir est d’unifier ses États en leur imposant la culture grecque. Mais il n’avait pas compté sur la ténacité juive. Certes, au début, le roi peut bénéficier de l’appui de certains membres de la classe dirigeante qui ont adopté les mœurs grecques ou qui, par ambition, entrent dans les vues du prince régnant. Mais vivre à la grecque, pour les Juifs, c’est participer aux rites religieux de l’hellénisme et par conséquent abandonner la Loi de Moïse et le monothéisme. Les résistances furent nombreuses. Antiochos voulut brusquer les choses. Le décret d’Antiochos III qui garantissait la libre observance de la Loi mosaïque est abrogé, et la religion juive proscrite. Le Temple, profané, est dédié à Zeus Olympien, et un autel païen est érigé à la place de l’autel où on offrait les victimes à Yahvé.

Le signal de la révolte vint d’un prêtre de Modin, Mattathias, qui se retire avec ses cinq fils dans les montagnes, où le rejoignent d’autres rebelles. Un appui particulièrement appréciable leur est fourni par un groupe important de Juifs entièrement dévoués à la Loi. Ce sont les Hasidim, ou Assidéens, ancêtres possibles des Pharisiens et des Esséniens. Mattathias meurt en 166 ; son fils, Judas surnommé le Maccabée, c’est-à-dire « le marteau », prend sa place (166-160). Trois ans de combats héroïques seront nécessaires pour rétablir la liberté religieuse et rendre le Temple au culte de Yahvé.

Cependant ce n’est que plus tard, sous le gouvernement de Simon (143-134), le dernier fils des Maccabées, que la Palestine recouvre une indépendance de fait.

Sous le gouvernement des princes Asmonéens (134-37), la Judée passe sous l’orbite de Rome. Du début de cette période date la division du judaïsme en sectes rivales : les Sadducéens constituent le parti des grands prêtres au pouvoir ; les Pharisiens et les Esséniens, dévoués au culte de la Loi, rejettent toute compromission politique.


Sous la domination romaine
La fin de l’État juif (63 av. - 135 apr. J.-C.)

Le gouvernement d’Hérode, dernier roi d’Israël (37 - 4 av. J.-C.), rend à la Palestine son unité et redonne au Second Temple l’éclat de celui de Salomon. À sa mort, son royaume est partagé en trois lots qui seront gouvernés soit par des procurateurs romains, soit par des princes juifs vassaux de Rome. C’est l’époque où apparaît Jésus* de Nazareth et où la religion qui se réclame de lui gagne l’Empire romain. La fin de Jérusalem en 70, sa destruction par les armées de Titus ne sont qu’une nouvelle étape de la vie d’Israël, comme l’avait été la destruction de la ville sainte en 587. L’État juif n’existe plus. Le sursaut de la révolte de Bar-Kokhéba (132-135), que les récentes découvertes de la mer Morte* ont fait revivre, est l’épilogue sanglant de l’histoire ancienne d’Israël. Pour le peuple juif commence le long voyage dans les siècles de la nuit et de la dispersion avant que l’étoile de David ne brille de nouveau sur la Terre promise.

I. T.

➙ Abraham / Bible / Jérusalem / Jésus / Judaïsme / Juifs / Moïse / Morte (manuscrits de la mer) / Prophétisme biblique / Testament (Ancien).

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