Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hébreux (suite)

Mais le péril le plus grave vient de l’Assyrie. Achab (874-853) entre dans une ligue antiassyrienne et se fait battre à Qarqar sur l’Oronte en 854 par le roi Salmanasar (Shoulman-asharêdou III). Une éclipse passagère de l’Assyrie permet un répit momentané. En 734, Téglatphalasar III (Toukoulti-apil-ésharra) reprend l’offensive ; il conquiert la Galilée, dont il déporte les habitants. Le dernier acte de la lutte se joue avec Sargon II, qui, en 722, s’empare de Samarie : l’élite de la population est déportée en Assyrie, et des colons mésopotamiens sont installés à leur place. La chute de Samarie marque la fin du royaume du Nord.

Le jugement porté par les auteurs bibliques sur les rois d’Israël (comme sur ceux de Juda) est avant tout d’ordre religieux. Ils sont bons ou mauvais selon leur attachement à la religion de Yahvé. Dans le royaume du Nord, le yahvisme subit une crise grave du fait de sa juxtaposition avec les cultes cananéens. Certains rois les ont favorisés aux dépens de la religion des pères, soit par conviction personnelle, soit par politique. La Bible trace un sombre tableau des rois « impies » Omri ou Achab. De nombreux textes cunéiformes, les fouilles de Samarie ou de Megiddo nous font mieux connaître ces rois, qui furent des souverains remarquables dont la puissance en imposait même aux rois d’Assyrie. Mais, dans cette crise religieuse, le yahvisme a failli perdre son âme, et on comprend la rancœur de l’auteur biblique. Pour rétablir les droits de Yahvé, de grandes voix s’élèvent, celles des prophètes. La religion de la Bible leur doit l’essentiel de son approfondissement à l’époque des Rois.


Le royaume de Juda (931-587)

Jusqu’à la fin du viiie s., le royaume de Juda a un rôle assez modeste. Peu d’événements marquants : crise religieuse et sociale avec Athalie (841-835) ; prospérité économique au temps d’Ozias, nommé aussi Azarias (781-740). Achaz (736-716), dont la Bible condamne la conduite religieuse, compromet l’indépendance de son royaume en sollicitant l’appui de l’Assyrie contre les entreprises des rois de Damas et d’Israël.

La ruine de Samarie (722) est ressentie comme une dure leçon. Ezéchias (716-687), fils d’Achaz, aidé par les prophètes Isaïe et Michée, entreprend une profonde réforme religieuse, qu’il veut accompagner d’une restauration nationale : tirer Juda de l’orbite assyrienne. Pris entre les rivalités de l’Égypte et de l’Assyrie, il joue le mauvais cheval, c’est-à-dire l’Égypte. Sennachérib (Sin-ahê-érîba) d’Assyrie met le siège devant Jérusalem (701). Ezéchias ne s’en tire qu’en payant un lourd tribut.

De Josias (640-609) date la grande réforme consignée dans le livre du Deutéronome, mais le roi périt en 609 à la bataille de Megiddo en tentant de s’opposer au passage de l’armée égyptienne allant au secours de l’Assyrie aux prises avec les Babyloniens. En 612, Ninive est détruite, et, en 606, Nabopolassar (Nabou-apla-outsour) met fin à l’empire assyrien.

Babylone* reprend bientôt les visées de l’Assyrie sur les États vassaux de Syrie et de Palestine. En 598, Nabuchodonosor (Nabou-koudour-outsous II) investit une première fois Jérusalem. Joiakim, dit aussi Jéchonias (598), roi depuis trois mois, est déporté à Babylone, avec les principaux notables. Son successeur, Sédécias (598-587), imposé par Nabuchodonosor, ne sait pas, malgré les avertissements de Jérémie le prophète, résister aux partisans de la lutte à outrance, à laquelle l’Égypte a promis son appui. Après un long siège, Jérusalem tombe aux mains de Nabuchodonosor en août 587. Sédécias a les yeux crevés, la ville est mise à sac, le Temple détruit et l’élite de la population déportée à Babylone. Ainsi finit avec le royaume de Juda l’histoire des Hébreux. Mais la vie d’Israël continue. Une nouvelle époque commence, celle du judaïsme*.


Au bord des fleuves de Babylone (587-538)

Après 587, il ne reste en Juda qu’une population misérable sous l’autorité de Godolias, ancien ministre de Sédécias, établi par le vainqueur comme gouverneur de Judée. Un groupe d’irréductibles excités l’assassine et massacre avec lui la garnison babylonienne. Par peur des représailles, une partie des Judéens qui restent se réfugie en Égypte, entraînant avec eux Jérémie. Le territoire de Juda est rattaché administrativement à la préfecture de Samarie.

La grande part des déportés juifs se trouve en Babylone ; c’est sur eux que repose l’avenir du peuple d’Israël. Leur nombre est difficile à évaluer, peut-être cinquante mille. Les débuts furent sans doute difficiles, mais, par la suite, la situation devient meilleure. Peu à peu, les déportés s’installent. De son exil d’Égypte, Jérémie leur conseille de bâtir des maisons, et nous voyons Ezéchiel, déporté en 598, mener une vie assez libre. Ils travaillent, et peu à peu beaucoup arrivent à l’aisance, sinon à la richesse : ils deviennent, comme le confirment certains documents babyloniens, fermiers, propriétaires ou fonctionnaires.

Leur sentiment religieux s’approfondit et s’épure. La catastrophe nationale fait réfléchir. Une intense activité religieuse et intellectuelle caractérise cette époque, qui devient le point de départ d’une nouvelle restauration nationale : le judaïsme.

L’Empire néo-babylonien succombe sous les coups des Perses. En 539, Cyrus s’empare de Babylone. Il inaugure son règne par un libéralisme religieux et politique qui constituera la marque générale de l’Empire achéménide*.


Sous la domination perse
La restauration de Jérusalem (538-333)

Dès 538, Cyrus prend des mesures en faveur des Juifs. Il leur concède, par un édit, la faculté de retourner à Jérusalem et d’y relever le Temple.

Un premier convoi de rapatriés prend aussitôt le départ. Malgré les ressources dont ils disposent (l’opération a été financée par les communautés juives de Babylone), ce premier essai de restauration échoue, à cause du manque de coopération des Juifs restés dans le pays.

Au début du règne de Darios, vers 520, une seconde caravane d’exilés arrive, conduite par Zorobabel, petit-fils de Joiakim, roi de Juda. En cinq ans (520-515), le Second Temple est achevé. Un essai de reconstruction des remparts de Jérusalem au début du règne d’Artaxerxès Ier (465-424) tourne court par suite de l’opposition des Samaritains.