Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hébreux (suite)

Délivré du danger le plus pressant, David achève la conquête du territoire palestinien, soumettant à son autorité les cités cananéennes encore indépendantes : Megiddo, Beth Shéan et Jérusalem, dont il fait sa capitale (v. 1000). Mais ce royaume, qui peu à peu s’organise, apparaît comme un danger aux nations voisines, qui essayent de limiter son expansion. Après une suite de campagnes contre les Ammonites, les États araméens du Nord et les Edomites, David se trouve à la tête d’un petit empire qui étend son protectorat jusqu’au royaume de Damas.

L’union nationale se révèle pourtant fragile. L’unité n’est qu’apparente, fondée sur l’autorité de la personne du roi. David continue à être aux yeux de son peuple le roi de Juda et d’Israël. Cela explique les luttes intérieures qui vont troubler la fin du règne. À la mort du vieux roi, son fils Salomon montera sur le trône au milieu d’intrigues de cour alimentées par les inimitiés réciproques et tenaces des tribus de Juda et d’Israël.


Salomon le Magnifique (v. 970 à 931)

Salomon recueille de son père un immense héritage, qu’il conservera à peu près intact. L’État de David était solide, on pouvait se dispenser de nouvelles conquêtes. La disparition de David avait suscité chez certains peuples conquis l’espoir de recouvrer leur indépendance. Mis à part l’établissement d’une petite principauté en Edom et la conquête de Damas par un prince araméen, Salomon réussit à garder bien en main l’empire de David. Pendant son règne, le pays ne connaît aucune invasion, et lui-même n’entreprend aucune guerre. Pour garantir la sécurité du territoire proprement israélite, il établit une ligne de forteresses et développe son armée par la création d’une cavalerie et d’une charrerie. Sa puissance militaire lui sert seulement à appuyer sa diplomatie et à s’assurer des alliances profitables avec l’Égypte et la Phénicie.

Il noue avec Hiram, roi de Tyr, des relations commerciales, et, avec son concours, il arme une flotte de commerce. Comme tous les rois de l’Orient, Salomon détient le monopole du commerce : c’est un commerce de transit. Il importe de Cilicie des chevaux qu’il revend à l’Égypte, où il achète des chars de guerre qu’il exporte en Syrie. Il troque les produits indigènes, le blé, l’huile, contre les bois de cèdre du Liban. Des fouilles faites à Asion-Gaber (Eçyon-Geber), sur le golfe d’‘Aqaba, on a dégagé les hauts fourneaux dans lesquels les ouvriers de Salomon fondaient le fer et le cuivre extraits des montagnes d’alentour. C’est dans ce port qu’était basée la flotte que Salomon avait armée grâce au roi de Tyr et à ses matelots phéniciens. Les vaisseaux du roi d’Israël iront chercher jusque sur la côte des Somalis l’or et les produits rares de l’Orient.

L’afflux des richesses que ce commerce apporte est absorbé par le train fastueux que mène le roi et par les grandes constructions qu’il entreprend. Les fouilles faites à Megiddo donnent une idée de ces importants travaux : les remparts, le palais et les fameuses « écuries » (remaniées sans doute au temps d’Achab). Avec le palais qu’il fait bâtir pour lui-même, son maître ouvrage est le Temple de Jérusalem, dont l’édification durera sept ans (v. 969 - v. 962) ; l’auteur biblique n’a pas de mots pour décrire sa magnificence.

Mais le zèle bâtisseur du roi, son faste de prince oriental font peser sur le peuple un lourd fardeau. Les corvées sont nombreuses, les impôts pesants. La situation privilégiée des tribus du Sud (elles ont un statut spécial et c’est parmi ses membres que se recrutent les fonctionnaires et les personnages de cour) a fait des mécontents dans les tribus du Nord. Déjà, des mouvements de révolte se dessinent quand Salomon meurt en 931.


Le royaume déchiré

La scission des deux royaumes qui intervient après la mort de Salomon consacre un état de fait. L’antagonisme invétéré entre les deux groupes de tribus, renforcé par le favoritisme dont Salomon a fait preuve à l’égard des territoires du Sud, rend inévitable la rupture. Roboam (931-913), fils de Salomon, devient roi des tribus du Sud, et Jéroboam (931-910) règne sur celles du Nord. Désormais, les deux royaumes porteront le nom de royaume de Juda, capitale Jérusalem, et de royaume d’Israël, capitale provisoire Tirsa et définitive Samarie, à partir du règne d’Omri (885-874).

Cette rupture a des conséquences religieuses. Pour faire pièce à Jérusalem, qui était avec son Temple centre religieux officiel des Douze Tribus, Jéroboam d’Israël élève à la dignité de sanctuaires-nationaux deux villes du Nord, Dan et Béthel. Les taureaux d’or placés dans ces lieux sacrés (le terme de veau d’or employé par l’auteur biblique est un terme de dérision) ne sont pas des idoles, mais un signe de la présence de Yahvé. Il n’en reste pas moins qu’ils évoquaient fâcheusement les idoles cananéennes et tendaient à rapprocher de façon regrettable Yahvé et le Baal cananéen. Par ce geste, Jéroboam opposait culte à culte, et détournait de Jérusalem, maintenant capitale du royaume rival, la masse de ses sujets adorateurs de Yahvé.


Le royaume d’Israël (931-721)

Le trait caractéristique de la monarchie du royaume du Nord est l’instabilité politique. Indépendamment d’usurpateurs éphémères, on ne compte pas moins de cinq dynasties pour deux siècles à peine. En tout, dix-neuf rois.

Dans une première période, les deux royaumes frères d’Israël et de Juda gaspillent leur temps et leurs forces à des rivalités qui ne font que les affaiblir. Face aux dangers extérieurs, ils prennent conscience qu’ils doivent s’épauler pour subsister. Le royaume du Nord devra soutenir de nombreuses guerres contre ses voisins moabites d’au-delà du Jourdain, et surtout contre les Araméens de Damas. Pour leur faire échec, Omri (885-874) se ligue avec le roi de Tyr et le royaume de Juda, et il obtient pour son fils Achab la main de Jézabel, fille du roi phénicien. Cette alliance aura du point de vue religieux des conséquences fâcheuses, dont l’Athalie de Racine nous a apporté l’écho.