Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Haüy (abbé René Just) (suite)

Prêtre réfractaire, Haüy est arrêté pendant la Révolution, mais ses élèves, notamment Geoffroy Saint-Hilaire, le font rapidement libérer. La Convention le nomme même membre de la commission des poids et mesures (1793), puis conservateur du cabinet des mines (1794). En 1801, il publie un Traité de minéralogie. En 1802, il succède à Daubenton au Muséum d’histoire naturelle, puis il obtient une chaire de minéralogie à la faculté des sciences de Paris.

R. T.

➙ Cristallographie.


Un précurseur et un continuateur d’Haüy


Jean-Baptiste Romé de l’Isle,

minéralogiste français (Gray 1736 - Paris 1790). Il publia un traité des poids et mesures des Anciens et un traité de cristallographie (1772), dans lequel il énonçait la loi de constance des angles.


Auguste Bravais,

physicien et minéralogiste français (Annonay 1811 - Versailles 1863). Il est d’abord lieutenant de vaisseau, puis, en 1846, il devient professeur de physique à l’École polytechnique, dont il était sorti premier de sa promotion. Après avoir étudié les phénomènes optiques de l’atmosphère, il s’intéresse à la cristallographie et il émet en 1849 la célèbre hypothèse selon laquelle les cristaux ont une structure réticulaire, qui sera confirmée en 1912 grâce à Laue. (Acad. des sc., 1854.)

Havane (La)

En esp. La Habana, capitale de Cuba.



La situation

La ville constitue avec ses banlieues l’agglomération urbaine la plus importante des Antilles. Sa population doit avoisiner 2 millions d’habitants (près du quart de la population cubaine). Elle concentre une bonne partie de la richesse du pays.

Installée sur la rive occidentale du goulet qui relie la baie dite de La Havane à la mer, elle a tiré un bénéfice considérable de sa situation géographique en bordure du détroit de Floride.

À la fin du xvie s. et au xviie s., elle devient la principale place forte espagnole des Antilles. S’y rassemblent dès 1561, chaque année de juin à août, les galions chargés de métaux précieux et de denrées agricoles de haute valeur venus des ports de la Caraïbe et du golfe du Mexique. Cette activité de port militaire et de port d’escale provoque un afflux de population, le développement du commerce et des activités spéculatives. Vers 1660, La Havane, enserrée dans ses fortifications, a près de 10 000 habitants. Elle en a 30 000 en 1730 et est alors la troisième ville d’Amérique (après Mexico et Lima). Au xviiie s., environ 200 navires avec 6 000 à 8 000 marins se rassemblent dans son port chaque été.

Les besoins de la navigation entraînent le développement des cultures vivrières et de l’élevage dans les campagnes environnantes. Il s’est constitué dans la ville une aristocratie qui se taille de vastes domaines à travers l’île et qui thésaurise des richesses considérables. Sous son impulsion, grâce à l’afflux de techniciens français et d’esclaves, les cultures de plantation (canne à sucre surtout) se développent sur les terres fertiles de la moitié occidentale de Cuba, à la fin du xviiie s. et au xixe s. La Havane commande ainsi le développement économique de l’île. En 1791, la ville a 44 337 habitants, 55 000 avec ses environs.

Au xixe s., La Havane devient le grand port de commerce de Cuba et la tête de ligne du réseau ferré ; des industries se créent en bordure de la baie à la fin du siècle. En 1841, elle a 184 548 habitants, soit 17 p. 100 de l’île ; en 1898, 250 000 avec ses banlieues, 16 p. 100 de Cuba. En 1919, la ville seule a 363 506 habitants et 446 848 avec ses banlieues. L’agglomération atteint le río Almendares, qui s’encaisse profondément à 6 km à l’ouest du centre historique. On construit le luxueux quartier du Vedado en bordure de la mer. Des quartiers se créent également au sud de la baie, et même de l’autre côté, à l’est. En 1943, Gran Habana a 835 670 habitants, soit 18 p. 100 de Cuba. Les campagnes cubaines sont en crise, et la population de la capitale s’accroît plus vite que celle de l’ensemble du pays ; l’exode rural se déverse sur la ville. Le río Almendares a été franchi et, au-delà, les quartiers de Miramar et de Marianao se développent. En 1953, il y a 1 216 000 habitants dans l’agglomération, soit 20 p. 100 de Cuba, de nouveaux quartiers se sont créés à l’est de la baie ; l’exode rural s’est accéléré.

À la veille de la révolution castriste, en 1958, La Havane atteint un développement exagéré avec 1 350 000 habitants, et son rôle est considérable dans la vie du pays. Son port reçoit près de 90 p. 100 des importations ; elle est devenue le principal centre industriel du pays (raffineries, cimenteries, centrales thermiques, alimentation, vêtements, etc.) ; une zone industrielle s’est créée au fond de la baie. La Havane reçoit la majeure partie des touristes et est un centre de loisirs fréquenté par les Américains, qui dominent le pays. Capitale politique, commerciale, centre des affaires, elle se pare de buildings futuristes dans les derniers temps de la dictature. Orgueil des classes possédantes, qui s’y rassemblent en majeure partie, elle concentre la moitié des médecins du pays, les trois quarts des voitures et des téléphones, en bref une bonne partie des richesses aux dépens des campagnes appauvries, où la révolution naît. Conquise par les castristes, La Havane a néanmoins continué à se développer, l’exode rural se poursuivant alors que de nombreuses personnes appartenant aux classes aisées prennent le chemin de l’émigration. En 1965, il y a plus de 1,7 million d’habitants (982 000 hab. dans la ville seule), soit 22 p. 100 de la population totale.

Le gouvernement s’efforce de freiner le développement de cette énorme capitale qui s’étend sur 100 km2 autour de la baie, en décentralisant au profit des villes provinciales. Il a créé une ceinture agricole (le « cordon » de La Havane) autour de l’agglomération, de façon à l’intégrer dans le monde rural et à éviter que la ville ne vive en parasite du reste du pays.

J.-C. G.


L’histoire

San Cristóbal de La Habana a été fondée en 1515 par Diego Velázquez et, tout de suite, de par sa proximité avec le continent, elle a bénéficié de la préférence des colons. Au cours de la longue crise du xviie s., alors que l’île, dépeuplée de sa population primitive, était pratiquement livrée aux pirates, la majorité des Espagnols vint s’y réfugier. En 1607, si l’évêché reste à Santiago de Cuba, le gouvernement et la capitainerie générale s’installent à La Havane, devenue le port le plus important et le premier centre de constructions navales des Antilles.