Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Hauts-de-Seine. 92 (suite)

• Le sud-ouest est plus élevé et plus boisé. Il s’agit essentiellement d’un plateau d’axe est-sud-est-ouest-nord-ouest, prolongé dans les Yvelines par le plateau des Alluets et situé entre la vallée de la Seine et la vallée du ru de Gally, affluent de la Mauldre. Ce plateau est disséqué sur sa bordure nord par une série de rus affluents de la Seine. Par contre, au sud, il s’achève par un rebord assez rectiligne au-dessus d’une petite dépression située dans l’axe Paris-Versailles et de la vallée du ru de Gally. À l’est, à Saint-Cloud, il domine la Seine par un coteau très raide.

Parcs et bois couvrent encore près de la moitié de la superficie : en premier lieu, les bois de la Malmaison, de Fausse Repose, le parc de Saint-Cloud, les bois de Meudon et Clamart, puis de nombreux parcs privés.

Il s’agit des huit communes (au total 150 000 hab.) de Saint-Cloud, Garches, Vaucresson, Marnes-la-Coquette, Ville-d’Avray, Sèvres, Chaville et Meudon. La densité de la population est la plus faible de tout le département. L’urbanisation est loin d’être complète. C’est dans l’ensemble une zone de résidence aisée et avec peu d’activités industrielles sauf, le long de la Seine, à Meudon et Saint-Cloud.

• Le sud est plus accidenté et plus varié. On y retrouve, comme au nord-ouest, une première couronne entièrement urbanisée et en partie industrielle composée de quatre communes limitrophes de Paris (environ 160 000 hab.) : Issy-les-Moulineaux, Vanves, Malakoff, Montrouge.

Le reste, de Clamart et Bagneux au nord jusqu’à Antony au sud, est constitué de neuf communes (env. 300 000 hab.) : Clamart, Châtillon, Bagneux, Bourg-la-Reine, Fontenay-aux-Roses, Sceaux, Le Plessis-Robinson, Châtenay-Malabry et Antony. Ce sud couvre la moitié nord du plateau de Villacoublay (maximum 167 m), situé entre la Seine et la Bièvre, et surtout les longs versants disséqués dans celui-ci qui descendent vers la Seine au nord et vers la Bièvre à l’ouest. Au pied du coteau à l’est, une zone est restée encore très verdoyante : la Vallée-aux-Loups, proche du parc de Sceaux.

L’habitat pavillonnaire domine spatialement dans l’ensemble du département, à l’exception des communes limitrophes de Paris, mais l’habitat collectif récent est particulièrement important à Gennevilliers, Nanterre, Rueil-Malmaison et au sud, dans le triangle Meudon-Bagneux-Antony, partout où, vers 1950, les espaces libres importants n’étaient pas rares.

La localisation des activités industrielles, principalement des gros établissements, est tout à fait caractéristique : essentiellement le long de la Seine, sur la rive gauche, d’Issy-les-Moulineaux à Asnières-sur-Seine et de Gennevilliers à Rueil-Malmaison, à part quelques exceptions, comme les zones industrielles de La Garenne-Colombes, de Rueil-Malmaison et du Plessis-Robinson. Les Hauts-de-Seine sont avant tout le département des industries automobile et aéronautique et des industries qui travaillent pour elles (pneumatiques, accessoires, etc.). Là se trouve la plus grande usine de France : Renault, à Billancourt, avec 35 000 ouvriers. Les grands équipements se situent surtout dans la boucle de Gennevilliers : port de Gennevilliers et centrale thermique, ainsi que la plupart des chemins de fer, tandis que, en dehors des deux voies ferrées de Versailles, le sud en est complètement dépourvu (à part la ligne de Sceaux, véritable métro suburbain).

La répartition des équipements universitaires et scientifiques est à l’inverse de celle des industries. Ils sont beaucoup plus nombreux au sud : faculté de Sceaux et centre de Montrouge, grandes écoles (École centrale des arts et manufactures) à Châtenay-Malabry, cité universitaire à Antony, Centre international d’études pédagogiques de Sèvres, observatoire de Meudon. L’ouest ne possède que l’université de Nanterre et les annexes de Clichy et Asnières-sur-Seine.

Par contre, en raison de l’opération « la Défense », la plus importante des opérations d’urbanisme lancées depuis la Seconde Guerre mondiale dans la Région parisienne, de sa situation dans l’axe de la « Voie triomphale » : Louvre, Champs-Élysées, Saint-Germain, de la réalisation du R. E. R., tout le centre de la boucle de Gennevilliers, du pont de Neuilly à Rueil-Malmaison, attire déjà de nombreux sièges sociaux et bureaux, et constitue le principal axe de développement des activités tertiaires dans la Région parisienne. C’est là qu’à juste titre, dans la « zone B » d’aménagement de la Défense, se situent, à Nanterre, la préfecture des Hauts-de-Seine et l’université de Paris-X (Nanterre).

J. B.

➙ Nanterre.

Haüy (abbé René Just)

Cristallographe français (Saint-Just-en-Chaussée, Oise, 1743 - Paris 1822).


Il a découvert l’anisotropie et l’existence d’éléments de symétrie dans les milieux cristallins et énoncé la loi des macles. Il peut être considéré comme le créateur de la cristallographie.

Le père de René Just Haüy et de son frère cadet Valentin (1745-1822), qui consacrera sa vie à l’éducation des aveugles*, est un humble tisserand. René Just attire l’attention d’un prieur d’abbaye qui lui fait donner des leçons par ses moines. Il est envoyé à Paris, où il bénéficie d’une bourse au collège de Navarre. En 1770, il devient régent de seconde au collège Cardinal-Lemoine, où il enseigne le latin. En même temps, il reçoit la prêtrise. Il s’intéresse à la botanique ; il entre un jour au cours que Louis Daubenton (1716-1800) donne au jardin des Plantes et, tout aussitôt, est conquis par la minéralogie.

Nous tenons de Cuvier le récit de la découverte qui va lui assurer la célébrité. Alors qu’il examine quelques minéraux chez un de ses amis, il brise, par maladresse, un cristal prismatique de calcite ; il remarque que la cassure est plane et que l’un des fragments présente une forme rhomboïdale analogue à celle du spath d’Islande. Rentré dans son cabinet, il attaque au marteau des cristaux de calcaire de formes diverses, et les plus petits éclats sont toujours des rhomboïdes. Il en conclut que tous ces cristaux doivent avoir des « molécules constituantes » identiques. Il n’hésite pas alors à mettre en pièces sa collection ; dans le grenat, il trouve un tétraèdre ; dans la fluorine, un octaèdre ; dans la pyrite, un cube. C’est ainsi qu’il énonce la loi fondamentale de la cristallographie — les divers cristaux d’une même espèce chimique dérivent d’une forme primitive, sur laquelle ont été effectuées des troncatures —, et qu’il précise à leur sujet la loi des caractéristiques entières, limitant les orientations de ces troncatures.

Haüy annonce sa découverte à Daubenton, qui en fait part à Laplace. Celui-ci engage en 1781 l’auteur à la présenter à l’Académie des sciences, et cette assemblée lui offre en 1783 un siège dans la classe de botanique, aucune place n’étant disponible en physique. Il publie les résultats de ses recherches dans Essai d’une théorie sur la structure des cristaux (1781).