Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hanovre (dynastie de) (suite)

La fin du règne (1784-1810)

À partir de 1784, cependant, une sorte d’équilibre fut atteint. George III, ayant surmonté son désarroi, avait, grâce à des techniques éprouvées, permis la victoire électorale de William Pitt, qui avait pris le pouvoir à la chute du cabinet de coalition, à la fin de 1783, pour le garder jusqu’en 1801 et le retrouver de 1804 à sa mort. La confiance qui existait entre les deux hommes était profonde : elle fut encore renforcée lorsque Pitt s’opposa, lors de la première crise de folie du roi, en 1788, à l’attribution de la régence au prince de Galles, mesure que réclamaient les whigs menés par Fox.

Si c’est à Pitt que revient la responsabilité des grandes mesures adoptées par le gouvernement anglais, George III suivit cependant de très près le cours des événements et, à diverses reprises, influença les décisions. Il serait donc injuste de minimiser son rôle pendant les années qui furent les plus glorieuses de son règne et qui furent aussi celles qui virent sa popularité s’affirmer. C’est alors que la révolution industrielle* entra dans une phase nouvelle, avec les innovations technologiques importantes (emploi de la machine à vapeur dans les usines). L’Empire s’accrut de façon spectaculaire avec les grandes conquêtes entreprises en Inde et la confiscation des colonies françaises, hollandaises et espagnoles pendant les grands conflits de l’époque révolutionnaire et napoléonienne. En 1800, l’Irlande fut réunie à l’Angleterre. Mais surtout, seule responsable de l’échec de Bonaparte en Égypte, destructrice de la puissance navale de la France et de l’Espagne (Trafalgar, 1805), artisan de la ruine de l’empire de Napoléon Ier (reconquête du Portugal et de l’Espagne, rôle déterminant de Wellington et des troupes britanniques à Waterloo en 1815), la Grande-Bretagne se posa comme la première puissance du monde, capable de vaincre aussi bien les armées impériales que le Blocus continental, que l’Empereur avait organisé contre elle.

Il est vrai que George III ne devait pas connaître la victoire. S’il ne mourut qu’en 1820, il était fou depuis 1810, et il devint bientôt aveugle. C’est alors le régent, le futur George IV, qui remplit l’office royal.


George IV, régent de 1811 à 1820, roi de 1820 à 1830

Dans sa jeunesse, alors qu’il n’était que prince de Galles, le futur George IV (1762-1830), fils de George III, paraissait plein de promesses. Très beau, fort intelligent, doué pour les études, il versa cependant très vite dans la débauche. Ses dépenses exagérées, son goût des femmes le rendirent bientôt très impopulaire. Il se brouilla avec son père et se lia aux ennemis politiques de ce dernier, c’est-à-dire à Fox et aux whigs. En 1785, il épousa secrètement Mrs. Fitzherbert (1756-1837), ce qui ne l’empêcha pas de contracter un mariage officiel avec Caroline de Brunswick (1768-1821) en 1794... Pourtant, la folie de son père devait faire de ce personnage douteux un élément important de la vie politique anglaise à partir de 1788. Ce n’est qu’en 1811, cependant, qu’il devint régent.


La régence (1811-1820)

On aurait alors pu s’attendre à un renversement de la situation politique et à un retour au pouvoir des whigs, amis du régent. Mais celui-ci, après avoir manifesté quelques velléités de choisir lord Grenville comme Premier ministre, se contenta de demander aux whigs de participer aux ministères tories, ce qu’ils refusèrent. Les ministères tories de Spencer Perceval (1809-1812) [il fut assassiné en 1812] et de lord Liverpool (1812-1827) se succédèrent donc sans difficulté. Le régent ne joua d’ailleurs aucun rôle important dans ces années qui virent le triomphe sur Napoléon et la grande vague d’émeutes et de mécontentement des années 1815-1820. Tout au plus son impopularité contribua-t-elle à affaiblir l’action du gouvernement.


Le règne (1820-1830)

À la mort de George III, en 1820, le régent devint le roi George IV. Le nouveau règne commença fort mal : Caroline de Brunswick, l’épouse du monarque, qui vivait retirée en Italie depuis 1814, demanda à être reconnue reine d’Angleterre. George IV refusa absolument, et le gouvernement dut proposer au Parlement un « bill » pour prononcer le divorce du roi en raison des débauches de Caroline ! L’impopularité de George s’accrut encore, et le gouvernement dut, en fin de compte, retirer le bill... Ce n’était pas que Caroline de Brunswick ait mérité un quelconque soutien : c’était plutôt qu’une telle accusation émanant d’un débauché aussi notoire que George IV était inadmissible ! La mort de Caroline de Brunswick en août 1821 tira le roi de ce mauvais pas.

Sur le plan politique, le règne fut marqué par un total abandon, de la part du roi, de ses prérogatives dans le choix des ministres : George IV accepta en 1822 l’entrée, dans le ministère, de George Canning*, qu’il détestait. En 1827, il accepta même d’en faire un Premier ministre : les derniers acquis de George III disparaissaient donc. Seuls éléments positifs du règne : les voyages accomplis en Irlande (1821) et en Écosse (1822), qui furent de gros succès populaires et révélèrent que la Grande-Bretagne était bien une réalité.


Guillaume IV, roi de 1830 à 1837

George IV ne laissait aucun héritier, sa fille Charlotte (mariée à Léopold de Saxe-Cobourg) étant morte en 1817. C’est son frère Guillaume (1765-1837), duc de Clarence, époux d’Adélaïde de Saxe-Meiningen, dont il n’avait eu que des filles, d’ailleurs mortes en bas âge, qui lui succéda. Ses compétences étaient limitées au domaine maritime (il avait exercé les fonctions de Grand Amiral jusqu’en 1828), et il ne semble pas avoir été d’une intelligence très remarquable : pourtant, sa simplicité et son honorabilité, qui contrastaient heureusement avec le règne précédent, lui assurèrent une certaine popularité. Il était d’ailleurs assez favorable aux réformes libérales.

Son rôle politique fut tout aussi effacé que celui de son frère. En 1832, il refusa cependant à lord Grey (1764-1845), dont le ministère s’efforçait de faire passer au Parlement le premier « Reform Bill » (destiné à réformer les abus du système électoral anglais), la nomination d’une « fournée » de la Chambre des lords à ce projet. Le ministère tomba, mais le bill finit par passer.

Guillaume IV mourut le 20 juillet 1837 : la couronne passait à sa nièce Victoria*.

J.-P. G.