Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Haig (Douglas Haig, 1er comte) (suite)

Chargé après la guerre de la reconversion de l’armée, il se consacrera en outre à la formation de la légion britannique des anciens combattants. Ses papiers personnels, publiés par son fils en 1952 sous le titre The Private Papers of Douglas Haig (1914-1919) et traduits en français en 1964 (les Carnets secrets de Douglas Haig), font mieux connaître la conduite de cette guerre vue du côté anglais, notamment les rôles joués par George V, Churchill et Lloyd George, les rapports de Haig avec Foch, Pétain et Pershing ainsi que la conférence de Calais où, en février 1917, Haig refusa d’être subordonné à Nivelle.

P. D.

➙ Guerre mondiale (Première).

 J. Charteris, Field-Marshal Earl Haig (Londres, 1930 ; trad. fr. le Maréchal Haig, Payot, 1930). / B. H. Liddell Hart, Réputations (Payot, 1931). / A. D. Cooper, Haig (Londres, 1935). / J. Terraine, Douglas Haig, the Educated Soldier (Londres, 1963 ; trad. fr. Douglas Haig, soldat de métier, Presses de la Cité, 1964).

Hailé Sélassié Ier

(dans la province de Harar 1892), empereur d’Éthiopie depuis 1930.


L’empereur Hailé Sélassié (« Force de la Trinité ») est né dans le Harar, dont son père, ras Makonnen (1854-1906), était le gouverneur. Celui-ci, petit-fils du roi du Choa Sahlé Sélassié, brillant chef de guerre autant que fin diplomate, était l’homme de confiance de son cousin Ménélik II (1844-1913). Le futur empereur, qui ne s’appelait encore que Tafari Makonnen, commença son éducation sous la direction de son père, puis fut confié aux missionnaires français de Harar pour apprendre le français.

Dès l’âge de quatorze ans, ras Makonnen lui a confié le commandement d’un district de sa province. Revenu à la Cour à la mort du ras (1906), il y poursuit sa formation. En 1909, il obtient le gouvernement de la province du Sidamo, où il fait preuve de remarquables qualités d’administrateur qu’il confirmera un an plus tard lorsqu’il prendra la charge du Harar (1910).

Son heure vient en 1916 avec la crise dynastique déclenchée par la conversion à l’islām du prince héritier Lidj Iyassou : le 2 septembre 1916, les grands de l’empire proclament impératrice Zaouditou, fille de Ménélik, et désignent comme régent et héritier du trône ras Tafari Makonnen. Dès lors, sa biographie se confond avec l’histoire de l’Éthiopie*. Il s’efforce de réorganiser le pays, construit des écoles et des hôpitaux, envoie de jeunes Éthiopiens en Europe pour y faire leurs études et devenir les futurs cadres de la nation. Lui-même saisit toutes les occasions pour se rendre à l’étranger, inaugurant ainsi une politique de diplomatie active qu’il n’a cessé de mener jusqu’à ce jour.

En 1928, il est proclamé roi (négus) et couronné le 7 octobre 1928. Après avoir réprimé diverses tentatives de soulèvement contre son autorité, à la mort de Zaouditou, il est reconnu comme empereur (negusa nagast = roi des rois) le 3 avril 1930. Couronné le 2 novembre 1930, il adopte le nom d’Hailé Sélassié Ier. Jusqu’à l’invasion italienne (en oct. 1935), il s’efforce de développer le pays et le dote d’une Constitution en 1931.

La défaite l’oblige à s’exiler (1936). Revenu en vainqueur dans sa capitale en 1941, Hailé Sélassié se consacre depuis sans relâche à la reconstruction et à la modernisation de l’empire. Doyen des chefs d’État africains, il joue un rôle important comme leader de l’Afrique nouvelle ; il a réussi à faire de sa capitale Addis-Abeba* un important centre de rencontres international et panafricain.

G. M.

➙ Empire colonial italien / Éthiopie / Italo-éthiopiennes (guerres).

 C. Sanford, The Lion of Judah Hath Prevailed (Londres, 1955). / C. Clapham, Haile Selassie’s Government (Londres, 1969).

Hainaut

Région qui s’étend sur l’est du département français du Nord et dans le sud de la Belgique (où elle donne son nom à une province dont le chef-lieu est Mons).
Malgré les variations de ses limites et sa division actuelle entre la France et la Belgique, le Hainaut possède des éléments d’unité, ne serait-ce d’ailleurs que dans la conscience populaire.



Le milieu naturel

Les altitudes s’abaissent du sud-est (Ardennes) vers le nord-ouest. Au sud-est se situe la terminaison de l’Ardenne prolongeant surtout le Condroz : hauteurs ou buttes de grès ou de calcaires, vers 200 m, au-dessus de creux schisteux, avec un socle souvent recouvert de sables, de craie ou de limons. Au nord-ouest de l’Ardenne s’étire un synclinal houiller. À l’ouest, le socle descend lentement ; il est, d’abord, recouvert de craie marneuse, c’est l’Avesnois, puis cette craie plonge sous la craie blanche du Cambrésis ; un dernier plongement du socle, et c’est le synclinal houiller du Valenciennois qui se prolonge, en Belgique, par celui de Mons-Borinage. À l’est, le socle descend plus vite et c’est, tout de suite, le synclinal houiller du Centre-Charleroi, début du sillon Sambre-Meuse.

A. G.


L’histoire

Peuplé de Nervii (Nerviens), l’actuel Hainaut est incorporé par les Romains dans la province de Belgique seconde. Il est attribué (peut-être) à Louis le Germanique en 837, puis à Charles le Chauve en 839 et enfin à l’empereur Lothaire Ier en 843 ; il est dès lors un comté d’Empire à la seule exception de l’Ostrevent (Bouchain, Valenciennes), qui appartient toujours au royaume de Charles le Chauve.


Le problème de l’union personnelle avec la Flandre (xie-xiiie s.)

Donné par Lothaire Ier à son gendre Gilbert († 846), incorporé au duché de la Basse-Lorraine (constitué en 959), le comté de Hainaut revient en 1029 à la descendante de ses fondateurs : Richilde. Celle-ci épouse en 1055 le futur comte de Flandre, Baudouin VI de Mons (1030-1070) qui devient Baudouin Ier de Hainaut. Purement personnelle, la première union de ces deux principautés est rompue par son bénéficiaire, qui lègue le Hainaut à son fils cadet Baudouin II (1056-1098, comte de 1070 à 1098). Elle ne se reconstitue qu’un siècle plus tard, quand Baudouin V de Hainaut (1150-1195, comte de 1171 à 1195) devient Baudouin VIII de Flandre en 1191 à la mort de son beau-frère Philippe d’Alsace. Cet ensemble territorial, qui s’est accru du comté de Namur au xiie s., juxtapose de part et d’autre de la frontière franco-germanique trois pays d’économie complémentaire : le Hainaut céréalier, en voie d’urbanisation et d’industrialisation ; le Namurois, en partie forestier, et la Flandre industrielle (draperie). Illustrés par la dignité impériale octroyée par les croisés de Constantinople à Baudouin VI de Hainaut (1171-1205, comte de 1195 à 1205, empereur de Constantinople de 1204 à 1205), bénéficiant de l’alliance anglaise pour des raisons économiques, de la protection impériale pour des raisons vassaliques, les Baudoins inquiètent les Capétiens par leur puissance.