(dans la province de Harar 1892), empereur d’Éthiopie depuis 1930.
L’empereur Hailé Sélassié (« Force de la Trinité ») est né dans le Harar, dont son père, ras Makonnen (1854-1906), était le gouverneur. Celui-ci, petit-fils du roi du Choa Sahlé Sélassié, brillant chef de guerre autant que fin diplomate, était l’homme de confiance de son cousin Ménélik II (1844-1913). Le futur empereur, qui ne s’appelait encore que Tafari Makonnen, commença son éducation sous la direction de son père, puis fut confié aux missionnaires français de Harar pour apprendre le français.
Dès l’âge de quatorze ans, ras Makonnen lui a confié le commandement d’un district de sa province. Revenu à la Cour à la mort du ras (1906), il y poursuit sa formation. En 1909, il obtient le gouvernement de la province du Sidamo, où il fait preuve de remarquables qualités d’administrateur qu’il confirmera un an plus tard lorsqu’il prendra la charge du Harar (1910).
Son heure vient en 1916 avec la crise dynastique déclenchée par la conversion à l’islām du prince héritier Lidj Iyassou : le 2 septembre 1916, les grands de l’empire proclament impératrice Zaouditou, fille de Ménélik, et désignent comme régent et héritier du trône ras Tafari Makonnen. Dès lors, sa biographie se confond avec l’histoire de l’Éthiopie*. Il s’efforce de réorganiser le pays, construit des écoles et des hôpitaux, envoie de jeunes Éthiopiens en Europe pour y faire leurs études et devenir les futurs cadres de la nation. Lui-même saisit toutes les occasions pour se rendre à l’étranger, inaugurant ainsi une politique de diplomatie active qu’il n’a cessé de mener jusqu’à ce jour.
En 1928, il est proclamé roi (négus) et couronné le 7 octobre 1928. Après avoir réprimé diverses tentatives de soulèvement contre son autorité, à la mort de Zaouditou, il est reconnu comme empereur (negusa nagast = roi des rois) le 3 avril 1930. Couronné le 2 novembre 1930, il adopte le nom d’Hailé Sélassié Ier. Jusqu’à l’invasion italienne (en oct. 1935), il s’efforce de développer le pays et le dote d’une Constitution en 1931.
La défaite l’oblige à s’exiler (1936). Revenu en vainqueur dans sa capitale en 1941, Hailé Sélassié se consacre depuis sans relâche à la reconstruction et à la modernisation de l’empire. Doyen des chefs d’État africains, il joue un rôle important comme leader de l’Afrique nouvelle ; il a réussi à faire de sa capitale Addis-Abeba* un important centre de rencontres international et panafricain.
G. M.
➙ Empire colonial italien / Éthiopie / Italo-éthiopiennes (guerres).
C. Sanford, The Lion of Judah Hath Prevailed (Londres, 1955). / C. Clapham, Haile Selassie’s Government (Londres, 1969).