Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hahn (Otto)

Chimiste et physicien allemand (Francfort-sur-le-Main 1879 - Göttingen 1968).


Otto Hahn fait ses études à Marburg et à Munich et soutient en 1901 une thèse de chimie organique à l’université de Magdeburg, où il reste assistant pendant deux ans. On lui fait des propositions intéressantes pour qu’il entre dans l’industrie chimique, à condition qu’il perfectionne sa connaissance de la langue anglaise. Aussi part-il pour Londres, où il va travailler auprès de sir William Ramsay. Celui-ci lui donnant un travail sur le radium, Hahn s’initie à la physique nucléaire, et cette dernière va désormais occuper toute son activité. C’est ainsi qu’en 1905 il découvre, parmi les impuretés du radium, un isotope radio-actif du thorium. Cette même année, il part pour un an de séjour à Montréal, où Rutherford* l’accueille dans son laboratoire. Il y étudie les déviations magnétiques des particules alpha, tout en poursuivant des recherches chimiques qui l’amènent à identifier un autre radio-élément, isotope de l’actinium.

De retour en 1906 en Allemagne, Otto Hahn va travailler à Berlin auprès du chimiste Emil Fischer (1852-1919) ; il réussit encore à isoler deux radio-isotopes, les mésothoriums 1 et 2, dont il avait deux ans plus tôt prévu l’existence pour expliquer la formation du radiothorium.

En 1907, la physicienne autrichienne Lise Meitner (1878-1968) vient de Vienne à Berlin pour se perfectionner auprès de Max Planck*. Comme les problèmes de radio-activité lui sont déjà familiers, elle fait naturellement la connaissance de Hahn, et une collaboration de trente ans va s’établir entre eux, qui cessera seulement lorsqu’elle sera contrainte, en 1938, de fuir à Stockholm auprès de Siegbahn pour échapper aux persécutions nazies. Parmi leurs travaux communs, on peut citer la découverte, en 1918, d’un élément nouveau, le protactinium, la mise en évidence du recul des noyaux émetteurs de rayons alpha, les premières séparations magnétiques de rayons bêta, qui permettront de distinguer les électrons d’origine nucléaire et ceux d’origine atomique, enfin l’observation du premier phénomène d’isomérie nucléaire.

Cependant, en 1912, Hahn était devenu professeur à l’Institut Kaiser-Wilhelm de Berlin et, en 1928, il en assure la direction.

Avant le départ de Lise Meitner, il a pris un nouveau collaborateur, Fritz Strassmann (né en 1902). À la suite des expériences de Fermi*, tous deux sont amenés à rechercher les éléments transuraniens qu’on pensait formés par la capture des neutrons dans l’uranium. C’est ainsi que, les premiers, ils formulent en 1939 la théorie de la fission nucléaire. Aussi Hahn recevra-t-il, en 1945, le prix Nobel de chimie pour 1944.

Après la Seconde Guerre mondiale, Hahn se consacre à la reconstruction de la Kaiser Wilhelm Gesellschaft à Göttingen, devenue la Max Planck Gesellschaft, et, à la mort de Planck en 1947, il en est nommé directeur.

R. T.

Haig (Douglas Haig, 1er comte)

Maréchal britannique (Édimbourg 1861 - Londres 1928).


Représentant imperturbable des vertus britanniques (Liddell Hart l’appelle « la quintessence de la Grande-Bretagne »), Douglas Haig était issu d’une très ancienne famille des Lowlands. Sorti en 1885 premier de Sandhurst dans la cavalerie, il se fait remarquer par son goût de l’instruction comme par sa virtuosité au polo. Il découvre à trente-sept ans la réalité de la guerre, d’abord au Soudan (1898), puis contre les Boers, où, de 1899 à 1902, il est chef d’état-major de la division de cavalerie commandée par French. Nommé à son retour aide de camp d’Édouard VII, il conservera d’étroites relations avec le roi, comme avec son fils George V, et épousera en 1905 miss Dorothy Vivian, dame d’honneur de la reine Alexandra. Haig se consacre à partir de 1906 à la réorganisation de l’armée anglaise : directeur de l’instruction au War Office (1906-1909), il commande en 1912 le camp d’Aldershot, où s’entraînent les divisions du corps expéditionnaire. De 1909 à 1912, il a été chef d’état-major général de l’armée des Indes.

Août 1914... Haig, qu’on appelle Lucky Haig, celui auquel la chance a toujours souri, commande le 1er corps de l’armée French et, au cours de la retraite, veille à garder avant tout le contact avec les Français. Commandant en 1915 la Ire armée anglaise, il mène en Artois les durs combats de Neuvechapelle et de Loos, mais la déception causée à Londres par leur échec entraîne la mise à l’écart de French et, le 19 décembre 1915, son remplacement par Haig à la tête des forces britanniques en France. Pour la première fois, l’Angleterre va adopter la conscription ; après les soldats de métier de French puis les volontaires de Kitchener, ce sont des contingents de « mobilisés » que Haig conduira désormais à la bataille. En 1916, c’est le demi-succès de la Somme, où il a la faiblesse d’engager inutilement les premiers chars (v. blindé). En 1917, c’est la longue série des attaques des Flandres (celle que les Anglais appellent la campagne de Passchendaele), puis la bataille de chars de Cambrai ; durant ces longs mois, Haig prend sportivement à son compte l’agressivité sur le front occidental et facilite la tâche de Pétain pour « guérir » l’armée française un moment défaillante. Rendu responsable par Lloyd George des lourdes pertes des Flandres, Haig aurait sans doute perdu sa place sans le constant appui du chef d’état-major impérial sir William Robert Robertson et celui du roi George V, qui, le 2 janvier 1918, lui remet son bâton de maréchal. La gravité de la situation interdit toute mutation ; en outre, Haig et Pétain s’entendent à merveille et préparent leur mutuel soutien. Toutefois, le coup porté par Ludendorff le 21 mars en Picardie sur la Ve armée anglaise exigera des mesures d’une tout autre ampleur et d’abord le commandement unique de Foch*, que Haig réclamera lui-même à son gouvernement. Sous la direction du généralissime allié, il mènera avec intelligence et résolution les grandes offensives qui, à partir du 8 août, conduiront les armées britanniques à la victoire.