Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

La végétation

Le tapis végétal est surtout remarquable par la très grande étendue occupée par la lande : pas moins de 70 000 km2. La montagne est son domaine par excellence. L’abondance des précipitations, la fraîcheur des étés, le lessivage de sols, très pauvres en éléments assimilables, imposent à l’arbre une limite altitudinale très basse : 500 m en Galles, 250 m dans les Highlands de l’Ouest écossais. La végétation herbacée occupe le terrain au-dessus de la limite de l’arbre : lande sèche à fougères et bruyères sur les façades orientales moins humides ; lande à sphaignes, à joncs, ériophores et molinies sur les façades occidentales les plus arrosées ; la décomposition de ces végétaux donne d’épaisses couches de tourbe, en particulier sur les plateaux du Centre gallois, de la chaîne pennine et sur les Uplands d’Écosse.

Les plaines et plateaux sédimentaires avaient, à l’état naturel, une végétation forestière où l’emportaient le chêne, le hêtre (belles hêtraies des Chiltern) et le frêne (vallées pennines). Il ne reste plus grand-chose de la forêt primitive, attaquée de toutes parts par l’homme. La Grande-Bretagne est après l’Irlande le pays le plus déboisé d’Europe (6 p. 100 seulement de sa superficie est couverte de forêts). La Forestry Commission, fondée en 1919, a planté de vastes boisements de conifères sur les terres abandonnées par l’agriculture, en particulier dans le Centre gallois, le nord de la chaîne pennine et sur les sables les plus pauvres de l’Est-Anglie.

La Grande-Bretagne a un espace agricole réduit et des ressources minières assez modestes. En dehors du charbon, très abondant mais dont l’importance économique diminue, on ne peut guère citer que le pétrole et le méthane de la mer du Nord, récemment découverts, le kaolin de Cornwall-Devon, le minerai de fer à basse teneur de la cuesta jurassique, les petits gisements de métaux non ferreux des massifs anciens (étain de Cornwall, uranium du pays de Galles et du district des Lacs), la potasse des Cleveland Hills, le sulfate de calcium et le sel gemme de la basse vallée de la Tees, le sel gemme du Cheshire.

C. M.


L’histoire

La mort de la reine Élisabeth* Ire, dernier représentant de la dynastie des Tudors*, le 24 mars 1603, fait accéder au trône d’Angleterre Jacques VI, le roi d’Écosse, qui devient Jacques Ier. Dès lors, c’est une ère nouvelle qui s’ouvre : le souverain qui règne sur cette Grande-Bretagne qui comprend l’Angleterre*, l’Écosse*, le pays de Galles* et l’Irlande* est d’emblée l’un des plus puissants de l’Europe du xviie s. ; les succès qu’Élisabeth avait remportés paraissent donc devoir se poursuivre. Il n’en sera pourtant rien : si les progrès maritimes et si l’évolution de la société anglaise seront continus, une crise profonde, dont les manifestations seront avant tout politiques et religieuses, bouleversera la Grande-Bretagne, remettant en question l’union réalisée en 1603. Ce n’est en fait qu’au xviiie s. que se trouvera établie une concordance entre l’état de développement économique et social du pays et son régime politique : la marche en avant pourra dès lors reprendre, et, à travers un long conflit avec la France (la « seconde guerre de Cent Ans »), on verra s’acheminer la Grande-Bretagne vers l’hégémonie mondiale. Mais la prééminence de la Grande-Bretagne, première puissance économique du monde, centre d’un immense empire, s’estompera à la fin du xixe s. : durement éprouvée par la crise économique de 1929 et la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne devra chercher à se réinsérer dans l’ensemble européen.


Les problèmes du xviie siècle

Le xviie s. est incontestablement dynamique sur le plan économique. C’est pendant cette période que prend place ce que certains historiens ont appelé la « première révolution industrielle », marquée par l’augmentation spectaculaire de la production métallurgique et les débuts de l’utilisation du charbon. Les navires britanniques s’imposent sur les routes du commerce mondial, tandis que les premières compagnies à monopole assurent à l’Angleterre un vaste empire colonial. Dans les campagnes, l’effort des agronomes commence à porter ses fruits, et la bonification des Fens est menée à bien.

Ce dynamisme se reflète sur le plan social : les structures de la société anglaise sont très originales par rapport à ce que l’on peut trouver, à la même époque, sur le continent. Le fait saillant est le rôle très important de la gentry, formée à la fois des cadets des familles nobles, de l’aristocratie terrienne et de membres de la bourgeoisie urbaine acquéreurs de biens fonciers. C’est une couche sociale composite et une catégorie ouverte. Elle l’est d’autant plus que le marché de la terre est extrêmement actif au xviie s. : la monarchie, aux abois, brade ses immenses domaines, les confiscations font changer de mains bon nombre de fermes et de manoirs. On peut, certes, se demander si ce mouvement ne cache pas, en réalité, une crise de la gentry ancienne, avant tout rurale, qui serait masquée par l’intégration à ce groupe de membres de la bourgeoisie urbaine. Cette situation a en tout cas deux conséquences notables. Tout d’abord, il n’y a pas de coupure stricte entre la ville et la campagne. La fortune des couches dirigeantes est investie aussi bien dans les affaires commerciales que dans la terre. Ensuite, on ne perd pas son argent à acheter des offices anoblissants comme en France : c’est plutôt le contraire, et Charles Ier devra obliger par de lourdes amendes de riches propriétaires à accepter un titre de chevalier ! À l’autre bout de l’échelle sociale, le mouvement des « enclosures », qui a amené le partage et la clôture des communaux, a chassé de leurs terres les paysans les plus pauvres, qui ne pouvaient se passer de ce complément. Si, en haut, les investisseurs sont plus nombreux et plus dynamiques qu’ailleurs, la main-d’œuvre est aussi plus abondante. Ce sont là les raisons sociales du démarrage économique de l’Angleterre, manifeste dès le xviie s.