Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

Introduction

La Grande-Bretagne, après avoir été la première puissance mondiale du début du xviiie s. jusque vers 1880 et l’initiatrice de la révolution industrielle*, a rétrogradé aujourd’hui au 6e ou 7e rang mondial. Elle garde néanmoins un rôle politique considérable dans le monde grâce à sa puissance industrielle et commerciale, à la diffusion de l’anglais, au prestige des institutions et du mode de vie britanniques.

L’archipel britannique s’étend de 50° à 61° de lat. N., à l’extrémité nord-ouest du continent eurasiatique, face à l’Atlantique ; un bras de mer large de 30 km, le pas de Calais, le sépare du reste de l’Europe. Outre l’Irlande et l’île de Man, il se compose d’une grande île, étroite et étirée dans le sens nord-sud, la Grande-Bretagne stricto sensu, et d’une foule d’îles et d’îlots qui la prolongent au nord et à l’ouest : Aran, les îles Hébrides (internes et externes), les Orcades, les Shetland, etc. La Grande-Bretagne lato sensu ainsi comprise (la grande île et les petits archipels voisins) a une superficie proche de 230 000 km2, soit 78 000 km2 pour l’Écosse, 20 800 km2 pour le pays de Galles, 130 000 km2 pour l’Angleterre.

La Grande-Bretagne lato sensu forme avec le groupe des six comtés de l’Irlande restés fidèles à la Couronne en 1921 un État souverain dit « Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ». L’appellation officielle est relativement peu usitée, le nom de Grande-Bretagne désignant le plus souvent l’État qui sera traité ainsi à cette place.


Le milieu


Structure et relief

Sur le plan structural et morphologique, la Grande-Bretagne se compose de deux parties très différentes, de part et d’autre d’une ligne Exeter-Newcastle.

• Au nord-ouest de cette ligne se trouvent les roches les plus anciennes, les vestiges des orogénies primaires, les altitudes les plus élevées. Trois plissements ont en effet affecté l’ouest de l’archipel, au début, au milieu et à la fin de l’ère primaire : un plissement d’âge sans doute cambrien, dont il reste des traces dans le nord-ouest de l’Écosse, l’île d’Anglesey et quelques pointements dans les Midlands (Charnwood Forest, Malvern) ; le plissement calédonien, étendu à l’Écosse, au district des Lacs, aux deux tiers nord du pays de Galles et dont les directions N.-E. - S.-O. s’imposent encore au relief actuel ; enfin le plissement hercynien, bien visible dans la chaîne pennine, le tiers sud du pays de Galles et la péninsule de Cornwall-Devon. Presque toutes les roches du Nord-Ouest britannique datent du Primaire ; à l’exception des calcaires carbonifères, la plupart sont acides (schistes, grès, ardoises, granité) et ne donnent naissance qu’à des sols médiocres. En dépit des longues phases d’érosion qui se sont exercées sur elles et qui sont responsables du relief de plateaux superposés, le Nord-Ouest a les plus hautes altitudes de la Grande-Bretagne : l’Écosse culmine au Ben Nevis (1 343 m), le pays de Galles au Snowdon (1 085 m), l’Angleterre au Scafell (970 m), dans le district des Lacs. La glaciation quaternaire et les processus périglaciaires ont toutefois ajouté une touche alpine (vallées en auge, cirques, crêtes aiguës) aux plus hauts sommets de l’Écosse, du district des Lacs, du Nord gallois.

Au pied des massifs hercyniens, dans des positions structurales déprimées, se sont conservées d’épaisses couches de charbon, principale richesse minière de la Grande-Bretagne.

• Au sud-est de la ligne Exeter-Newcastle, les roches, à l’exception de quelques pointements de roches anciennes dans les Midlands, appartiennent à la sédimentation secondaire et tertiaire. Les couches sédimentaires (argiles, marnes, grès, calcaires, craie) reposant sur la pénéplaine posthercynienne s’inclinent doucement des massifs anciens vers les côtes est et sud. L’érosion, exploitant les différences de dureté des roches, a mis en relief la tranche des plus dures et creusé les roches tendres sous-jacentes ; il en résulte un relief de plateaux, dépressions et cuestas qui traverse toute l’Angleterre en écharpe du nord-est au sud-ouest et dont les plus beaux exemples sont la cuesta jurassique (Cotswolds, Cleveland) et la cuesta de la craie (Chiltern, Yorkshire Wolds). Des mouvements tectoniques contemporains du plissement alpin ont imprimé aux couches sédimentaires du sud de l’Angleterre des ondulations anticlinales bien marquées ; l’érosion, défonçant ensuite les anticlinaux, a creusé de larges boutonnières comme celles du Weald, de l’île de Wight, du Val de Pewsey.

Les glaciers quaternaires issus de l’Écosse, du district des Lacs et de Scandinavie se sont avancés en Angleterre fort loin vers le sud, jusqu’à une ligne Worcester-Oxford-Londres. Leur retrait et leur fusion ont laissé sur une bonne partie des plaines et plateaux anglais une épaisse couche de moraine de fond, tantôt amorphe comme en Est-Anglie, tantôt moulée en collines ovales comme dans la plaine de Carlisle. Cette accumulation de dépôts morainiques dans les creux a atténué les dénivellations du relief préglaciaire. La fusion des glaciers, provoquant l’élévation du niveau marin, est également responsable de la formation de longs estuaires (Tamise, Humber, Severn, Forth, Tay) qui pénètrent profondément à l’intérieur des terres et de la très basse altitude, parfois inférieure au niveau moyen des hautes mers, des dépressions littorales creusées en roche tendre (les Fens, les marais du Somerset).

La Grande-Bretagne a, pour sa superficie, une très longue côte et une riche gamme de formes littorales : côtes à fjords (Écosse), à rias (Cornwall), à dunes (baie de Cardigan), à falaises de craie (Kent), cordons littoraux (Dungeness), côtes basses à vasières (estuaire du Humber), polders (Fens), etc.


Le climat

Il est fortement marqué d’influences océaniques ; aucun point du pays n’est à plus de 120 km de la côte. Surtout, la Grande-Bretagne baigne presque toute l’année dans la masse d’air polaire maritime, dont les caractères thermiques et hygrométriques varient peu d’une saison à l’autre. Les dépressions barométriques qui circulent d’ouest en est au-dessus de l’Atlantique dans la masse d’air polaire maritime ou à sa lisière sud lui valent de grosses quantités de vapeur d’eau, qui se condensent sous forme de pluie ou de neige, un apport calorifique particulièrement précieux en hiver et un temps souvent instable et venteux. Les amplitudes thermiques de l’air entre l’été et l’hiver sont très atténuées, le minimum thermique annuel est retardé jusqu’en février, et le maximum jusqu’en août, surtout sur la façade atlantique du pays (aux îles Hébrides, par exemple, le mois d’août a une température moyenne de 13 °C, et février de 5 °C). Le nombre de jours de pluie est très élevé, souvent supérieur à 200 jours par an, et les régions montagneuses de l’Ouest qui reçoivent les premières les dépressions océaniques ont des précipitations très copieuses (plus de 2 m par an dans les Highlands de l’Ouest et sur les plus hauts sommets du Cumberland). Seule la façade orientale du pays, abritée derrière l’écran des montagnes, bénéficie d’un climat un peu plus contrasté, avec des températures d’hiver relativement basses et des gelées plus fréquentes, des précipitations moins abondantes (moins de 550 mm par an dans les Fens).

À cause de la latitude et de sa position maritime, la Grande-Bretagne a un climat peu ensoleillé et souvent brumeux ou nuageux. Seules quelques stations de la côte de la Manche ont plus de 1 600 heures de soleil par an ; le total s’abaisse à moins de 1 000 heures par an dans l’extrême nord de l’Écosse.