Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

• Aidé du ministre Chauvelin, Fleury, à partir de 1730, secoue la tutelle de l’Angleterre. La guerre de la Succession de Pologne (1733-1735), si elle ne rétablit pas le beau-père de Louis XV sur le trône (défaite de Dantzig), fait du moins de Stanislas* Leszczyński, au traité de Vienne (1738), le duc d’une Lorraine qui à sa mort, en 1766, reviendra à la France.


Le règne personnel de Louis XV (1743-1754)

• Après la mort de Fleury (1743), Louis XV gouverne par lui-même. Il connaît parfaitement l’état de l’Europe, mais sa faiblesse de caractère contribue à ternir le prestige royal.

La guerre
Après 1740, l’affaire essentielle est la lutte contre l’Angleterre, qui, atteinte dans ses intérêts économiques par la prospérité de la France et son expansion en Inde et au Canada, saisit toutes les occasions de reprendre l’hégémonie.
La guerre de la Succession* d’Autriche (1740-1748) voit l’Angleterre, dans le camp autrichien, se faire battre par les Français de Maurice de Saxe à Fontenoy (1745) et en Inde par La Bourdonnais, qui s’empare de Madras (1746). La paix d’Aix-la-Chapelle (1748) ne rapporte rien à la France.
En Inde et en Amérique, les hostilités se poursuivent avec l’Angleterre sous le couvert des compagnies de commerce. En 1756, le « renversement des alliances », qui voit la France s’unir à l’Autriche et l’Angleterre à la Prusse, précède de peu la guerre de Sept* Ans (1756-1763). Sur le continent, la France est battue par Frédéric II à Rossbach (1757), et les Anglais s’emparent du Canada (1760) et de l’Inde (1761). Le traité de Paris (1763) fait perdre à la France le Canada, la Louisiane et l’Inde et consacre la prépondérance coloniale et économique de l’Angleterre.

Les aléas de la politique intérieure
L’avilissement du pouvoir politique et l’impossibilité de trouver une solution durable à la crise financière conduisent lentement l’Ancien Régime à la crise mortelle.
1745-1757 : tentatives de réforme financière par Machault d’Arnouville, qui se heurte à l’opposition des privilégiés. L’opposition janséniste est soutenue par le parlement, lui-même soutenu par les Parisiens.
1758-1770 : politique d’accommodement de Choiseul*, qui est absorbé par la guerre et la diplomatie. Après le traité de Paris, réformes militaires et navales, mais opposition des parlements de Rennes et de Paris à la levée de nouvelles taxes ; renvoi de Choiseul, accusé de soutenir les parlements (1770). Cependant, Choiseul a enregistré des succès en politique extérieure : réunion de la Lorraine en 1766, achat de la Corse en 1768.
1770-1774 : triumvirat Maupeou-Terray-d’Aiguillon. Maupeou* supprime le parlement de Paris (1771) et le remplace par six conseils supérieurs ; il abolit la vénalité des offices. Les banqueroutes partielles tentées par Terray coïncident avec une grave disette (1773).
À partir de 1740, le pays connaît une véritable révolution démographique due à la fin des famines et des grandes épidémies et aux progrès de la médecine. La longévité augmente et la mortalité infantile diminue. En 1789, la France aura 26 millions d’habitants. Cet essor favorise la consommation et partant la production. C’est aussi un facteur d’urbanisation et donc d’industrialisation. Le fait que les conflits du temps se déroulent à l’extérieur des frontières est aussi fort important. Cependant, le faible pouvoir d’achat de la paysannerie ne peut conduire, comme en Angleterre, au développement substantiel de l’industrie courante.
Le règne de Louis XV marque l’apogée des rois de la finance, et la classe commerçante commence son ascension sociale. C’est cette bourgeoisie, amie de la vie opulente — reflétée par un art à la fois somptueux et intimiste — qui adopte et patronne les « lumières* » propagées par les philosophes et les encyclopédistes, lumières qui, en se répandant, font de l’Europe une « Europe française ». Ennemie du conservatisme économique et des entraves corporatives imposés par l’État, consciente de représenter par sa richesse, sa culture, son activité, l’élément dominant de la société, la bourgeoisie s’oppose à la noblesse et rêve d’une réforme de la monarchie.


Louis* XVI et la fin de l’Ancien Régime (1774-1789)

• Le petit-fils de Louis XV, Louis XVI, bénéficie à son avènement d’une grande popularité. Malgré son intelligence et sa bonne volonté, il y a en quelques années dilapider ce précieux capital.

• Toute politique est dominée alors par le problème financier. La solution ne peut résider que dans une réduction des grands secteurs de dépenses (d’ordre militaire en particulier) et surtout dans une réforme fondamentale de la société de privilèges. Une refonte générale des structures du système étant inconcevable et l’administration financière restant anarchique, les ministres de Louis XVI ou échoueront ou en seront en fait réduits à des expédients stériles, la Cour — appuyée sur la reine Marie-Antoinette — étant hostile aux réformes fondamentales.

• 1774-1776 : Turgot* adopte une politique de libéralisme économique. Mais ses réformes échouent devant l’opposition des privilégiés et des spéculateurs. Turgot est renvoyé (mai 1776), alors qu’une grave récession économique touche la France.

• 1777-1781 : Necker* préfère, à des réformes profondes, une politique fondée sur l’emprunt et la simplification de l’administration financière (développement de la régie). La création d’assemblées provinciales, en vue de faire participer la nation à l’administration du royaume, se heurte à l’opposition des parlements.

• 1781 : Necker publie un « compte rendu au roi » concernant la situation budgétaire ; la violente réaction des courtisans privilégiés provoque son renvoi.

• 1783-1787 : Calonne* essaie alors une politique de facilité : « Dépenser pour rétablir la confiance. » Lancement de grands travaux pour stimuler l’économie (Le Havre, Cherbourg) ; impôt foncier (1787). Réunion de l’Assemblée des notables (févr. 1787), qui s’opposent à toute réforme supprimant les privilèges ; renvoi de Calonne (avr. 1787). Sur le plan extérieur, Vergennes* pratique une politique de prestige ; il intervient dans la guerre de l’Indépendance de l’Amérique sans pour cela abattre la puissance anglaise.