Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Alphonse X le Sage (suite)

On trouve le reflet de l’activité scientifique du roi dans les livres d’astronomie intitulés Tablas alfonsíes (Tables alphonsines) et Libro de la octava esfera, où sont mêlées les mathématiques et l’astrologie. C’est aussi à l’initiative de ce souverain que l’on doit des livres de jeux et de divertissements tels que le Libro de axedrez (Manuel d’échecs) et un traité sur le jeu de dames.

R. G.-P.

➙ Castille / Espagne / León / Marīnides / Reconquista.

 G. Cirot, Études sur l’historiographie espagnole. Les histoires générales d’Espagne entre Alphonse X et Philippe II (Fontemoing, 1905). / R. Menéndez Pidal, La Crónica general de España que mando componer Alfonso el Sabio (Madrid, 1916). / A. Ballesteros, El Imperio alemán en la Edad Media y el pensamiento imperial de un monarco español (Madrid, 1918). / J. Ríos Sarmiento, Alfonso X, su vida y sus obras (Barcelone, 1942). / C. Castro, Antología de Alfonso el Sabio (Madrid, 1944). / A. G. Solaline, Alfonso X el Sabio. Antología (t. XXX de la coll. Cristol ; Madrid, 1944). / J. Llampayas, Alfonso X. El hombre, el rey, el sabio (Madrid, 1947). / J. A. Sánchez Pérez, Alfonso X el Sabio (Madrid, 1953).

Alphonse XIII

(Madrid 1886 - Rome 1941), roi d’Espagne de 1886 à 1931.


Fils posthume d’Alphonse XII (1857-1885) et de sa seconde femme, la reine Marie-Christine de Habsbourg - Lorraine (1858 - 1929), Alphonse XIII naît le 17 mai 1886. Il est immédiatement proclamé roi, mais le pouvoir est confié à sa mère jusqu’au 17 mai 1902, date à laquelle, ayant atteint l’âge de seize ans, il commence à régner.

C’est pendant la Régence, la plus longue de l’histoire espagnole, qu’ont lieu, d’une part, la guerre avec les États-Unis, qui se termine par la signature du traité de Paris (1898), marquant la fin de l’empire colonial (Cuba, Porto Rico, les Philippines), et, d’autre part, la prise d’une petite partie de l’Afrique équatoriale, comprenant le territoire de Río Muni (1900).

Le 31 mai 1906, Alphonse épouse à Madrid la princesse anglaise Victoria Eugenia de Battenberg et Saxe-Cobourg (1887-1969), petite-fille de la reine Victoria. Le jour même de leur mariage, l’anarchiste Mateo Morral lance sur le cortège une bombe qui fait plusieurs blessés dans la foule, mais ne touche pas le couple royal. Juste un an plus tôt, lors de sa première visite officielle à Paris, le roi avait également échappé à un attentat perpétré rue de Rivoli.


La monarchie constitutionnelle (1902-1923)

Il est clair que, dès le premier Conseil des ministres qu’il préside, le souverain penche pour le pouvoir personnel. À cette époque, le chef du gouvernement est un libéral, Práxedes Mateo Sagasta (1825-1903), qui doit céder, en 1902, le pouvoir au conservateur Francisco Silvela (1845-1905). Ce dernier abandonne la vie publique un an plus tard et est remplacé à la tête du parti par Antonio Maura (1853-1925), dont les mesures trop conservatrices provoquent une agitation sociale intense : celle-ci atteint son paroxysme au cours de la « semaine tragique » de Barcelone (1909). Maura y met fin en faisant fusiller Francisco Ferrer Guardia (1859-1909), intellectuel anarchiste, fondateur de l’école moderne, que l’opinion internationale érige en martyr de la libre pensée.

La chute du gouvernement Maura, en 1909, amène au pouvoir Segismundo Moret (1838-1913). De tendance libérale, il est remplacé peu de temps après par José Canalejas (1854-1912), plus libéral encore, dont la carrière est brusquement interrompue par l’attentat de Manuel Pardinas, qui l’assassine en pleine rue en 1912. Le 27 novembre de cette même année, le comte de Romanones (1863-1951) étant président du Conseil, la France et l’Espagne signent un traité qui règle définitivement la question du protectorat du Maroc.

S’ouvre alors une période d’instabilité ministérielle et de troubles politiques, qui se termine par l’attentat perpétré porte d’Alcalá, à Madrid, par Casanellas, contre le Premier ministre conservateur Eduardo Dato (1856-1921) : celui-ci a maintenu la neutralité espagnole pendant la Première Guerre mondiale. Ce conflit a d’ailleurs créé une situation très délicate au sein même de la famille royale, car la reine mère, d’origine autrichienne, était favorable aux Empires centraux, alors que la reine Victoria Eugenia était naturellement du côté des Alliés.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les vicissitudes de la politique intérieure de l’Espagne et la question du Maroc, qui jette le pays dans une guerre qui fait plus de 20 000 victimes, se traduisent par le désordre et les crises, qui atteignent leur point culminant en 1921, année du désastre du corps expéditionnaire à Anoual (ou Annual).


La dictature (1923-1930)

Ces désordres aboutissent au « pronunciamiento » (13 septembre 1923) de Miguel Primo de Rivera, général commandant la région militaire de Catalogne, qui s’inspire en partie de la marche sur Rome de Mussolini et de ses chemises noires. La dictature de Primo de Rivera, qui s’étend sur sept ans, comprend deux volets : le Directoire militaire (1923-1925), consacré surtout à la liquidation de la guerre du Maroc, et le Directoire civil (1925-1930), engagé dans une politique de redressement économique axé principalement sur un vaste plan de travaux publics, élaboré sous l’égide du comte du Guadalhorce. L’opposition intellectuelle, représentée en premier lieu par le penseur Miguel de Unamuno et les écrivains Blasco Ibáñez et Valle-Inclán, ainsi que les répercussions de la crise financière internationale de 1929 entraînent la chute du dictateur, le 28 janvier 1930.


La liquidation du régime (1930-1931)

Commence alors la troisième et dernière période du règne d’Alphonse XIII.

Le général Dámaso Berenguer (1873-1953) ne réussit à rétablir ni l’ordre ni l’équilibre. L’opposition qui, hier encore, militait contre le dictateur, se retourne maintenant contre le roi et la monarchie. Les grèves se succèdent et entravent l’application des solutions proposées par Berenguer. C’est ainsi que se produit le soulèvement militaire de Jaca, le 12 décembre 1930, organisé par les officiers Fermín Galán (1899-1930) et Ángel García Hernández (1900-1930) aux cris de « Vive la république ! ». Le mouvement est étouffé, ses instigateurs sont fusillés, mais cette effusion de sang exaspère l’opinion publique, qui se tourne de plus en plus vers les idées républicaines, sans que le dernier gouvernement de ce règne, présidé par le vieil amiral Juan Bautista Aznar (1860-1933), puisse faire quoi que ce soit.

Les élections municipales du 12 avril 1931 sont défavorables à Alphonse XIII. Le 14 avril, alors que flotte le drapeau tricolore (rouge, jaune et violet) dans presque toute l’Espagne et que la république est proclamée à Barcelone, le souverain abandonne Madrid pour éviter une effusion de sang, puis quitte l’Espagne à Carthagène pour Marseille.

L’exil mène le souverain dans diverses villes européennes : Fontainebleau, Londres, Lausanne et enfin Rome, où il passe les dernières années de sa vie. Il y meurt le 28 février 1941, après avoir abdiqué en faveur de son troisième fils, Juan, comte de Barcelone.

R. G.-P.

➙ Espagne / Primo de Rivera (Miguel).