Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

football (suite)

Le football français

Comme presque tous les footballs d’Europe, le football français contemporain fut importé par des étudiants anglais qui ne parvenaient pas à renoncer à leur sport favori. La période moderne du football français commence il y a un siècle. Ce n’est pas étonnant que cette naissance ait eu lieu dans un port du Nord-Ouest, c’est-à-dire tourné vers l’Angleterre : Le Havre, où des étudiants anglais s’ennuyaient le dimanche. Ainsi naquit le Havre Athletic Club (le HAC) le 15 avril 1872.

La progression du football français fut assez lente en cette fin du xixe s., la France étant restée longtemps une nation essentiellement agricole, alors que les villes et leurs usines facilitaient, au contraire, la naissance de groupes d’hommes, donc d’équipes qui en sont l’émanation directe en même temps que la forme supérieure. Il y eut également à résoudre les problèmes politiques, c’est-à-dire de direction. Avant de devenir la plus puissante des fédérations sportives, approchant aujourd’hui le million de membres, la Fédération française de football (la F. F. F., ou « 3 F ») connut de nombreuses péripéties, des scissions, des transformations bien compréhensibles. Les deux plus grandes dates du football français furent la création de la Coupe de France et celle du championnat professionnel. La Coupe de France (dont la première finale fut remportée en 1918 par l’Olympique de Pantin) devait donner lieu à la plus populaire des épreuves sportives en France et à la plus démocratique, puisque le plus petit des clubs possède sa chance. Il suffit de s’inscrire et... de gagner tous les matches jusqu’au dernier ; la finale a été souvent rehaussée par la présence du chef de l’État.

L’autre épreuve a également son importance, car elle a permis de structurer l’élite afin de pouvoir la dégager : c’est la création du professionnalisme en 1932.

Depuis la fin de la Première Guerre mondiale jusqu’à cette date, c’est le mécénat qui réglait les problèmes de gestion des plus grands clubs français. Il y avait surtout le Racing Club de Paris (le Racing), Sochaux (qui bénéficiait des premiers efforts de relations publiques d’une grande marque d’automobiles, à savoir Peugeot) et le Football Club de Sète.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le football français se trouvait à la fois affaibli par celle-ci (pertes humaines et matérielles considérables) et assoiffé de liberté, dont le sport est bien l’un des plus évidents symboles. Le football connut alors une période d’engouement extraordinaire ; tous les stades étaient pleins. La finale de la Coupe, en 1950, qui avait opposé Reims au Racing Club de Paris, permettait au vieux stade de Colombes de battre son record d’affluence : près de 62 000 spectateurs payants.

L’équipe de France obtenait de bons résultats avec des victoires retentissantes à Prague, Lisbonne, manquant de très peu, en octobre 1951, l’exploit « historique », représenté par la première défaite de l’Angleterre sur son terrain.

Puis progressivement, sans qu’on s’en aperçoive, le déclin s’amorça aussi bien sur le terrain que dans les tribunes. La France se reconstruisait, se mécanisait, se « télévisait » aussi. Les jeunes se trouvaient de plus en plus sollicités par de nombreuses activités. Le football français perdait petit à petit son monopole de joie du dimanche.

Il eut cependant un sursaut : en 1958, lors de la Coupe du Monde disputée en Suède, les Français, animés par Paul Nicolas, terminaient troisièmes de ce championnat mondial. Cette équipe de France était à ossature rémoise (Kopa et Fontaine en tête), le stade de Reims étant à l’époque une des meilleures équipes européennes.

À partir de 1960 s’amorça un long déclin, que la qualification pour la Coupe du monde de 1966 ne parvint pas à masquer : le comportement de l’équipe de France en Angleterre fut très décevant, tout comme celui des clubs champions, en Coupe d’Europe, jusqu’à l’avènement de Saint-Étienne, demi-finaliste en 1975 et finaliste en 1976.

Les causes de cette crise sont multiples, et les spécialistes sont rarement d’accord pour les déterminer. Il y a certes des problèmes d’économie, un nombre trop élevé de clubs, la longueur des transports qu’impose un pays comme le nôtre et plus encore l’élévation du niveau de vie, éléments auxquels il faut ajouter la grande pluralité sportive en France, l’absence de concours de pronostics, la responsabilité technique des entraîneurs, mais aussi de l’État pour ce qui concerne, par exemple, le sport à l’école. À cette liste, il faudrait encore ajouter l’énorme attraction exercée par les paris sur les chevaux, le « tiercé » surtout, qui détourne à la fois les fonds et l’attention du plus grand nombre de Français. En 1976, un renouveau paraît cependant s’annoncer avec des joueurs de talent (M. Trésor et M. Platini).

R. V.

 G. Green, History of the Football Association (Londres, 1953). / J. Ferran, Football (Kister, Genève, et la Grange-Batelière, 1962). / H. Weisweiler, Die Fussball (Berlin, 1962). / J.-P. Rethacker, le Football (la Table ronde, 1963). / J. Mercier, le Football (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966). / F. Garel, Football. Technique, jeu et entraînement (Amphora, 1969). / J.-C. Grivot, Crampons, ballon rond (Éd. 2000, 1970). / J.-P. Rethacker et J. Thibert, la Fabuleuse Histoire du football (O. D. I. L., 1975). / R. Herbin et J.-P. Rethacker, Football. La technique, la tactique, l’entraînement (Laffont, 1976).


Les plus grands joueurs du monde

Il n’est guère difficile de classer les meilleurs joueurs de football contemporains. Ils sont cinq, qui, à des titres divers, ont connu une popularité mondiale.


Pelé

(Três Corações, Minas Gerais, 1940). Le plus célèbre est le Brésilien Edson Arantes do Nascimento, plus connu sous le nom de Pelé. On l’a surnommé le « roi Pelé », et il est vrai que le monde est son royaume. Révélé au niveau international à Santos, Pelé ne devait plus quitter ce club. Sa prodigieuse popularité a commencé dès ses dix-huit ans, à l’occasion de la première Coupe du monde, qu’il disputa en Suède, avec le Brésil en 1958. Parti comme remplaçant, il revint en triomphateur. Quinze ans de gloire absolue devaient accompagner son personnage aux quatre coins du globe. Pelé possède une technique de prestidigitateur, un coup d’œil de chasseur de fauves, son intuition du placement est prodigieuse, et c’est en outre un buteur rayonnant, un merveilleux soliste, mais qui sait aussi être un parfait équipier.

Vainqueur de trois Coupes du monde, blessé au cours d’une quatrième, Pelé demeurera un des sportifs les plus populaires de tous les temps.

Derrière Pelé, incontestablement numéro un, viennent quatre très grands joueurs dont il est difficile de départager les mérites et classés par ordre alphabétique.


Alfredo Di Stefano