Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Finlande (suite)

L’architecture finlandaise moderne

Dans le domaine artistique, la Finlande ne s’était guère distinguée du reste de l’Europe du Nord jusqu’au début de ce siècle : ce n’était en effet ni l’art populaire scandinave, ni l’architecture bourgeoise, directement influencée par la Prusse, qui avaient pu lui donner un rôle spécifique.

C’est seulement avec la crise du nationalisme qu’est apparu un art spécifiquement finnois et donné pour tel : bien significatif est le titre de « romantisme national » donné au mouvement fondé par le peintre Akseli W. Gallen-Kallela (1865-1931), dont l’atelier dans le Wildmark, en 1894, marque la naissance d’une architecture nouvelle. Ce mouvement devait connaître rapidement une consécration internationale : le pavillon finnois à l’Exposition universelle de 1900, à Paris, s’inspire aussi bien de l’architecture médiévale religieuse de la Scandinavie que de la tradition littéraire, riche en significations symboliques. Cette symbiose du nationalisme et du symbolisme, propre à l’art du début de ce siècle, les trois architectes du pavillon finnois — Eliel Saarinen* (1873-1950) et ses associés Herman Gesellius et Armas Lindgren — la conduiront à son aboutissement en 1902 avec la maison en troncs d’arbres de Hvitträsk, près d’Helsinki. Plus tard, Eliel Saarinen sera l’auteur de la gare centrale d’Helsinki (1904-1914), comparable par sa maturité aux meilleures œuvres de l’Allemand Peter Behrens ou de l’Autrichien Josef Hoffmann ; enfin, il s’expatriera aux États-Unis.

Après la Première Guerre mondiale, la Finlande s’enferme de nouveau dans un certain provincialisme : le Parlement, de style néo-classique, dû à Johan Sigfrid Sirén (1931), et les monuments commémoratifs d’Erik Bryggman (1891-1955) ne retiennent guère plus l’attention que l’architecture sociale populiste, à tendance régionaliste, représentée par la cité-jardin Käpylä d’Helsinki (Martti Välikangas, 1920-1925).

Aussi la naissance d’une architecture nouvelle n’en apparaît-elle que plus subite. Elle s’identifie au génie d’un homme plus qu’à celui d’une nation : l’exposition pour le 700e anniversaire de la ville de Turku, en 1929, est le point de départ de l’œuvre d’Alvar Aalto*, en même temps que celui de l’architecture moderne en Finlande.

Avec le sanatorium de Paimio (1929-1933) et la bibliothèque de Viipuri (auj. Vyborg, 1927-1935), Aalto dépasse le langage du fonctionnalisme au moment même où celui-ci se définit en Europe : il y introduit une richesse dans l’espace, dans l’éclairage qui en transforme la portée. Puis, avec la fabrique de Sunila ou la villa Mairea, c’est l’implantation et le matériau lui-même qu’il bouleverse. Dès lors, le « nouvel empirisme scandinave » franchit les frontières de son pays et vient se situer à l’avant-garde des mouvements internationaux. En même temps, la sensibilité d’Aalto rayonne sur ses compatriotes, introduisant dans l’œuvre tardive d’Erik Bryggman une dimension humaine qui n’est pas sans attrait : ainsi la chapelle du cimetière de Turku, bâtie entre 1938 et 1941, trouvera-t-elle un écho jusque dans la Christ Lutheran Church de Minneapolis (Eliel et Eero Saarinen*, 1949-50).

Après la Seconde Guerre mondiale, l’architecture finlandaise se signalera de nouveau, non seulement par les travaux d’Aalto (hôtel de ville de Säynätsalo, église de Vuoksenniska), mais aussi par ceux de la génération suivante : à côté d’Aarne Ervi (né en 1910) — dont la ville nouvelle de Tapiola, près d’Helsinki, est considérée comme un modèle d’urbanisme —, c’est surtout Viljo Revell (né en 1910) qui, après avoir été l’assistant d’Aalto, puis le chef du Bureau de la reconstruction (et, comme tel, le maître de la jeune génération), s’est distingué en remportant en 1958 le concours pour l’hôtel de ville de Toronto, au Canada ; le plasticisme du projet a pu paraître à cette date comme un événement.

Néanmoins, c’est surtout à travers Aalto, et aussi à travers le style de mobilier scandinave, dont il a été un initiateur, que la Finlande s’est acquis une réputation internationale ; ainsi des architectes tels que Heikki et Kaija Siren (nés respectivement en 1918 et en 1920) ont-ils pu, après de nombreux travaux en Finlande (chapelle à Otaniemi, 1957 ; école primaire à Tapiola, 1958), construire jusqu’en France, où ils sont les auteurs d’un ensemble de logements au Val-d’Yerres, près de Paris (1970).

F. L.

 N. E. Wickberg, Byggnadskonst i Finland (Stockholm, 1959). / J. M. Richards, A Guide to Finnish Architecture (Londres, 1966).

Firdūsī ou Ferdowsi

Poète persan (près de Ṭūs, Khurāsān, v. 932 - id. v. 1020).


D’une famille de petits propriétaires terriens, dès sa jeunesse, Abū al-Qāsim Manṣūr Firdūsī s’intéressa à rédiger en vers certains récits du passé national iranien. Mais c’est à l’âge d’homme qu’il entreprit l’œuvre maîtresse de sa vie, le Livre des rois, ouvrage qu’il mit une trentaine d’années à écrire. Il voulut porter lui-même ce monument en vers, une fois achevé, au plus grand souverain du monde iranien de l’époque, Maḥmūd de Rhazna (999-1030). De ce voyage à Rhazna, le poète attendait une consécration solennelle de son génie, ainsi que les récompenses dues à son labeur. Maḥmūd ne lui fit ni les louanges ni les largesses escomptées : déçu, Firdūsī reprit le chemin de sa province, passa les dernières années de son existence à de nouvelles rédactions et à des remaniements du Livre des rois. Il mourut dans le dénuement.

Le Livre des rois (Chāh-nāmè) est un poème en plus de 60 000 vers et qui compte parmi les plus grandes épopées de la littérature universelle. Il retrace les légendes et l’histoire liées à la Perse depuis l’origine des temps jusqu’à la conquête arabe au viie s. de notre ère.