Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Espagne (suite)

Seules les montagnes qui dominent les régions intérieures portent de beaux massifs forestiers : celles de l’Est, plus sèches, ont des peuplements de pins mêlés au chêne vert et au chêne lusitanien et font place en altitude à un genévrier africain. Dans l’Ouest, les montagnes sont beaucoup plus arrosées : le chêne vert est supplanté en hauteur par le chêne rouvre et le hêtre, d’autant plus abondants que l’on approche du nord-ouest de la Péninsule.

• La façade septentrionale, de la Galice aux Pyrénées centrales incluses, dont les reliefs énergiques sont heurtés de plein fouet par les vents d’ouest, subit une forte influence océanique. Aux hivers doux et humides succèdent des étés relativement frais, dont l’aridité est sensiblement atténuée par l’humidité de l’air. Au Pays basque et dans les Pyrénées, les pluies orageuses d’été sont même suffisamment abondantes pour qu’il n’y ait aucun mois sec. C’est l’Ibérie humide, dont la verdure surprend le voyageur qui vient de l’intérieur : au-dessus des prairies qui occupent les fonds de vallée, les pentes se parent de beaux manteaux forestiers d’arbres à feuilles caduques où dominent le chêne pédoncule et le hêtre avec un sous-bois de fougères. Quand on s’élève en altitude, le hêtre tend à l’emporter, puis fait place au pin sylvestre, lequel est supplanté à son tour par le sapin et le pin à crochet.

Cependant, une nette tendance à la podzolisation rend les sols acides, surtout en Galice. Aussi, comme dans les terres océaniques, la chênaie se reconstitue-t-elle difficilement quand elle a été détruite par l’homme ; à sa place se développe une lande à genêts et bruyères.

En dehors de cette frange humide, l’Espagne est donc marquée par la sécheresse. Et comme toutes les terres sèches, elle est une terre d’excès : alors que l’on recherche avidement l’eau plusieurs mois par an, de brutales averses peuvent ruiner les sols et provoquer des crues dévastatrices. Il arrive, en effet, qu’il tombe plus de 100 mm en une seule journée. Mais il arrive aussi qu’il ne pleuve pas de toute une année dans le Sud-Est. Cette irrégularité interannuelle est cause d’incertitudes.

La mise en valeur rationnelle suppose donc d’abord la maîtrise de l’eau. Elle nécessite en second lieu l’amélioration des sols : l’insuffisance du drainage dans les profils en limite l’évolution, d’autant que l’humus n’est fourni qu’avec parcimonie par la maigre végétation. Bien souvent, les sols sont squelettiques ou de médiocre qualité.

Si l’on rappelle enfin les difficultés d’accès à l’intérieur qui gênent considérablement la vie de relation, on comprendra les nombreux obstacles que la nature oppose à la mise en valeur. Pourtant, les techniques contemporaines permettraient assez aisément de les surmonter.

L’âpreté du milieu n’apparaît pas alors comme la cause essentielle du retard de l’Espagne.

R. L.


Les principales étapes de l’histoire d’Espagne


Préhistoire

L’Espagne est peuplée dès le Paléolithique inférieur, comme en témoignent les restes de culture troglodyte caractéristiques du Neandertal découverts sur les rives du Manzanares (Madrid), à Torralba del Moral (Soria), à la Cueva del Castillo (Santander) et à Gibraltar.

On attribue aux hommes de Cro-Magnon du Paléolithique supérieur les peintures rupestres des régions du golfe de Biscaye (grottes d’Altamira, près de Santillana del Mar, situées dans ce qui est actuellement la province de Santander) et du Levant (Alpera, au nord-ouest d’Albacete et Cogull, au sud de Lérida).

Le Néolithique commence avec les tribus nomades venues d’Afrique du Nord, qui s’adonnent essentiellement au pâturage. De nombreux vestiges sont parvenus jusqu’à nous : céramique et monuments mégalithiques tels que les dolmens d’El Soto (Huelva) et de la grotte de Menga (près d’Antequera, dans la province de Málaga).

C’est à la période énéolithique qu’appartiennent les objets trouvés à Los Millares (Almería) et le développement de la civilisation dite « des vases campaniformes », qui apparaît en Andalousie orientale avant de s’étendre à toute l’Europe.

L’abondance du cuivre et la proximité de gisements d’étain sont à l’origine de la civilisation qui prédomine dans la Péninsule à l’âge du bronze. Cette civilisation est représentée en premier lieu par le gisement d’El Argar (Almería). Aux Baléares sont construits des monuments qui portent les noms de talayots (tours carrées ou circulaires, en forme de pyramide ou de tronc de cône), servant de tours de guet, de taulas (deux grandes dalles placées l’une sur l’autre en forme de T), édifices religieux, et de navetas (ressemblant à un navire renversé), à usage probablement funéraire.

L’âge du fer. En Espagne, cette période n’est pas comprise entièrement dans la préhistoire puisqu’elle va de l’an 1000 au début de notre ère. Il reste peu de chose en Espagne de l’époque de Hallstatt. C’est à l’époque de La Tène (à partir de 500) que commence véritablement à s’épanouir la culture proprement ibérique, influencée par la Grèce et Rome.


Premiers peuplements


Les Ibères*

Les premiers habitants historiquement connus sont les Ibères, qui s’installent dans la Péninsule à la période néolithique. Leur origine et leur provenance ne sont pas encore bien établies, quoique les recherches les plus récentes les tiennent pour des populations africano-méditerranéennes.


Les Tartessiens

Ils s’établissent en Andalousie occidentale et atteignent leur plein épanouissement entre 750 et 500 av. J.-C.


Les Celtes

Venus d’Europe centrale, ils envahissent l’Europe occidentale et méridionale au cours de l’âge du fer. La première invasion celte dans la Péninsule date environ du viiie s. av. J.-C. Les envahisseurs, repoussés par les Tartessiens au sud et par les Ibères à l’est, s’installent par la suite (vie s. av. J.-C.) sur le plateau castillan et dans les régions occidentales (Galice, Portugal).