Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
E

Espagne (suite)

Les Celtibères

En occupant le plateau, les Celtes se mélangent aux indigènes, constitués principalement par les Ibères, pour former une nouvelle population connue sous le nom de Celtibères.


Autres peuples

Vers le iiie s. av. J.-C. existe toute une série de peuples et de tribus d’origine ibère, celte et celtibère : Turdetains, Bastétans et Orétans au sud ; Déitans, Edétans, Ilercavons, Cosésans, Payétans, Lacétans, Ilergètes, Ausétans et Indigètes à l’est ; Cantabres à Santander ; Astures en Asturies ; Galaiques en Galice et au Portugal ; Lusitains en Estrémadure et dans une partie du Portugal ; enfin Carpetans, Vettons et Vaccéens au centre.


Les Basques

L’origine de ce peuple vivant au nord de l’Espagne est inconnue, et les théories selon lesquelles la langue basque serait une survivance de la langue ibère ou appartiendrait à la famille des langues caucasiennes ne sont absolument pas probantes. (V. basques [provinces].)


Premiers colonisateurs


Les Phéniciens

Peuple de tradition maritime et commerciale, ils fondent plusieurs colonies le long de la côte africaine et arrivent en Espagne en 1100 av. J.-C. Ils y créent Gadir (auj. Cadix), puis Sexi (auj. Almuñécar), Malaca (auj. Málaga), Abdera (auj. Adra) et Carteia (auj. Algésiras).


Les Grecs

Attirés par la richesse des gisements métallifères de l’Espagne, ils envoient leurs navigateurs vers les côtes de la péninsule Ibérique (viie s. av. J.-C.). Ces derniers monopolisent le commerce et fondent diverses colonies aux Baléares ainsi qu’à l’est et au sud du pays : Hemeroskopeion (auj. Denia), Mainake (dans les environs de Málaga), Emporion (auj. Ampurias), Rhodê (auj. Rosas), Akra Leukê (auj. Alicante), Alonai.

L’influence hellénique marque la culture ibérique, et l’on peut voir à Ampurias d’intéressants vestiges de la civilisation grecque en Espagne.


Les Carthaginois

Ils débarquent vers 654 av. J.-C. dans l’une des îles Baléares, où ils fondent la colonie d’Ebusus (auj. Ibiza). En 535 av. J.-C., après la déroute des Phocéens à Alalia (auj. Aléria, en Corse), les Carthaginois s’aventurent dans le sud de l’Espagne, détruisent Mainake, soumettent les Tartessiens et occupent pratiquement toute la côte méridionale.


Rome

Jalouse de la puissance carthaginoise, Rome s’engage dans la première guerre punique (264-241 av. J.-C.) et en sort victorieuse. Pour compenser les pertes subies, les Carthaginois entreprennent la conquête de l’Espagne. Hamilcar Barca prend la tête de l’armée et, après avoir remporté quelques succès, est battu par le chef orétan Orissón et tué au cours de sa fuite (229 av. J.-C.). Son gendre Hasdrubal, qui lui succède, signe le traité de l’Èbre avec les Romains (226 av. J.-C.), aux termes duquel l’est de l’Espagne, et par conséquent toutes les colonies grecques qui s’y trouvent, passe sous la domination de Carthage. Sur l’ancienne agglomération de Mastia, il crée la ville de Carthago Nova (auj. Carthagène).

Après l’assassinat d’Hasdrubal (221 av. J.-C.), Hannibal* assume le commandement des troupes et décide d’élargir la zone d’influence carthaginoise en territoire espagnol. Il s’empare de Salmantica (auj. Salamanque) et d’Arbucala (auj. Toro) et s’apprête à conquérir la côte orientale jusqu’à l’Èbre. Le siège de Sagonte (219 av. J.-C.), ville alliée à Rome, qui dure huit mois pendant lesquels les habitants font preuve d’un héroïsme extraordinaire, engendre la seconde guerre punique (218-201 av. J.-C.). Laissant en Espagne son frère Hasdrubal, Hannibal se rend en Italie, mais, après lui avoir été favorable à plusieurs reprises, la fortune se retourne contre lui et l’oblige à partir pour l’Afrique. La perte de Gadir (206 av. J.-C.), premier et dernier bastion des Carthaginois, marque la fin de leur domination en Espagne.


La conquête de l’Espagne par Rome

Malgré les victoires de Cneus et de Publius Cornelius Scipion, les Romains sont aux prises avec divers soulèvements indigènes, notamment de la part des Ilergètes, des Turdetains, réprimés par Caton l’Ancien (195 av. J.-C.), des peuples de l’intérieur (180 av. J.-C.), des Lusitains (147-138 av. J.-C.), dirigés par Viriathe, et des Celtibères (143 av. J.-C.), qui se couvrent de gloire en défendant âprement la ville de Numance et en se donnant la mort avant d’y laisser entrer Scipion Emilien, en 133 av. J.-C.

• 195 av. J.-C. : l’Espagne est divisée en deux provinces, l’Hispania Citerior et l’Hispania Ulterior, séparées par l’Èbre, que gouvernent des préteurs et des propréteurs.

• 45 av. J.-C. : Jules César fait route vers l’Espagne pour y combattre les lieutenants de Pompée. Il l’emporte sur les fils de ce dernier, Cneius et Sextus, à Munda.

• Les Cantabres (29-19 av. J.-C.) et les Astures se soulèvent contre la domination romaine, et Auguste se rend en Espagne pour les soumettre en 26, objectif qui n’est atteint qu’en 19 av. J.-C. grâce à Agrippa.

• Dès lors, toute la Péninsule est soumise au pouvoir unificateur de Rome, qui impose à la fois sa langue et ses lois. Sous Auguste, l’Espagne est divisée en trois provinces : la Lusitanie, la Bétique et la Tarraconaise, administrées par des légats.

• 21 apr. J.-C. : la Gallaecia (Galice, Asturies et nord du Portugal) vient s’ajouter aux précédentes provinces.

Rome doit à une Espagne profondément romanisée et où abondent les monuments romains, plusieurs personnages éminents : les écrivains Sénèque, Lucain, Martial, Quintillien, Columelle et Pomponius Mela ; les empereurs Trajan, Hadrien, Théodose et Marc Aurèle, dont la famille était originaire de Bétique.


Le christianisme

Comme partout, les origines chrétiennes en Espagne sont enveloppées d’obscurité et aussi de légendes, dont la plus célèbre est la venue en Espagne de l’apôtre saint Jacques le Majeur ; mais cette tradition, si elle ne remonte pas au-delà du viie s., est restée vivace dans un pays dont saint Jacques reste le principal patron. En tout cas, au iiie s., il existe une Église ibérique déjà organisée, Église qui va donner de nombreux martyrs et qui va rayonner dans toute la chrétienté jusqu’à l’arrivée des Arabes.