Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cycle de reproduction (suite)

Cycle haplophasique

Quant au cycle haplophasique, nous en trouvons un exemple (fig. 5) avec le cas d’une Algue d’eau douce : le Spirogyre (Chlorophycée). La réduction chromatique a lieu, dans ce cas, dès la première division de l’œuf. Un thalle se forme par germination de l’œuf. Ce thalle, qui n’est autre que le filament vert (au chloroplaste en hélice) caractéristique de cette Algue d’eau douce, représente un gamétophyte. La fécondation s’effectue par gamétangie entre deux de ces filaments haploïdes, dont l’un est considéré comme mâle et l’autre comme femelle en raison de l’abri que ce dernier donne à l’œuf fécondé. On peut trouver aussi des cas de cycles haplophasiques chez les Champignons (exemple : Albugo candida).

Nous venons d’être amenés, avec le Spirogyre, à distinguer entre deux types de thalles, dont l’un porte les gamètes mâles, l’autre les gamètes femelles. Ce cas, opposé à celui du prothalle de Fougère, qui porte à la fois les organes mâles et les organes femelles, montre qu’il existe dans la nature des cycles à deux gamétophytes, l’un mâle, l’autre femelle (on parle alors d’hétérothallisme [Spirogyre]) et des cycles à gamétophyte unique, à la fois mâle et femelle (on dit alors qu’il y a homothallisme [prothalle de Fougère]).

Si nous poursuivons ce raisonnement, nous serons amenés à constater :
— 1o que, s’il n’existe qu’un seul type de prothalle chez la Fougère, il n’en va pas de même chez les Prêles (exemple : Equisetum maximum), qui possèdent des prothalles unisexués, soit mâle, soit femelle. Toutefois, dans ce cas, ces deux types de prothalles, (fig. 6) morphologiquement distincts, sont issus de spores apparemment identiques. On dit qu’il y a isosporie ;
— 2o que, dans le cas des Sélaginelles (fig. 7) par exemple, outre l’hétérothallisme lié à l’existence de deux types de prothalles, on peut constater une hétérosporie, c’est-à-dire la présence de spores morphologiquement distinctes, les unes petites, ou microspores, donnant les prothalles mâles, les autres beaucoup plus grosses, ou macrospores, donnant les prothalles femelles. Les microspores et macrospores proviennent respectivement de microsporanges et macrosporanges portés à des niveaux différents par l’épi sporifère qui prolonge le rameau de Sélaginelle.

Or, souvenons-nous de ce que nous avons dit à propos des plantes à fleurs. Les sacs polliniques constituent les sporanges mâles puisqu’il s’y produit la réduction chromatique. Ce sont les équivalents des microsporanges de la Sélaginelle. Ils forment des spores, qui sont donc équivalentes aux microspores et qui, en germant, donnent les prothalles, ou grains de pollen. Le nucelle de l’ovule, ou sporange femelle, constitue donc un macrosporange, tandis que la spore qui donnera le prothalle femelle (endosperme ou sac embryonnaire suivant qu’on a affaire à une gymnosperme ou à une angiosperme) n’est autre qu’une macrospore.

Ainsi, une plante à fleurs représente un sporophyte puisqu’elle est issue de la fécondation et qu’à son niveau se forment des spores, mais ce sporophyte porte en son sein un gamétophyte non individualisé, soit sous forme du grain de pollen, soit sous forme du sac embryonnaire de l’ovule. Il existe, inversement, chez les végétaux, des exemples intéressants montrant une incorporation (moins poussée, certes) du sporophyte au gamétophyte. C’est le cas chez les Mousses (fig. 8). Les pieds mâles ou femelles de Mousses constituent des gamétophytes provenant de la germination des mêmes spores haploïdes. La fécondation a lieu sur les pieds femelles. L’œuf qui se forme se développe directement sur ces pieds femelles et à leurs dépens, en donnant un sporophyte appelé sporogone, morphologiquement distinct mais non indépendant du gamétophyte. Ce sporogone porte des spores, qui seront dispersées et redonneront des tapis de Mousse formés chacun de nombreux pieds, les uns mâles et les autres femelles.

Le cas de l’Homme, et des animaux en général, est à rapprocher de celui des végétaux à fleurs. En effet, issu de la fécondation, l’être humain, s’il donne naissance, apparemment, aux gamètes, n’en est pas moins le siège de la réduction chromatique. Ses gamètes, en effet, se forment à partir de cellules haploïdes qui, issues de la réduction chromatique, peuvent être comparées à des microspores (gamétogenèse mâle) ou à des macrospores (gamétogenèse femelle). Le testicule est ainsi l’équivalent du sac pollinique ou du microsporange, et l’ovaire celui du nucelle de l’ovule végétal ou du macrosporange. Mais alors, que sont devenus les prothalles mâles et femelles ? On peut admettre que, très réduits chez les plantes à fleurs, ils n’existent pas chez les animaux. Quoi qu’il en soit, le tronçon gamétophyte du cycle se trouve bien inclus, là aussi, dans le tronçon sporophytique ; l’Homme et les animaux constituent bien, avant tout, l’équivalent zoologique d’un sporophyte.


Particularités de certains cycles reproductifs

Un cas intéressant est celui des Algues rouges, par exemple du genre Polysiphonia (fig. 9). Chez ces Algues, à la suite de la fécondation, naît un individu diploïde, porté par le pied femelle, le gonimoblaste, qui rappelle le sporogone des Mousses. Mais, en fait, le gonimoblaste, lui, émet des spores diploïdes qui donneront naissance à un individu lui aussi diploïde. Cet individu diploïde, tout à fait semblable aux pieds mâles et femelles, donc aux gamétophytes, porte des sporanges où se produit la réduction chromatique et libère des spores qui sont justement à l’origine de ces pieds mâles et femelles. Ainsi, la diplophase est représentée non par un individu, mais par la succession de deux individus. Ce serait donc une erreur que de penser qu’il n’existe que des spores haploïdes. Mais le monde des Champignons, dont la diversité des cycles de reproduction est extrême, peut nous fournir des exemples encore meilleurs de la complexité que peuvent présenter certains cycles et de la variété des types de spores.