Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

communisme (suite)

En 1940, Marty est à Moscou, qu’il a gagné clandestinement. Il rejoint Alger en octobre 1943 et devient le secrétaire de la délégation du Comité central du P.C. en Afrique du Nord. À la Libération, il entre au secrétariat du parti. Il est alors, derrière Thorez et Duclos, le numéro 3 du P.C. Ses tentatives pour assumer plus de responsabilités se soldent par un échec. Mettant à profit des divergences politiques surgies notamment à la Libération, alors que Marty ne voyait pas d’un très bon œil l’abandon des perspectives révolutionnaires immédiates, on lui retire toutes ses fonctions en décembre 1951. Il est exclu du parti en janvier 1953 pour travail fractionnel, et il se retire dans sa province natale.


Waldeck Rochet

(Sainte-Croix, Saône-et-Loire, 1905). D’abord berger, puis petit maraîcher, ce Bourguignon deviendra l’un des dirigeants de la section agraire du P.C. auquel il adhère en 1924. En 1934, à son retour de Moscou, ou il a passé trois ans à étudier à l’école du Komintern, il est nommé secrétaire de la Section agraire en remplacement de Renaud Jean. Pendant vingt-cinq ans, hormis l’intervalle de la guerre qu’il passe à Londres, il s’occupera essentiellement des questions paysannes, tout en franchissant les échelons de l’appareil. En 1936, il est membre du Comité central et est élu député de Puteaux. Il accède au bureau politique en 1945 ; il est élu alors député de Saône-et-Loire, puis d’Aubervilliers. En 1959, il apparaît au secrétariat, en troisième position dans la hiérarchie, derrière M. Thorez et J. Duclos. En mai 1961, on crée pour lui le poste de secrétaire général adjoint du P.C. Le XVIIe Congrès (14-17 mai 1964) le nomme secrétaire général, Maurice Thorez devenant président du parti.

À la mort de Thorez, Waldeck Rochet tente d’instaurer une direction collégiale. Après les difficultés causées par le grand ébranlement social de mai-juin 1968, il prend l’initiative de condamner l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’armée soviétique. Quelques mois plus tard, gravement malade, il abandonne en fait ses fonctions. Il est élu président d’honneur du parti au XXe Congrès (déc. 1972).


Pierre Semard

(Prany-sur-Saône 1887 - Évreux 1942). Cheminot à la Compagnie P. L. M., révoqué à la suite des grèves de 1920, il devient secrétaire général de la Fédération des cheminots en juin 1921, puis membre de la commission exécutive et du bureau confédéral de la C.G.T.U. En janvier 1924, au IIIe Congrès de Lyon, il est élu en même temps que Maurice Thorez au Comité directeur du P.C. Il devient secrétaire général du parti en août de la même année. Il restera à ce poste jusqu’en 1930. En 1936, à la suite de la fusion de la C.G.T. et de la C.G.T.U., il est, de nouveau, secrétaire général de la Fédération des cheminots. Mobilisé à la déclaration de guerre, il est arrêté par le gouvernement Daladier (1939). Le 7 mars 1942, il est fusillé par les Allemands à Évreux.


Maurice Thorez

(Noyelles-Godault, Pas-de-Calais, 1900 - en mer Noire 1964). Fils et petit-fils de mineur, il entre à douze ans comme trieur de pierres à la fosse de Dourges. C’est là et aussi dans l’exercice de multiples métiers auxquels il s’essaie ensuite qu’il acquiert la connaissance intime du prolétariat.

Il adhère à la S.F.I.O. et, avec sa fédération, se rallie à la IIIe Internationale. Après le service militaire (1920-1922), il milite dans les Jeunesses communistes et au syndicat des mineurs C.G.T.U. Délégué au IIe Congrès du parti (1922), Thorez devient en 1923 permanent et secrétaire de la fédération du Pas-de-Calais. Le congrès de Lyon (janv. 1924) l’élit au Comité directeur. Envoyé en U. R. S. S., il y rencontre pour la première fois Staline.

Le parti le met à l’épreuve en lui confiant la direction du Comité central d’action contre la guerre du Rif, ce qui lui vaut la condamnation de la justice. Membre du bureau politique (1925), secrétaire à l’organisation du Comité central, il est contraint à la clandestinité et arrêté en juin 1929. Libéré (avril), secrétaire général (juill. 1930), il mène la lutte contre le groupe Barbé-Célor (déc. 1931) et parvient à éliminer J. Doriot (juin 1934).

Thorez contribue largement dès 1934 à l’élaboration et à l’application de la ligne politique antifasciste du Front* populaire. En avril 1936, il devient secrétaire général du parti.

Le 4 octobre 1939, après avoir approuvé le pacte germano-soviétique, il passe à la clandestinité : il séjourne en Belgique et en Suisse, puis part pour Moscou. Il ne rentrera en France qu’en novembre 1944.

Élu député aux deux Assemblées constituantes (1945-46), puis à l’Assemblée nationale, ministre d’État dans les gouvernements de Gaulle, puis Ramadier, il veut faire du P.C. un parti de gouvernement et collabore à la reconstruction de la France. Mais, avec les autres ministres communistes, M. Thorez quitte le pouvoir en 1947. Frappé d’une congestion cérébrale en 1950, il reprend (avr. 1953), après une longue convalescence en U. R. S. S., la direction effective du P.C. En mai 1964, il quitte le secrétariat général pour la présidence du parti, mais il meurt en juillet.


Quelques figures du parti communiste italien


Giorgio Amendola

(Rome 1907). Il est le fils d’un député libéral, Giovanni Amendola (1882-1926), qui évolua de l’aile droite nationaliste à l’aile gauche de son parti et qui, en 1924, se réfugia sur L’Aventin en signe de protestation après l’assassinat du socialiste Giacomo Matteotti. Bâtonné à sang par les fascistes toscans, Giovanni Amendola mourut à Cannes au printemps 1926.

Giorgio Amendola adhère en 1929 au parti communiste italien par antifascisme. Interné de 1932 à 1937, puis exilé en France, en Tunisie et de nouveau en France jusqu’en avril 1943, il devient membre du Comité de libération et représente le P.C.I. dans la junte militaire. Rejoignant Milan et Parme, il est arrêté par les Allemands, qui ignorent son identité et le relâchent au bout de douze jours. Il se bat alors à Turin, et c’est lui qui dirige l’insurrection de cette ville à la Libération (avr. 1945). Membre du gouvernement italien en qualité de sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil de juillet 1945 à juillet 1946, il est élu, au Ve Congrès du parti, membre de la direction (janv. 1946). Dès lors, G. Amendola défend l’unité d’action avec l’ensemble des partis de gauche.


Enrico Berlinguer