Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Chopin (Frédéric) (suite)

Repères biographiques

1806

Mariage entre Nicolas Chopin, de souche lorraine, et Justyna Krzyżanowska.

1810

Naissance de Frédéric Chopin, le 22 février, à Żelazowa Wola, en Mazovie. La famille Chopin s’installe quelques mois plus tard à Varsovie.

1816

Chopin a pour professeur de piano Żwyny, qui lui fait connaître Bach et Mozart.

1818

Premier concert public de Chopin.

1824

Chopin entre au conservatoire de Varsovie et y travaille l’harmonie et le contrepoint avec Józef Elsner.

1828-1829

Voyages à Berlin, à Vienne, à Prague et à Dresde. Chopin s’éprend de Constantia Gładkowska.

1830

Le 2 novembre, à trois semaines de l’insurrection polonaise, il quitte Varsovie pour Vienne.

1831

Il passe quelques semaines à Munich et à Stuttgart, et arrive en décembre à Paris, où il se fixe.

1836

Fiançailles de Chopin avec Maria Wodzińska. Elles sont rompues par Maria durant l’été 1837.

1837-1847

Liaison de Chopin avec George Sand. L’hiver 1838 est vécu à Majorque, dans la chartreuse de Valdemosa ; les étés se passent à Nohant.

1848

Voyage de Chopin à Londres et en Écosse, où il est invité par miss Jane Stirling.

1849

Mort de Chopin, phtisique, le 17 octobre, en son appartement du 12 de la place Vendôme.

choral

Chant religieux.



La situation historique

En 1517, Martin Luther affiche à Wittenberg ses thèses favorables à la Réforme. Il entreprend — avec ses collaborateurs — l’organisation de la nouvelle Église et réserve une large place à la musique en général, au choral en particulier. À partir de 1524, cette forme deviendra progressivement un principe structurel et restera jusqu’à nos jours l’apanage de la musique protestante. Au xvie s., la réforme religieuse est suivie de la réforme scolaire. L’enseignement musical est poussé en vue de la diffusion de la liturgie luthérienne (à base de chorals) ; elle est assurée par les maîtrises.


Les sources du choral

Les historiens distinguent trois sources : emprunt au répertoire religieux existant (chant grégorien), emprunt au répertoire profane (Tenorlied, forme autochtone, avec mélodie au ténor) et compositions originales. La traduction allemande de textes latins entraîne quelques réajustements rythmiques et mélodiques. Luther encourage la création de textes en rapport avec l’année ecclésiastique. Il en résultera un choix de chants populaires et simples, accessibles à tous.

Les différentes acceptions du terme « choral »

Choral protestant

• Mélodie liturgique servant de principe structurel à de nombreuses œuvres vocales et instrumentales depuis la Réforme.

• Chant des fidèles participant au culte luthérien.

Prélude de choral pour orgue

• Œuvre polyphonique fondée sur un thème de choral et exécutée par l’organiste avant le chant de l’assemblée, pendant le culte protestant.

• Selon la technique : choral-cantus firmus ; choral-motet ; choral fugué ; choral orné ; canon ; fantaisie ; partita ; variation.

Cantate-choral

• Cantate reprenant toutes les strophes d’un choral (par exemple : J.-S. Bach, Christ gisait dans les liens de la mort).


Le choral jusqu’à J.-S. Bach

La première génération de musiciens, contemporains de Luther, comme Johann Walther, adapte et harmonise des poèmes latins et allemands sur une mélodie antérieure. En Alsace, l’apport original se manifeste dès 1525 ; le chantre strasbourgeois Mathias Greiter propose des timbres utilisés pour plusieurs textes différents. Jusqu’à Ludwig Senfl, la forme reste tributaire de la tradition du motet franco-flamand.

Avec la deuxième génération, le choral se libère progressivement de l’emprise grégorienne, les créations augmentent, la mélodie plane à la partie supérieure. Dans les chorals de Lucas Osiander (1586), strophiques, syllabiques et homorythmiques, le contrepoint note contre note remplace le contrepoint fleuri ; leur écriture permet à « toute une assemblée chrétienne de participer au chant ».

La troisième génération contribue à la monodie accompagnée, à l’air et au concert spirituel. Ces formes sont traitées par Heinrich Schütz, Johann Hermann Schein, Samuel Scheidt, qui préparent la voie à J.-S. Bach et à la double destination du choral, à la fois cultuelle et culturelle. Jusque vers 1750, le choral connaîtra un essor considérable dans la musique instrumentale et dans la musique vocale.


Le choral à partir de J.-S. Bach

J.-S. Bach* dispose de quelque 5 000 chorals appropriés à toutes les fêtes et évoquant les principes fondamentaux de la foi protestante. Le Cantor de Leipzig insère ces mélodies dans ses cantates, passions, motets et recueils pour orgue (Chorals du dogme, Petit Livre d’orgue...). À cet âge d’or succède une phase de décadence, de la fin du xviiie s. jusque vers le milieu du xixe, où le choral s’aligne au goût du jour.

Le choral instrumental intervient dans la symphonie par association d’idées (Mendelssohn : symphonie la Réformation ; Schumann, choral de la Symphonie rhénane) ou comme principe structurel (final de symphonies, chez Brahms, d’Indy et Mahler ; Symphonie pour cordes d’A. Honegger).

Conscients de l’héritage hymnologique et des différentes techniques de composition, les musiciens utilisent le choral avec une signification liturgique ou paraliturgique (chorals pour orgue de C. Franck ; chorals pour orgue de Brahms ; choral dans le Psaume XLVI de F. Schmitt). De nombreux compositeurs traitent — dans le langage harmonique contemporain — des timbres de chorals : Günter Bialas, Hugo Distler, Siegfried Reda, en Allemagne ; H. Gagnebin, R. Vuataz, en Suisse ; A. Cellier, M.-L. Girod, Ch. Kœchlin, G. Migot, H. Dutilleux, en France. En outre, les organistes protestants improvisent sur des thèmes de chorals.


La forme

Le choral destiné au culte est un cantique syllabique, homorythmique, proche de la chanson populaire, avec des respirations à la fin des phrases. Sa structure est strophique, avec reprise de la mélodie des deux premiers vers ; A B A′ B′ C D E F. Le texte, nettement perceptible, reflète la mentalité de l’époque : objectivisme (Réforme), subjectivisme (Contre-Réforme), primauté du sentiment sur la doctrine (Piétisme), tendance moralisante (Rationalisme), militante (Réveil). Au xxe s., les uns — tournés vers le passé — recherchent la pureté originelle des mélodies ; les autres — soucieux de renouveler le répertoire — créent des chorals plus réalistes, qu’ils harmonisent dans l’idiome de leur temps.