Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Châtaignier (suite)

Pour enrayer les dégâts, les traitements fongicides étant difficiles à utiliser, on fait surtout appel au Châtaignier du Japon, C. crenata, qui fut introduit en France vers 1925 par le Muséum et qui résiste à la maladie et fructifie dès l’âge de deux ans. Malheureusement, la saveur des fruits est inférieure à celle de la châtaigne commune. Aussi le greffage de branches de C. sativa sur souche de C. crenata est-il de plus en plus propagé. Cette maladie difficile à combattre est de beaucoup la plus grave et menace de destruction totale les forêts de Châtaigniers.

Une autre maladie, arrivée en France en 1956, le chancre de l’écorce, s’étend surtout depuis 1962. De nombreuses recherches à partir de clones réfractaires provenant d’hybridations entre Châtaigniers français, japonais et chinois sont poursuivies actuellement par l’Institut National de la Recherche Agronomique pour sauver la châtaigneraie française.


Le bois

En dehors de leur production fruitière, les Châtaigniers sont utiles grâce à leur production de bois, qui est employé en charpente (planches), les jeunes branches servant à faire des cercles de tonneaux et des tuteurs. Son bois dur, se fendant facilement, est en outre recherché pour le travail des cuirs à cause de sa forte teneur en tanin.

J.-M. T. et F. T.

château

Forteresse urbaine ou isolée et, par extension, logis seigneurial, même lorsque celui-ci a perdu toute fonction défensive et devient une demeure de plaisance.



Introduction

Le terme médiéval de château s’est perpétué plus de trois siècles en Occident pour désigner la demeure rurale des Grands. Cela tient certainement à des raisons fonctionnelles, à la survivance de certaines dispositions ; mais avant tout à un statut juridique, aux prérogatives attachées à ce type d’habitation. C’est bien la en effet le caractère spécifique du château de plaisance, que rien ne distinguerait autrement ; car la demeure patricienne, aux champs comme à la ville, est de tous les temps et de tous les pays.

Dès l’Antiquité, des solutions équivalentes répondent aux mêmes besoins : exploitation, logement, défense quand l’insécurité règne. Seuls les termes changent ; on appelle volontiers palais les demeures supposées celles de potentats indépendants, tels le palais crétois de Cnossos ou ceux, fortifiés, de Mycènes et de Tirynthe, en Grèce. Ailleurs, on les qualifie de villas, pour les assimiler aux exploitations agricoles des grands propriétaires romains. Toute défense est superflue durant la « paix romaine », aussi les diverses parties de l’édifice peuvent-elles s’étaler librement. Les invasions du ive s. contraindront cependant à mettre ces demeures en état de défense, au moins temporairement ; car la villa mérovingienne, ou carolingienne, reste le plus souvent « ouverte » et, si l’on en juge par le plan de Saint-Gall, il en sera encore de même vers 820 pour un programme équivalent d’exploitation rurale, celui du monastère. (V. bénédictins.)


La forteresse

Les invasions avaient eu pour conséquence d’obliger les villes, au moins, à se retrancher dans des enceintes comparables à celles des cités antérieures à l’Empire (v. fortification). Le système défensif comprenait des points forts, tours rondes ou carrées réunies par des courtines crénelées, et des ouvrages avancés renforçaient le point faible offert par les portes. Sur la partie la plus élevée, une forteresse, le castellum, permettait à la garnison de résister encore après l’investissement de la ville. Voici donc ce terme de château employé dès l’époque romaine pour désigner la citadelle. Au Moyen Âge, il gardera encore ce sens, mais il s’appliquera surtout à la demeure rurale fortifiée du seigneur féodal. On pourrait retrouver ailleurs cette double valeur du terme ; ainsi, en Afrique du Nord, la casbah représente aussi bien une forteresse isolée que celle qui commande une ville.


En plaine et en montagne

Par une permanence remarquable, et face à des moyens d’attaque depuis longtemps connus, l’insécurité des temps féodaux fera parfois reprendre des solutions plus que millénaires : le site élevé de Vézelay ou celui de Coucy répondent en France à ceux des oppidums de Roquepertuse ou d’Entremont. Mais elle donne aussi aux techniciens l’occasion d’améliorer leurs méthodes. Les « engigneors » (fabricants d’engins de siège), ancêtres de nos ingénieurs modernes et du corps du génie, transforment le château en un organisme complexe où les problèmes d’habitation sont résolus sans négliger les nécessités d’une défense active.

La ville médiévale, sise dans une vallée à la rencontre de la voie fluviale avec une route terrestre, a en général un tracé radioconcentrique. Mais quand le relief n’a pas perturbé le gril du cadastre romain, ou lorsqu’il s’agit d’une ville nouvelle, le plan est souvent en rectangle. C’est le cas d’Aigues-Mortes, fondée par Saint Louis au milieu du xiiie s. et qui va servir de modèle à la « ville fermée » de Vincennes (v. 1370). En fait dans ce dernier exemple, on parle volontiers de « château », car l’exiguïté du terrain, 6 ha, en fait plutôt une vaste résidence à l’échelle de la cour royale, une de ces multiples forteresses de plaine, au tracé régulier, destinées à disparaître en tant que telles devant les progrès de l’artillerie tout en imposant leur plan aux châteaux de plaisance qui leur succèdent. Par contre, les châteaux forts construits sur des crêtes, inutilisables à d’autres fins, subsisteront en général à l’état de ruine ; ils donneront l’image romantique du nid d’aigle, du repaire de brigands, dont le Haut-Kœnigsbourg est l’un des plus saisissants, au même titre que maints châteaux des Carpates ou d’Espagne.


De la tour au donjon

Le Moyen Âge reprend et amplifie les systèmes de flanquement antiques, les tracés en crémaillère ; les hourds de bois deviennent au xiie s. des mâchicoulis de pierre complétés par des profils en talus. Peut-être faut-il voir là l’influence des fortifications établies en Terre sainte, région pauvre en bois (le krak des Chevaliers).