Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Ceylan (suite)

Mais le régime de Mme Bandaranaike doit faire face à une très grave crise économique. Ebranlé par les événements de 1971, le gouvernement mit en œuvre un programme de réforme agraire (comprenant notamment la nationalisation des plantations de thé et d’hévéas), mais il maintint l’état d’urgence. Aux élections de 1977, Mme Bandaranaike est battue par le conservateur Junius Jayawardene, qui devient président de la République en 1978 et laisse ses fonctions de Premier ministre à Ranasinche Pramadasa.

➙ Bouddhisme / Empire britannique / Inde.

 G. C. Mendis, The Early History of Ceylon (Calcutta, 1932). / W. I. Jennings, Nationalism and Political Development in Ceylon (New York, 1950). / W. H. Wriggins, Ceylon, Dilemmas of a New Nation (Princeton, 1960). / E. F. C. Ludowyk, The Story of Ceylon (Londres, 1962) ; The Modern History of Ceylon (Londres, 1966). / Notes et études documentaires, nos 982 et 3442 (la Documentation française, 1948 et 1967). / R. Dumont, Paysanneries aux abois (Éd. du Seuil, 1972).


L’art

Souvent considéré comme un simple prolongement de l’art de l’Inde, avec lequel il a d’ailleurs d’étroits rapports, l’art de Ceylan révèle toujours, en dépit du rôle joué par un fonds religieux commun et par les périodes de sujétion politique, une indéniable et constante originalité, préservée, surtout dans le domaine des arts mineurs, jusque durant la période coloniale. Comme l’histoire, l’art est d’abord lié aux progrès du bouddhisme, progrès tels que l’île, point d’aboutissement, deviendra très tôt un centre de rayonnement vers l’Asie du Sud-Est et l’Extrême-Orient. Spécialement concentrée autour des anciennes capitales, qui sont à juste titre les sites les plus célèbres de Ceylan, la richesse archéologique et artistique de l’île est considérable.


L’art et l’histoire

L’activité de Ceylan, durant la préhistoire, ne diffère pas sensiblement de celle de l’Inde contemporaine. L’âge de la pierre s’y termine par la même phase microlithique ; le Chalcolithique et l’âge du fer marquent le passage à la protohistoire. Quelques caves comportent des gravures et des peintures antérieures à la période historique. Des dolmens et des cistes se rencontrent dans les provinces est et nord-centrale. La céramique est représentée, dès le Mésolithique, par une poterie noir et rouge, puis par des poteries en terre grossière, à décor sommairement gravé. Remaniés, les vestiges contemporains de l’introduction du bouddhisme sont localisés grâce aux chroniques ; les contacts avec le commerce romain ne sont attestés que par les monnaies impériales découvertes, assez nombreuses, au cours des fouilles. À la première période historique doit être rapporté le début des travaux d’irrigation et de construction de barrages qui, jusqu’à la conquête chola du xie s., assureront à l’île sa prospérité.


La période d’Anurādhapura

Au cœur d’une région autrefois savamment aménagée du point de vue hydraulique, l’ancienne capitale, mentionnée dès le iiie s. av. J.-C., doit son renom à son importance politique et surtout religieuse. Son rôle politique prend fin en 992, lorsqu’elle est ravagée par les Colas (ou Cholas), mais les souverains y procéderont à de nombreuses restaurations jusqu’en 1290. Les premiers travaux de l’époque moderne répondaient d’abord à un sentiment religieux que légitiment les fondations les plus vénérables de la cité : stūpa élevés pour des Reliques corporelles du Bouddha, temple abritant une bouture de l’Arbre de la Bodhi de Bodh-Gayā*.

Deux phases peuvent être distinguées. Des origines à la fin du règne de Mahāsena (v. 300) apparaissent les premières constructions en brique ou en pierre : stūpa, de dimensions souvent considérables (Anurādhapura, Mihinṭalē, Mahāgāma, etc.) et progressivement enrichis ; trônes de pierre (āsana) évoquant le Vajrāsana ; prāsāda, constructions mixtes à étages, dont ne subsistent que les bases et les piliers du rez-de-chaussée (Lohapāsāda, ou Palais d’airain, restauré par Parākrama Bāhu Ier). La sculpture, presque exclusivement en bas relief, est de caractère souvent symbolique et trahit une forte influence de l’art Andhra. Dans la seconde phase, qui s’achève en 992, les stūpa restent les fondations les plus fréquentes et évoluent vers un aspect plus original. D’abord colossaux, ils en viennent à des dimensions plus modestes aux viiie-ixe s. et s’enferment parfois dans une enceinte circulaire (cetiyaghara). Deux types de sanctuaires se développent : l’un de plan carré, avec cella isolée par un couloir pourtournant ; l’autre de plan barlong, avec piliers intérieurs. Comme les jardins d’agrément du Palais, les grands monastères s’ornent de nombreux bassins aménagés dans un souci évident de composition. À Sīgiriyā, la forteresse-palais construite par le roi Kassapa Ier (473-491) affirme cette volonté avec ses perspectives savantes et ses terrasses étagées. À côté de la terre cuite et du stuc, le bas-relief joue un rôle prépondérant dans la sculpture et acquiert sa parfaite originalité dans la distinction : stèles ornées de gardiens, pierres de seuil... La sculpture rupestre, avec des images monumentales (Avukana, Buduruvegala, etc.), connaît une vogue certaine. Les statues en ronde bosse, pierre ou bronze, sont des images du Bouddha ou des divinités mahāyāniques. La peinture murale est représentée par les « fresques » de Sīgiriyā et des chambres reliquaires des stūpa (Mihinṭalē).


La période de Polonnaruwa

Avec la conquête chola, responsable de la ruine du système d’irrigation, le pouvoir administratif passe à Polonnaruwa, dont l’importance est attestée dès le viiie s. Durant le xie s., la soumission de Ceylan aux Cholas réduit les ateliers cinghalais (ou, mieux, singhalais) à l’inaction, et les seules fondations de Polonnaruwa sont les temples śivaïques élevés par les occupants dans le style dravidien pour des idoles qui semblent avoir été importées (bronzes). Avec la restauration de la souveraineté cinghalaise (Vijaya Bāhu Ier [1056-1110]), l’Administration demeure à Polonnaruwa, suscitant restaurations et fondations nouvelles (Aṭadāgē, temple de la Dent-Relique). Après quarante années de luttes intestines, la véritable renaissance débute avec le règne de Parākrama Bāhu Ier (1153-1186). Le souverain et son successeur s’efforceront de restaurer les fondations utilitaires et religieuses, et développeront un vaste programme de construction qui répond à une politique de grandeur. Les stūpa, la salle d’audience du Palais, les grands temples de Tivaṅka et de Laṅkātilaka, l’ensemble rupestre de Gal-Vihāra comptent parmi les réalisations les plus remarquables de cette époque, dont les stucs, les bois sculptés, la peinture murale ont exercé une très forte influence sur l’art du Sud-Est asiatique.

L’attaque de Māgha, avec des forces du Kerala, met fin à cette période (1236). Marquée par l’instabilité politique, la longue période de déclin qui s’ensuit voit encore élever, dans les capitales éphémères, des ensembles remarquables, tels que les fortifications de Yāpahuva (xiiie s.) et leur célèbre porche précédé de terrasses étagées.