Ceylan (suite)
La période de Kandy
Siège de la royauté indépendante de 1592 à 1815, dans un site admirable, Kandy est le dernier centre où se sont épanouies les traditions cinghalaises. Les édifices, au charme coloré, n’ont plus, néanmoins, la classe des constructions antérieures. Tous font une place importante au décor de bois sculpté (ancienne salle d’audience, temple de la Dent-Relique). La sculpture et la peinture acquièrent un caractère plus populaire, une certaine sécheresse et s’accommodent de diverses influences indiennes et occidentales ; mais les arts mineurs conservent une remarquable vitalité.
L’architecture
Porté par trois terrasses étagées, le stūpa (dāgāba) est d’abord hémisphérique, et ce n’est que tardivement que seront définis six types différents. Le yūpa octogonal du sommet fera place à une flèche conique évoquant l’empilement des parasols (viiie s.). Autour du stūpa apparaissent des retables (vāhalkaḍa) de plus en plus importants, des petites chapelles, des autels pour les offrandes. À l’intérieur, une chambre reliquaire, généralement à trois étages, au plafond soulagé par des vides de la maçonnerie, abrite les dépôts précieux. Certains stūpa comportent un soubassement carré, avec emmarchements ; d’autres s’enferment à l’intérieur d’enceintes de piliers et d’une muraille, sans doute associées à des toitures légères (Anurādhapura : Thūpārama ; Polonnaruwa : Thūpārama ; Vaṭadāgē). Pour les sanctuaires, la construction à étages, sur piliers, associant pierre et bois, joue un rôle important.
L’architecture de la première période ne liaisonne la brique qu’au mortier d’argile et assemble la pierre suivant des procédés de charpenterie. Au xie s., les monuments dravidiens élevés par les Cholas seront sans influence sur l’architecture locale, qui, dans la période de Polonnaruwa, revient aux compositions traditionnelles. L’utilisation du mortier de chaux lui permettra de réaliser de vastes salles voûtées pour les images monumentales (Laṅkātilaka). Constamment, l’architecture de Ceylan attache un prix particulier aux perspectives comme à la beauté et à la sobriété du décor.
La sculpture
C’est dans l’art du bas-relief et dans ses ensembles rupestres que la sculpture révèle ses qualités de distinction, de douceur et d’esprit. Après une première phase très indienne et un peu raide, elle connaît son âge d’or dans la période d’Anurādhapura, et les réalisations des viiie et ixe s. sont d’une qualité que ne retrouvera plus l’art de Polonnaruwa, déjà un peu maniéré, en dépit de la grandeur mesurée de certaines œuvres (« Parākrama Bāhu » de Polonnaruwa). Sauf dans l’art du bronze, très libre, la ronde-bosse paraît souvent hiératique, et une tendance à la stylisation s’impose à partir du xiiie s. pour aboutir à l’art conventionnel de la période de Kandy, la vie se réfugiant alors dans la sculpture sur bois et dans l’art des ivoiriers.
La peinture
L’élégance de l’art du bas-relief se retrouve, alliée à un graphisme très sûr, dans les célèbres peintures de Sīgiriyā, proches de l’art d’Ajaṇṭā*, et dans celles des chambres reliquaires. Les unes et les autres témoignent de la qualité des œuvres de la période d’Anurādhapura, comme les « fresques » deTivaṅka caractérisent l’art de Polonnaruwa. La période de Kandy se fait moins raffinée, mais, très active, pleine de verve, elle donnera à sa production la saveur de l’imagerie.
J. B.
➙ Inde / Thaïlande.
A. K. Coomaraswamy, Medieval Sinhalese Art (Broad Campden, 1908 ; 2e éd., New York, 1956). / S. Paranavitāna, The Stūpa in Ceylon (Colombo, 1946) ; Art and Architecture of Ceylon (Colombo, 1954). / D. T. Devendra, Classical Sinhalese Sculpture, c. 300 BC to 1 000 AD (Londres, 1958). / N. Wijesekera, Early Sinhalese Sculpture (Colombo, 1962). / H. Mode, Die buddistische Plastik auf Ceylon (Leipzig, 1963). / D. B. Dhanapala, Peintures de temples et de sanctuaires à Ceylan (Flammarion, 1964).