Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cancer (suite)

Cancer du sein

C’est, avec le cancer de l’utérus, la plus fréquente des néoplasies de la femme. Parmi les facteurs prédisposants, on peut retenir, outre l’âge, une ménopause tardive, la nulliparité, un poids et une taille élevés, un facteur génétique.

Le cancer du sein peut évoluer sous différents aspects, dont il faut individualiser la mastite aiguë carcinomateuse de la jeune accouchée, en raison de sa haute gravité, et l’épithélioma glandulaire, en raison de sa fréquence.

Il se révèle le plus souvent par une tuméfaction indolore, découverte par hasard, ou par un écoulement du mamelon, signes qui doivent immédiatement alerter la malade et le médecin et faire pratiquer un certain nombre d’examens complémentaires : mammographie, ponction, éventuellement examen de la sécrétion mammaire et surtout biopsie*, qui seule sera formelle. Une recherche de l’extension devra toujours être faite (atteinte bilatérale, ganglionnaire, métastatique osseuse et pulmonaire). De ses résultats vont dépendre pronostic et indications thérapeutiques.

Diagnostiqué et traité précocement, le pronostic du cancer du sein est bon puisque le taux de survie à 5 ans est de 70 à 90 p. 100 : il faut donc effectuer la biopsie avec examen histologique peropératoire de toute tumeur suspecte.


Cancers gynécologiques

Les cancers génitaux de la femme représentent environ 10 à 12 p. 100 de l’ensemble des cancers féminins. Ici, les facteurs prédisposants sont très différents selon qu’il s’agit d’un cancer du col de l’utérus, de très loin le plus fréquent, ou d’un cancer du corps.

Le cancer du col utérin surviendrait avec une particulière fréquence chez les femmes ayant eu des relations sexuelles précoces et nombreuses et de multiples grossesses, alors qu’il est exceptionnel chez les vierges. Ici, le rôle d’un virus type herpès contaminant le col lors du coït a été évoqué, mais il s’agit d’une simple hypothèse. Les contraceptifs hormonaux (la pilule), par contre, ne semblent pas devoir être mis en cause. Le cancer du col de l’utérus peut être dépisté à un stade infraclinique par des examens systématiques réguliers et des frottis vaginaux avec coloration de Papanicolaou. C’est ce que l’on appelle l’épithélioma in situ, ou intra-épithélial ; les cellules anormales n’ayant pas dépassé la couche basale, le taux de guérisons est alors de 100 p. 100. À un stade plus avancé, ce sont des hémorragies qui font découvrir la lésion indurée et saignant au contact. Un examen gynécologique complet doit être pratiqué avec inspection au spéculum, colposcopie avec test à l’iode, permettant d’individualiser une zone suspecte dépourvue de colorant et de faire une biopsie. La méthode de dépistage systématique par des examens réguliers et des frottis permet de découvrir des cancers latents dans une proportion non négligeable de cas et d’améliorer ainsi considérablement le pronostic.

Le cancer du corps utérin est plus rare, favorisé par l’obésité, l’hypertension, le diabète et la nulliparité ; le dépistage en est le même que pour le cancer du col.

Ces méthodes classiques sont insuffisantes dans le cancer de l’ovaire, de pronostic sévère. Des dosages hormonaux doivent être pratiqués pour dépister des tumeurs hypersécrétantes telles que le chorio-épithéliome, mais ne sont pas de pratique systématique.


Cancer du poumon

Le cancer du poumon est en voie d’extension constante depuis le début du siècle. Cette évolution est vraisemblablement en rapport avec l’augmentation de la pollution atmosphérique et de la consommation de tabac.

Le rôle de la pollution a été mis en évidence par la plus grande fréquence du cancer bronchique dans les villes et le rôle des hydrocarbures comme agents cancérigènes, surtout s’ils sont mélangés aux poussières. Mais le rôle essentiel doit être dévolu au tabac : en effet, 95 p. 100 des malades atteints de cancers bronchiques sont des fumeurs.

Le pronostic du cancer du poumon est très mauvais, puisque la survie à 5 ans ne dépasse pas 5 p. 100. Les signes d’alerte sont la plupart du temps banals en dehors de l’hémoptysie, et, le plus souvent, il s’agit d’un stade déjà évolué quand il est visible radiologiquement. Il peut alors s’agir d’opacité parenchymateuse localisée, d’atélectasies (opacité pulmonaire due à l’obstruction bronchique), de lésions cavitaires, qui doivent conduire à la bronchoscopie et à la biopsie de la lésion.

L’étude de la cytologie des crachats, qui seule pourrait fournir un élément de diagnostic précoce, est aléatoire, car elle n’est positive dans nombre de cas intéressants que lorsque le cancer est déjà très avancé.


Cancers digestifs

L’étude de la répartition géographique des cancers digestifs est intéressante, car celle-ci est loin d’être uniforme. C’est ainsi que le cancer buccal, rare aux États-Unis, est fréquent en Inde, et que le cancer de l’estomac provoque un taux de mortalité stable au Japon, alors qu’il diminue ailleurs. Le cancer primitif du foie est fréquent en Afrique et dans le Sud-Est asiatique ; ce pourrait être ici des facteurs alimentaires qui seraient en cause.

• Cancer de la cavité buccale. Il constitue selon les régions de 2 à 10 p. 100 des cancers. Il atteint la langue, le palais, le plancher de la bouche et les muqueuses gingivale, jugale ou labiale. Il s’agit le plus souvent d’épithéliomas spino-cellulaires dont le début est insidieux, car ils surviennent fréquemment sur des leucoplasies ou des ulcérations chroniques non douloureuses, connues de longue date, et qui n’inquiètent pas le malade. L’extension ganglionnaire est précoce en raison de la riche vascularisation lymphatique et assombrit le pronostic. C’est pourquoi l’on doit, pour faire à temps le diagnostic, procéder au moindre doute à une biopsie exérèse. Ici, le rôle de cancérigène serait joué par le tabac fumé ou chiqué, ou par certains aliments.