Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canada (suite)

Au total, la production minière atteint une valeur de 4 383 millions de dollars en 1973 (plus de 9 milliards avec les combustibles minéraux et les matériaux de construction). L’Ontario est au premier rang (un tiers en valeur) et le Québec au deuxième ; puis viennent Terre-Neuve (à cause du fer du Labrador), la Colombie, le Manitoba, la Saskatchewan, les Territoires du Nord-Ouest ; l’Alberta, au huitième rang, passerait au premier si l’on comptait les hydrocarbures. Le Canada occupe la première place dans le monde pour le nickel, le zinc, les platinides, l’amiante et la potasse, et la deuxième pour l’uranium, le cobalt, le titane, l’or, le cadmium, le molybdène, le soufre et le gypse.

Après concentration éventuelle (c’est le cas du cuivre et du minerai de fer, expédié pour moitié en boulettes à 65 p. 100 et de plus en plus en agglomérés à 93 p. 100), une partie des produits miniers sont affinés et fondus au Canada, mais la majeure partie de la production est exportée vers les États-Unis (minerai de fer, concentrés de cuivre, nickel), l’Europe (minerai de fer et non-ferreux) et le Japon (concentrés de cuivre).

Les États-Unis sont le principal client des mines canadiennes, client indispensable, mais dont la porte s’ouvre ou se ferme selon ses propres intérêts. Ainsi, le minerai de fer entre librement, mais les non-ferreux ne sont admis que dans la mesure où les États-Unis en manquent et à condition que leurs prix ne mettent pas en danger les mines américaines : si les prix canadiens tombent au-dessous d’un peril point, ils sont frappés d’une taxe compensatrice. Essentiellement exportatrice, l’industrie minière est soumise aux aléas de la conjoncture mondiale. Ainsi, la potasse est menacée par la surproduction nationale et étrangère. Les mines de cuivre ont été tour à tour très florissantes ou au bord de la faillite depuis trente ans ; elles ont été parfois sauvées par des grèves aux États-Unis ou au Chili. Les mines d’or, dont le profit est marginal, sont très sensibles au climat des places financières ; plusieurs dizaines ont fermé entre 1950 et 1960, laissant derrière elles des villes fantômes. Le sort des mines et des cités qui en vivent dépend donc d’une grève à l’étranger, ou d’une décision du Congrès, ou d’une spéculation boursière en Europe. Aussi, le gouvernement fédéral aide-t-il plus particulièrement les mines d’or à cause de leur rôle dans la balance des comptes.


Les sources d’énergie

Les ressources en houille blanche sont considérables : débits énormes, régimes pondérés par les lacs (Saint-Laurent, Outaouais) ou susceptibles d’être régularisés (par barrage de vallées ou d’émissaires de lacs), dénivellations très importantes. Mais les sites les plus riches en énergie sont souvent éloignés, ce qui pose des problèmes techniques : les lignes à 735 000 volts de Montréal à la Manicouagan franchissent des montagnes et de larges vallées sur 760 km ; celles de Montréal au Churchill traverseront un relief des plus hostiles. La rigueur du climat s’exprime en frais d’entretien coûteux (charge des fils, congélation des lubrifiants).

Les vallées proches des régions peuplées ont été les premières équipées : Saint-Laurent, qui développe 3 000 MW (Niagara, Beauharnois), Saint-Maurice, Outaouais, haut Saguenay (Shipshaw). Les fleuves de la Côte Nord sont le théâtre de grands travaux : la centrale de Manic 5 (sur la Manicouagan) est une des plus puissantes du monde (barrage haut de 225 m et long de 1 200 m ; lac de 2 100 km2 ; puissance de 3 700 MW). Les rivières des Prairies alimentent des centrales de basse chute, souvent associées à des entreprises d’irrigation. Le fleuve Columbia est en cours d’aménagement ; mais les travaux projetés opposent le Canada et les États-Unis.

Les plans actuels concernent des cours d’eau très puissants, mais éloignés : rivière de la Paix (Portage Mountain, en service), fleuve Churchill, Koksoak, Yukon.

La part des centrales thermiques n’a cessé de croître (2,4 p. 100 de l’électricité en 1946, 23 p. 100 en 1970), surtout en Ontario (charbon de Pennsylvanie) et dans les Prairies (lignite de Saskatchewan). La production totale d’électricité a atteint 280 TWh en 1974.

Le Québec, actuellement excédentaire, vend du courant à l’Ontario et aux États-Unis, mais il achètera la plus grande partie de l’énergie de Churchill Falls. Le taux de croissance de l’industrie canadienne laisse prévoir une disette d’électricité entre 1975 et 1980 ; d’où l’importance accordée aux centrales thermiques, qui permettent de parer au plus pressé.

Petit producteur d’hydrocarbures entre les deux guerres, le Canada se place aujourd’hui au troisième rang mondial pour le gaz naturel (91 milliards de m3) et au septième pour le pétrole (97 Mt). Le pétrole et le gaz sont extraits des sédiments du Crétacé inférieur et du Dévonien, tantôt profonds, tantôt proches de la surface à l’ouest et à l’est des Prairies. Après une exploitation éphémère en Ontario, les découvertes de Turner Valley en 1914 et de Norman Wells en 1920 marquent le début de la production. Avec la mise en exploitation des grands gisements pétrolifères de l’Alberta (Leduc, Redwater, Lloydminster) entre 1946 et 1950, la production passe de 0,9 à 3,3 Mt. Elle s’élève ensuite constamment par bonds, reflétant la mise en exploitation de nouveaux gisements : sud-est et sud-ouest de la Saskatchewan, sud-ouest du Manitoba, Petit Lac des Esclaves, rivière de la Paix et même, de nouveau, péninsule ontarienne. Les bassins les plus productifs en pétrole ou en gaz (ou mixtes) sont, outre les premiers grands gisements exploités, ceux du centre de l’Alberta (Pembina, Swan Hills, Viking-Kinsella, Provost, Cessford, Medicine Hat), du nord-est de la Colombie (Boundary Lake, Rigel, Laprise Creek), du sud de la Saskatchewan (Weyburn, Steelman, Carnduff, Hatton). En 1968, on a commencé à exploiter les sables bitumineux de l’Athabasca. Au total, l’Alberta vient en tête avec 80 p. 100 de la production du pétrole et 85 p. 100 de celle du gaz. Le deuxième rang est tenu par la Saskatchewan pour le pétrole et la Colombie pour le gaz naturel.