Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canada (suite)

L’exploitation forestière

La forêt de feuillus des Grands Lacs, la forêt mixte du Bouclier et la périphérie de la forêt acadienne sont réduites à l’état de petits massifs résiduels. La forêt commerciale comprend la forêt boréale (à laquelle on peut joindre la forêt acadienne) et les forêts de Colombie. Dans la forêt boréale, l’exploitation est traditionnellement liée aux bassins hydrographiques aboutissant aux côtes, au Saint-Laurent ou aux Grands Lacs : le bois peut être flotté jusqu’à leur débouché, où s’installent les scieries et les usines de pâte à papier, qui disposent ainsi d’une voie de navigation pour leurs expéditions. La forêt boréale et la forêt acadienne fournissent des bois durs pour le sciage, mais surtout des conifères (sapins, pins, épinettes, mélèzes) propres à la fabrication de la pâte. La forêt commerciale a finalement débordé sur le versant hudsonien (nord de l’Ontario et des Prairies) ; on a dû construire des routes pour rejoindre le versant laurentien ou le réseau principal des voies de communication.

En Colombie, on exploite la forêt des chaînes côtières et celle de l’intérieur lorsqu’elles sont accessibles à partir des fjords (certains pénètrent profondément). Les conifères géants (épinette d’Engelmann, sapin Douglas) donnent du bois de sciage, les autres essences du bois à pâte.

La forêt est divisée en limites concédées à de grandes sociétés propriétaires de scieries ou d’usines de pâte. Sur la côte pacifique, l’exploitation a été très tôt mécanisée à cause de la taille des arbres (voies ferrées et routes, radeaux remorqués des ports aux scieries). Dans la forêt boréale du versant laurentien, on est resté longtemps au stade artisanal avec des opérations saisonnières (coupe en hiver par suite des facilités de transport en traîneaux sur la neige : drave [flottage] à la fonte des neiges et des glaces de lac et de rivière). Dans les régions où la neige est insuffisante (Terre-Neuve) et dans celles qui sont drainées vers la baie d’Hudson (nord de l’Ontario), le flottage était impossible ; on employa plus tôt les grands moyens mécaniques et le transport par route. La mécanisation est générale aujourd’hui (la scie à main a disparu) ; la coupe et le transport ont lieu toute l’année ; le flottage se pratique encore lorsque le réseau hydrographique le permet et qu’il se révèle plus économique, mais le camionnage est de plus en plus utilisé ; le réseau des routes forestières s’étend sans cesse.


L’exploitation minière

Canada Unlimited, ce jeu de mots s’applique aux ressources minérales, considérées comme inépuisables. Celles-ci constituent un des piliers de l’économie canadienne : 22 p. 100 des dividendes des sociétés canadiennes, 20 p. 100 de la consommation de l’électricité, 44 p. 100 du fret des chemins de fer, 21 p. 100 des exportations (26 avec les hydrocarbures étudiés plus loin) proviennent de l’exploitation minière.

Après une période d’exploitation artisanale (fer, charbon, sel), la première génération de mines véritables date de la seconde moitié du xixe s. Trois foyers apparaissent alors et sont restés des régions minières importantes : les Cantons de l’Est (1877, amiante), le district de Sudbury (1883, cuivre et nickel, révélés par la construction du Canadien Pacifique ; 1909, fondation de l’International Nickel) et le sud de la Colombie (mines et fonderies de cuivre, de plomb, de zinc, d’or et d’argent à Trail, Rossland, Kimberley et Cranbrook ; expansion après la mise au point des techniques de séparation entre 1910 et 1920). Deux régions eurent une activité éphémère : le Yukon (ruée vers l’or au Klondike, 1896) et Terre-Neuve (mines de cuivre sur le littoral nord, de plomb-zinc-argent à Buchans ; une modeste production de minerai de fer dans l’île Bell a duré jusqu’en 1969).

À la deuxième génération minière (1900-1945) appartiennent la région de Cobalt (découverte d’argent en 1903) et les districts aurifères de Porcupine (or découvert en 1912), de Timmins, de Larder Lake, de Kirkland Lake, en Ontario, et de Rouyn-Noranda et de Val-d’Or, en Abitibi. De nouvelles mines s’ouvrent encore sur le Bouclier en Ontario (fer à Steep Rock, or à Red Lake), dans les Prairies (cuivre-zinc à Flin Flon) et les Territoires du Nord-Ouest (or à Yellowknife).

La troisième génération est le fruit d’une expansion sans précédent au Canada et sans équivalent ailleurs. Des campagnes audacieuses de prospection, des techniques nouvelles (cartographie aéromagnétique, utilisation de l’avion et de l’hélicoptère, nouveaux moyens de transport et de forage) hissent le Canada au premier ou au deuxième rang pour nombre de minéraux.

Le rôle capital du Bouclier s’affirme dans une expansion qui touche le nord du Manitoba (nickel à Lynn Lake et à Thompson), le nord-ouest de l’Ontario (or), le centre ontarien (uranium à Elliot Lake), les districts de Matagami (cuivre-zinc) et Chibougamau (cuivre). L’exploitation des gisements de fer du Labrador-Ungava est spectaculaire par les conditions climatiques de l’extraction, l’éloignement des lieux habités et le volume de la production : entre 1954 et 1962 s’ouvrent les mines de Schefferville et de Gagnon dans la partie québécoise, de Wabush et de Labrador City dans le secteur terre-neuvien ; reliées par rail à la côte nord (du Golfe), elles livrent 30 Mt aux ports miniers ; l’un d’eux, Sept-Iles, se hisse au deuxième rang des ports canadiens pour le tonnage. On assiste aussi à une résurrection minière de Terre-Neuve (cuivre et amiante sur les rives de la baie Blanche et de la baie Notre-Dame). La partie sédimentaire des Prairies entre en lice, non seulement avec l’extraction du pétrole, du gaz, de la houille et du sel, mais avec la potasse (Esterhazy, en Saskatchewan), dont la production, toute récente, a brusquement placé le Canada au premier rang (15 p. 100 de l’extraction mondiale). Depuis dix ans, les campagnes de prospection se multiplient dans l’extrême Nord, au Yukon et dans le nord de la Colombie (or, amiante), sur les rives de l’océan Glacial (cuivre à Coppermine et dans l’île Victoria) et de la baie d’Hudson (nickel à Rankin), dans le nord de la Saskatchewan (uranium) et de l’Ungava (nickel, amiante). En 1965, on a mis en exploitation un très riche gisement de plomb-zinc à Pine Point (Grand Lac des Esclaves).