Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Canada (suite)

Le gaz est toujours épuré à proximité des lieux de production. Une partie du pétrole est raffiné dans les Prairies (Edmonton, Winnipeg, Regina, Moose Jaw, Lloydminster, Calgary). Du pétrole brut est acheminé vers les raffineries de l’Ontario, du Midwest, de la région de Vancouver, du Washington. Les gazoducs alimentent Toronto, la Colombie et l’Ouest américain jusqu’à la Californie.

Le Canada importe aussi du brut d’Amérique latine pour les raffineries des Maritimes et du Québec (Montréal-Est). Les efforts des producteurs canadiens portent sur la suppression de cette concurrence.

Les exportations de pétrole et de gaz vers les États-Unis posent un problème dans les relations entre les deux pays. L’approvisionnement national étant insuffisant, l’industrie américaine a besoin d’une quantité croissante de gaz canadien ; mais le Canada entend lier ses ventes de gaz à des exportations parallèles de pétrole (qu’il produit en excédent), condition rejetée par les Américains, qui comptent sur les énormes réserves de la baie Prudhoe en Alaska.

Le Canada procède à une gigantesque campagne de prospection, qui couvre l’Ouest, l’archipel Arctique et les plates-formes sous-marines de Colombie, du golfe du Saint-Laurent, des bancs de Terre-Neuve et de Nouvelle-Écosse, de la baie d’Hudson.

Le charbon ayant perdu la plupart de ses usages, la production est tombée de 20 Mt en 1950 à 8 Mt en 1969. Le charbon des synclinaux carbonifères est extrait depuis longtemps dans les Maritimes (Sydney, Stellarton, Springhill). L’Alberta tire de niveaux crétacés des houilles grasses et subbitumineuses ; le lignite des couches éocènes est exploité à ciel ouvert en Saskatchewan. La production de charbon a été sauvée d’un arrêt définitif par le développement des centrales thermiques et par les exportations vers le Japon, pour lequel de nouveaux bassins ont été ouverts dans l’Ouest (achats prévus de 40 Mt de charbon à coke avant 1985). La production, en 1973, est remontée à plus de 17 Mt.


Industries et services

Environ 80 p. 100 de la population active sont engagés dans la transformation des ressources naturelles, la fabrication d’articles finis, la construction et les services, en particulier les transports.


Les industries

La structure de l’industrie s’est modifiée depuis le début du siècle et surtout depuis la dernière guerre sous l’influence de facteurs qui n’ont pas tous agi dans le même sens.

L’abondance des ressources forestières explique l’importance permanente des industries du bois : bois d’œuvre au xixe s., pâte et papier aujourd’hui. Les richesses hydrauliques ont été un facteur décisif dans les progrès de l’industrie des pâtes et papiers et de l’électrométallurgie (cuivre, aluminium). Les deux guerres ont stimulé les industries alimentaires, textiles, mécaniques et chimiques en faisant du Canada une base de ravitaillement et d’équipement ainsi qu’un arsenal. L’élargissement du marché intérieur est un autre facteur positif ; la population a doublé depuis 1930 ; l’obstacle des distances est compensé par la concentration urbaine et le fait que 12 millions de consommateurs à niveau de vie élevé sont rassemblés dans la région des Grands Lacs inférieurs-Saint-Laurent. La diversification de l’industrie et sa promotion récente dans les secteurs nobles résultent de la concentration urbaine.

La proximité des États-Unis a joué diversement dans l’évolution de la structure industrielle. Les Américains ont fourni technologie, techniciens et capitaux. Nombre de sociétés canadiennes sont des filiales de firmes américaines. Les investissements américains dominent l’automobile (95 p. 100), le caoutchouc (90 p. 100), le pétrole et le gaz naturel (70 p. 100), la construction électrique (65 p. 100), la chimie, les mines, et sont présents dans les pâtes et papiers et la fabrication de l’aluminium. L’avantage de ces participations est d’apporter le know how américain et de créer des emplois. L’inconvénient est que la politique industrielle dépend moins du Canada que des intérêts américains (on l’a vu à propos des mines). L’industrie canadienne s’étant développée à l’abri d’une barrière tarifaire, investir dans cette industrie était le meilleur moyen pour le capital américain de pénétrer sur ce marché protégé.

L’existence de tarifs protégeant les marchés étrangers a pesé, et pèse encore, sur l’évolution de la structure industrielle en ralentissant le développement des industries avancées ; c’est l’élargissement du marché intérieur qui a permis à ces dernières de progresser aux dépens des industries de première transformation et des industries secondaires traditionnelles. Aussi, la structure des exportations ne reflète-t-elle pas la structure industrielle actuelle, car les premières places sont encore tenues par des produits bruts ou peu élaborés, tels que denrées alimentaires, métaux non ferreux, pâtes et papiers, minerai de fer, hydrocarbures.

La plupart des industries alimentaires sont dispersées sur les lieux de production ou groupées dans les centres de consommation et de redistribution : conserveries de fruits (vallée d’Okanagan, île de Vancouver, péninsule ontarienne [notamment la région de Niagara], Toronto, Hamilton, Montréal, vallée d’Annapolis) ; préparation et conserverie des poissons, des huîtres et des homards (ports de pêche) ; abattage et préparation de la viande (villes des Prairies et du sud-ouest de l’Ontario, et surtout Toronto, Montréal, Winnipeg et Vancouver) ; laiteries, beurreries et fromageries (Ontario et surtout Cantons de l’Est, vallée du Saint-Laurent et lac Saint-Jean). La meunerie est localisée dans les Prairies et dans les ports de transit du blé (Sault-Sainte-Marie), qui sont souvent aussi des centres de consommation (Toronto, Montréal, Vancouver).

Les industries du bois, les plus anciennes du Canada, comprennent aujourd’hui le sciage et la papeterie. À côté d’une multitude de petites scieries réparties aux confins des terres habitées et de la forêt, il y a de grandes usines dans la forêt boréale (Abitibi et nord de l’Ontario) et surtout en Colombie (embouchure du Fraser, île de Vancouver), où sont les plus beaux peuplements. Les fabriques de pâte et de papier sont situées près de chutes et de rapides, sur le cours inférieur des rivières dont le bassin fournit le bois flotté et, si possible, sur une grande voie de commerce : les usines du littoral de la Colombie britannique et de l’île de Vancouver, de l’embouchure du Saint-Maurice, du Saguenay, des côtes acadiennes et de Terre-Neuve cumulent ces trois avantages ; d’autres sont placées sur une route maritime et à proximité des grandes forêts (Lakehead) ou d’une source d’énergie (Niagara). La Colombie produit plus de bois scié que de pâte et de papier ; le Québec dépasse l’Ontario pour les pâtes et les papiers.