Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

Calcutta (suite)

Calcutta est enfin une capitale économique et culturelle. C’est le premier centre bancaire de l’Inde, et beaucoup de sièges sociaux s’y trouvent. En particulier, c’est à Calcutta qu’on trouve le plus grand nombre de ces sociétés de gérance qui ont joué un rôle particulièrement important dans les plantations de thé de l’Assam et du Bengale. Les activités de service sont rassemblées essentiellement dans la ville de Calcutta, où elles fournissent des emplois à 800 000 personnes, contre 300 000 dans l’industrie (celle-ci étant beaucoup plus dispersée dans l’ensemble de l’agglomération).


La structure de l’agglomération

Dans ses grandes lignes, elle est relativement simple. Au sud se trouvent les grandes villes de Calcutta (3 millions d’habitants), sur la rive orientale de l’Hooghly, et de Howrah (510 000 hab.), sur la rive occidentale. Au nord, une conurbation linéaire prolonge l’ensemble urbain sur une cinquantaine de kilomètres, sur les deux rives de l’Hooghly. La population totale atteint 7 millions d’habitants. L’industrie est également répartie en trois groupes : un tiers des emplois à Calcutta, un tiers à Howrah, un tiers dans le reste du district métropolitain.

• La ville de Calcutta. Le centre est groupé autour d’un énorme espace vide, le Maidan, au milieu duquel se trouve le vieux fort William. Il s’agit d’un vide prévu pour ne pas gêner le tir du fort et qui a été conservé sous forme d’un jardin public, grand lieu de réunion et de spectacle.

Au sud et à l’est du Maidan se trouvent le quartier administratif et des ensembles résidentiels de haut niveau social. Commerces de luxe et hôtels se concentrent sur la bordure de ces quartiers. Au nord du Maidan, c’est le centre d’affaires, qui a deux aspects très différents : en bordure du Maidan sont rassemblées les affaires internationales (dans de grands bâtiments néo-classiques ou néo-gothiques, on trouve les sièges sociaux, les banques, etc.) ; puis, très vite, vers le nord, on passe à la « ville des affaires indiennes » (petits commerces, artisanat, encore beaucoup de bureaux coexistent avec de nombreux logements dans les immeubles de 4 ou 5 étages de « type indien », avec balcons de bois), très densément peuplée (plus de 1 875 hab. à l’hectare).

Tout autour du centre se trouve un conglomérat complexe de quartiers assez variés. On peut y distinguer de très grands ensembles résidentiels, moins élevés que dans le centre (la densité est plus faible, de 625 à 1 250 hab. à l’hectare), mais le surpeuplement des logements y est plus important. Les maisons en dur de type urbain y alternent avec des constructions en pisé, qui représentent plus du quart des immeubles et plus de 35 p. 100 dans certains quartiers. C’est là que se trouvent les « bustees », alignements de taudis mal équipés, qui représentent le douzième de la superficie de la ville et groupent 20 p. 100 de sa population. Cet ensemble oriental est traversé par un axe de quartiers industriels le long de la voie ferrée, qui forme une boucle à l’est de la ville.

• Howrah a une structure plus simple. La ville doit son importance au fait que les lignes de chemin de fer venant de l’ouest n’atteignent pas Calcutta (l’Hooghly n’est franchi que par un pont routier, achevé en 1943 seulement). La gare est donc le premier centre de développement de Howrah. Une bande de quartiers industriels le long de l’Hooghly et un ensemble résidentiel souvent assez misérable à l’intérieur forment la base de l’organisation urbaine.

• L’agglomération linéaire le long de l’Hooghly. Elle forme une frange urbanisée de 2 à 3 km de large de part et d’autre du cours d’eau. On y recense 67 villes, dont 7 de plus de 100 000 habitants et 8 de 50 000 à 100 000 habitants. Beaucoup d’entre elles sont très industrielles, tel Titagarh, avec ses 34 000 actifs, dont 25 000 dans l’industrie (21 000 dans les seules usines de jute).

Calcutta et son agglomération connaissent des problèmes graves. Le développement de l’activité n’a pas été parallèle à la croissance démographique ; les équipements publics ne satisfont pas les besoins. À bien des égards, Calcutta est une capitale de la misère. Le chômage y est très important, ainsi que le sous-emploi ; beaucoup d’activités qui ont fait la puissance de la ville sont en difficulté (comme l’industrie du jute et le port) ; le surpeuplement des habitations y atteint des proportions effrayantes (dans 80 p. 100 des immeubles, on recenserait de 3 à 4 personnes par pièce) ; la circulation, la distribution de l’eau et de l’électricité y restent difficiles et insuffisantes. Un plan d’aménagement a montré l’ampleur de l’effort à faire pour créer des emplois, rénover ou détruire les taudis. Il paraît difficile d’y consacrer les investissements nécessaires.

F. D.-D.

➙ Bengale.

Calder (Alexander)

Sculpteur américain (Philadelphie 1898).


Il a introduit dans la sculpture moderne, grâce à ses mobiles, une complicité inattendue avec le vent, les oiseaux, les feuilles des arbres, les nuages, la tempête.


Un prodigieux bricoleur

Après des études d’ingénieur (1915-1919), il suit des cours de dessin dans une école du soir tout en pratiquant pour vivre divers métiers, puis, en 1923, il s’inscrit à l’Art Students League de New York. Il dessine avec une sorte de fureur, dans le métro comme au cirque Barnum, et acquiert une aisance dans l’arabesque qui lui permettra bientôt de transposer son dessin dans le fil de fer, en des sortes de caricatures à trois dimensions (Joséphine Baker). C’est à Paris, en 1926, qu’il développe ses recherches en ce sens, en même temps qu’il construit les personnages cocasses et animés de son Cirque miniature, qui fera peu après les beaux soirs de Montparnasse. La faculté de transposer un graphisme dans les trois dimensions, la volonté de s’approprier le mouvement : Calder est là tout entier. Mais son expression en est encore au stade du gag et du jouet, ce dont il se persuade au contact de quelques-uns de ses nouveaux amis parisiens : Arp*, Miró*, Mondrian*. L’influence de ce dernier se traduit en 1931 par des constructions abstraites, assemblages de fils de fer et de surfaces géométriques : le bricoleur inspiré a fait place à l’artiste, qui ne tardera pas à trouver sa voie propre.